Je
suis, chaque dimanche, impressionné par la qualité des commentaires de Marie-Noëlle Thabut sur les textes que nous propose la liturgie du jour.
Ces commentaires, trouvés sur le site "Eglise catholique en France", permettent à toute personne de bonne volonté, chrétienne ou non, de mieux comprendre la Bible, le livre le plus diffusé au monde. Notamment, en
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donnant des explications historiques ;
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donnant le sens passé de certains mots ou expressions dont la signification a parfois changé depuis ou peut être mal comprise (aujourd'hui, "" ; je consacre une page de mon blog à recenser tous ces mots ou expressions) ;
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décodant le langage imagé utilisé par l'auteur.
Je souhaite arriver à mettre ici, chaque dimanche, les commentaires de Marie-Noëlle Thabut. Ma seule contribution consiste à surligner les passages que je trouve les plus enrichissants et à écrire en rouge ceux qui parlent d'un thème qui m'est cher : la liberté (trois autres pages de mon blog sont consacrées à ces passages des Evangiles, du reste du Nouveau Testament ou de l'Ancien Testament qui parlent de la liberté)
Version audio, trouvée sur le site de Radio-Notre-Dame
PREMIERE LECTURE Apocalypse 11, 19a ; 12, 1-6a. 10ab
11,19 Le Temple qui est dans le ciel s'ouvrit,et l'Arche d'Alliance du Seigneur
apparut dans son Temple.
12, 1 Un signe grandiose apparut dans le ciel :
une femme,
ayant le soleil pour manteau,
la lune sous les pieds,
et sur la tête une couronne de douze étoiles.
2 Elle était enceinte et elle criait,
torturée par les douleurs de l'enfantement.
3 Un autre signe apparut dans le ciel :
un énorme dragon rouge-feu,
avec sept têtes et dix cornes,
et sur chaque tête un diadème ;
4 Sa queue balayait le tiers des étoiles du ciel,
et les précipita sur la terre.
Le dragon se tenait devant la femme qui allait enfanter,
afin de dévorer l'enfant dès sa naissance.
5 Or, la femme mit au monde un fils, un enfant mâle,
celui qui sera le berger de toutes les nations,
les menant avec un sceptre de fer.
L'enfant fut enlevé auprès de Dieu et de son trône,
6 et la femme s'enfuit au désert,
où Dieu lui a préparé une place.
10 Alors j'entendis dans le ciel une voix puissante,
qui proclamait :
« Voici maintenant le salut,
la puissance et la royauté de notre Dieu,
et le pouvoir de son Christ ! »
Pour exprimer ce message de victoire, comme dans tous les textes de l'Apocalypse, Saint Jean emploie de nombreuses images : nous avons vu successivement l'Arche d'Alliance, et trois personnages : la femme, le dragon, puis le nouveau-né. Je reprends successivement ces images, l'une après l'autre.
L'Arche d'Alliance, pour commencer, est un rappel de cette fameuse arche, le coffret de bois doré qui accompagnait le peuple pendant l'Exode au Sinaï et rappelait sans cesse au peuple d'Israël l'Alliance que Dieu avait conclue avec lui. A l'époque où Jean écrivait, il y avait des siècles que cette arche était perdue : elle a disparu, on ne sait comment, au moment de l'Exil à Babylone et l'on racontait que Jérémie l'avait mise à l'abri en la cachant quelque part au Mont Nebo (2 M 2, 8) ; on croyait généralement qu'elle réapparaîtrait au moment de la venue du Messie ; or Jean la voit réapparaître : « Le Temple qui est dans le ciel s'ouvrit, et l'Arche d'Alliance du Seigneur apparut dans son Temple. » (11, 19). Pour lui, c'est le signe que la fin des temps est arrivée : l'Alliance éternelle de Dieu avec l'humanité est enfin définitivement accomplie.
