Certains libéraux expliquent que la principale cause de la crise financière actuelle est la gestion de la monnaie par les états (qui, là aussi, se sont arrogé un monopole, alors que cette activité devrait relever du privé).
Un article récent de Bogdan Calinescu, sur le site de l'ALEPS, aborde cette question à l'occasion d'un commentaire sur la publication récente de "La monnaie et le gouvernement" aux éditions Charles Coquelin. Je le reproduis ci-dessous.
Les plus curieux trouveront - en anglais seulement, hélas - des explications complémentaires sur le site de l'Institut Mises.
CRISE : LES AVERTISSEMENTS DES LIBERAUX
|
||
|
Pour comprendre la crise financière actuelle, il suffit de lire ou de relire l’ouvrage de Murray N. Rothbard, La monnaie et le gouvernement, publié par le prestigieux Institut Charles Coquelin sous la direction de l’infatigable et tellement utile, Philippe Nataf. |
|
Hayek l’avait prévue, Milton Friedman ne cessait de mettre en garde tout le monde et Rothbard l’a parfaitement décrite. Il s’agit, vous l’avez compris, de la crise financière actuelle. Car, en dépit des accusations incessantes proférées du matin au soir et dans tous les médias par nos « spécialistes » et autres « économistes », la crise est d’origine interventionniste. Ce n’est pas la faute du capitalisme mais de l’intervention de l’Etat dans la politique monétaire. Voici donc ce qu’écrivait Rothbard au milieu des années 1960 dans cet ouvrage limpide consacré pourtant à un sujet ardu.
Sur la création de la monnaie. « Le développement cumulatif d’un intermédiaire dans l’échange sur le libre marché, est la seule façon dont la monnaie peut s’établir. La monnaie ne peut émerger d’aucune autre façon, ni par l’intermédiaire de quelqu’un qui déciderait soudainement de créer la monnaie à partir d’une matière inutile, ni par un gouvernement appelant des morceaux de papier de la « monnaie ». Le gouvernement est impuissant à créer de la monnaie pour l’économie ; elle peut simplement être créée par le processus du marché libre. La monnaie est une marchandise. La monnaie n’est pas une unité de compte abstraite séparable d’un bien concret, ce n’est pas un jeton inutile mais un bien pour l’échange ; ce n’est pas une créance pour la société ; ce n’est pas une garantie d’un niveau fixe des prix. C’est simplement une marchandise. Comme tous les autres marchandises, son « prix » est déterminé par l’interaction de son offre totale, ou stock, et la demande totale des gens pour l’acheter et la détenir (Les gens « achètent » de la monnaie en vendant leurs biens et services, tout comme ils « vendent » la monnaie quand ils achètent des biens et services).
Sur le rôle de la monnaie. « La monnaie n’est qu’un intermédiaire dans l’échange. Il est important de réaliser que la monnaie ne peut pas être une unité de compte abstraite ou une revendication, sauf dans la mesure où elle sert d’intermédiaire dans les échanges ».
Sur le prix de la monnaie. « Qu’est-ce qui détermine le prix de la monnaie ? Les mêmes forces qui déterminent tous les prix sur le marché – cette loi vénérable mais éternellement vraie « de l’offre et la demande ». Une augmentation dans l’offre de la monnaie tendra à faire baisser son « prix » ; une diminution tendra à l’élever. La détermination de l’offre de monnaie, comme de tous les autres biens, est meilleure quand elle est laissée au marché libre. A côté des avantages moraux et éthiques généraux de la liberté sur la coercition, aucune quantité dictée de monnaie ne fera un meilleur travail, et le marché libre établira la production d’or en accord avec sa relative capacité à satisfaire les besoins des consommateurs, en comparaison avec tous les autres biens de production ».
Sur les banques centrales. « Une banque centrale atteint sa position dominante par son monopole d’émission des billets accordé par le gouvernement. Le fait d’établir une banque centrale multiplie énormément le potentiel inflationniste du pays. Les gens croient que la monnaie doit être sous le contrôle strict du gouvernement. Mais la monnaie est l’âme de l’économie ; elle est l’intermédiaire de toutes les transactions. Pendant des siècles, l’Etat a progressivement envahi le marché et saisi le contrôle complet du système monétaire. Nous avons vu que chaque nouveau contrôle, parfois apparemment inoffensif, a engendré de nouveaux contrôles supplémentaires. Nous avons vu que les gouvernements sont fondamentalement inflationnistes, puisque l’inflation est un moyen tentant d’acquérir un revenu pour l’Etat et ses groupes de privilégiés. La lente mais certaine prise en main des rênes monétaires a été alors utilisée pour créer de l’inflation dans l’économie et opérer une direction socialiste de l’ensemble de l’économie. En outre, le gouvernement intervenant dans la monnaie a non seulement amené une tyrannie immense dans le monde ; il a aussi apporté le chaos et non pas l’ordre. »
Sur la frappe privée de la monnaie. « Comment la frappe privée de monnaie fonctionnerait-elle ? De la même façon, comme nous l’avons dit, que n’importe quel autre commerce. Chaque émetteur de monnaie produirait toute taille ou forme de pièce qui est la plus commode pour ses clients. Le prix serait établi par une libre concurrence sur le marché. Malgré le harcèlement sans fin par les gouvernements, les monnaies privées ont prospéré plusieurs fois dans l’histoire. Ce qui est conforme à la règle que toutes les innovations viennent des hommes libres et pas de l’Etat ; les premières pièces furent frappées par les individus et des orfèvres privés. La liberté peut faire fonctionner un système monétaire aussi superbement qu’elle fait fonctionner le reste de l’économie. Contrairement à ce qu’affirment beaucoup d’auteurs, il n’y a rien de spécial à propos de la monnaie qui requière une gestion gouvernementale extensive. Ici aussi, les hommes libres satisferont au mieux et le plus tranquillement tous leurs besoins économiques. Pour la monnaie comme pour toutes les autres activités de l’homme, « la liberté est la mère, et pas la fille, de l’ordre ». Elémentaire….
Bogdan Calinescu |