5 novembre 2008
3
05
/11
/novembre
/2008
22:31
Je viens de prendre connaissance, sur le site
du Réseau Liberté, d'un article, fort intéressant, de Jacques de Guenin, Président du Cercle Frédéric Bastiat. Alors que vont se dérouler de nouvelles grèves à la SNCF, je recommande la lecture de cet article,
reproduit ci-après.
|
Depuis plusieurs années la SNCF annonce un profit, avec pour résultat immédiat que les syndicats revendiquent leur
part…et l'obtiennent. Or le Chemin de fer en France coûte plus de douze milliards par an au contribuable, soit autant chaque année que la faillite du Crédit Lyonnais et les plus grands
responsables de ces pertes abyssales sont précisément les syndicats, qui s'opposent à tout progrès de productivité au moyen de grèves, accroissant ainsi encore plus les pertes de la
nation. Mais le plus grave, c'est que l'État trompe délibérément le public en transformant en profit cette perte abyssale par des artifices comptables qui enverraient en prison les
dirigeants d'entreprise privée. Le plus stupéfiant, c'est que pas un journaliste ne relève cette escroquerie au moment où la SNCF publie ses comptes.
Les quelques lignes qui suivent vous permettront de comprendre les comptes réels du chemin de fer. Ce sont ces quelques lignes que la SNCF devrait faire parvenir chaque année à la presse si elle était honnête, ou à défaut que des journalistes dignes de ce nom devraient utiliser pour décoder les annonces de la SNCF. En 2006, le Chemin de fer français a dépensé 21,4 milliards d'euros et ses recettes réelles (essentiellement les sommes en provenance des voyageurs et du fret) ont totalisé 9,2 milliards. La différence, soit 12,2 milliards, provient donc des contribuables et cette somme ne fait qu'augmenter chaque année. Mais la SNCF n'est plus stricto sensu le Chemin de Fer français. En 1997, le chemin de fer a été divisé en deux sociétés distinctes : la SNCF, et le Réseau Ferré de France (RFF). La propriété et la gestion des voies a été transférée à RFF afin de permettre l'utilisation du réseau par d'autres sociétés. Pour faire avaler la pilule aux syndicats, l'État a transféré 20,5 milliards de dettes de la SNCF à RFF. Mais la pilule restant encore trop amère pour les syndicats, notre courageux pouvoir politique a maintenu à la SNCF tout le personnel de gestion et d'entretien des voies! Ainsi RFF rémunère la SNCF pour la gestion et l'entretien des voies et lui facture l'utilisation des mêmes voies, rendant ainsi à peu près impossible tout progrès de productivité. Jamais un groupe privé n'aurait mis en œuvre une solution pareille, superbe exemple de ce qui advient lorsque les politiques veulent intervenir dans l'économie. L'État a procédé à un autre allégement des pertes de la SNCF en prenant en charge une partie supplémentaire de sa dette par la création d'un "Service annexe d'amortissement de la dette de la SNCF" (SAAD), qui a repris 5,8 milliards d'euros en 1991, 4,3 milliards en 1997 et 0,6 milliards en 1999! Qu'est-ce qu'il résulte de ces allègements pour les comptes de la nouvelle société SNCF? Les recettes proprement dites (hors redevance de RFF) sont toujours de 9,2 milliards, mais les dépenses d'exploitation (hors frais financiers et redevance à RFF) sont encore de 14 milliards! Alors comment la SNCF peut-elle afficher des profits? En intégrant dans le chiffre d'affaire les subventions que lui versent l'État et les Régions afin de couvrir son déficit! C'est très simple mais scandaleux du point de vue comptable. L'auteur de cet article aime beaucoup les trains et les gares. Il rend volontiers hommage à l'amélioration constante de leurs performances et de leur confort. Chaque fois qu'il a le choix entre le train et la voiture, il prend le train…tout au moins lorsqu'il n'en est pas empêché par une grève nationale ou locale, ce qui lui arrive plusieurs fois par an. Mais cela lui donne l'occasion d'observer la faible productivité de l'organisation à de nombreux niveaux. Il n'est donc pas étonné que le chemin de fer coûte aussi cher au contribuable. Il s'étonne seulement que les pouvoirs publics et la direction préfèrent dissimuler ces coûts au public plutôt que de puiser auprès de lui le courage d'affronter les syndicats pour imposer des améliorations. |
Jacques de Guenin Président du Cercle Frédéric Bastiat |