Puis apparaît, toujours dans le ciel, « une femme ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle était enceinte et elle criait, torturée par les douleurs de l'enfantement. » On se demande aussitôt qui représente cette femme : là encore c'est l'Ancien Testament qui nous donne la clé ; car souvent, les relations entre Dieu et Israël, son peuple choisi, sont décrites en termes de noces. Chez Osée par exemple : « Je te fiancerai à moi pour toujours, je te fiancerai à moi par la justice et le droit, l'amour et la tendresse. Je te fiancerai à moi par la fidélité et tu connaîtras le Seigneur. » (Os 2, 21 - 22). Et Isaïe développe ce thème des noces pour aller jusqu'à présenter la venue du Messie comme un enfantement ; car c'est d'Israël que doit naître le Messie : « Avant d'être en travail, elle a enfanté, avant que lui viennent les douleurs, elle s'est libérée d'un garçon. Qui a jamais entendu chose pareille ? Qui a jamais vu semblable chose ? Un pays est-il mis au monde en un seul jour ? Une nation est-elle enfantée en une seule fois, pour qu'à peine en travail Sion ait enfanté ses fils ? » (Is 66, 7-8). Dans cette ligne, la femme décrite dans l'Apocalypse désigne donc le peuple élu qui engendre le Messie ; enfantement ô combien douloureux pour les disciples du Christ affrontés à la persécution ; mais Jean vient leur dire justement : vous êtes en train d'enfanter l'humanité nouvelle.
Le second personnage est le dragon posté « devant la femme afin de dévorer l'enfant dès sa naissance. » C'est dire le combat des forces du mal contre le projet de Dieu. Pour les chrétiens persécutés auxquels s'adresse l'Apocalypse, le mot « dragon » n'est pas trop fort. Et la description impressionnante dit la violence à laquelle ils sont affrontés : le dragon est « énorme... rouge-feu, avec sept têtes et dix cornes, et sur chaque tête un diadème » : la tête et les cornes disent l'intelligence et la force, le diadème désigne le pouvoir impérial, c'est dire sa réelle capacité de nuire. Et d'ailleurs, il parvient à balayer « le tiers des étoiles du ciel, et à les précipiter sur la terre. » Mais ce n'est que le tiers des étoiles, justement, ce n'est donc qu'un semblant de victoire et la suite du texte va nous dire que ce pouvoir du mal n'est que provisoire.
Voici l'enfant maintenant : « La femme mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les menant avec un sceptre de fer. » Pour les lecteurs de Jean, il désigne évidemment le Messie ; car Jean fait allusion ici à une phrase du psaume 2 qui concernait le Messie : « Le Seigneur m'a dit : Tu es mon fils ; moi, aujourd'hui, je t'ai engendré. Demande-moi, et je te donne les nations en héritage, en propriété les extrémités de la terre. Tu les écraseras avec un sceptre de fer. » (Ps 2, 7-9). Le terme de berger était également classique pour parler du Messie.
L'image suivante est celle de l'enlèvement de l'enfant « auprès de Dieu et de son trône » : elle symbolise la Résurrection du Christ ; là encore, c'était très clair pour les premiers Chrétiens habitués à parler de lui comme le « Premier-Né » désormais assis à la droite de Dieu ; mais son peuple, lui, demeure dans le monde ; comme le dit Jésus dans l'Evangile de Jean « Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux restent dans le monde, tandis que moi je vais à toi. » (Jn 17, 11). Un monde difficile, mais où ils sont assurés de la protection de Dieu, c'est le sens du désert qui est encore un rappel de l'Exode au cours duquel Dieu n'a cessé de prendre soin de son peuple. Que les croyants se rassurent donc, si le dragon a échoué dans le ciel, il ne peut réussir sur la terre.
Aux premiers chrétiens enfantant l'humanité nouvelle dans la douleur de la persécution, l'Apocalypse vient donc annoncer la victoire : « Voici maintenant (depuis la résurrection du Messie) le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ ! »
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Compléments
- La lecture liturgique ne propose pas la fin de 11, 19, mais il vaut la peine de le lire : la mise en scène de ce verset (éclairs, voix, tonnerre, tremblement de terre) nous reporte bien au temps de la conclusion de l'Alliance au Sinaï. « Alors il y eut des éclairs, des voix, des tonnerres, un tremblement de terre et une forte grêle » (Ap 11, 19 à comparer avec « Le troisième jour, quand vint le matin, il y eut des voix, des éclairs, une nuée pesant sur la montagne et la voix d'un cor très puissant » (Ex 19, 16).
- Comme on le sait, l'Apocalypse s'adresse à des chrétiens persécutés pour les soutenir dans leur épreuve : son contenu, de bout en bout, est donc un message de victoire ; mais tout est codé, à nous de le décrypter. Ici, dès les premiers mots, l'auteur affirme que le dragon ne pourra faire échec au salut de Dieu.
- A propos du sceptre de fer du Messie, il faut relire également la prophétie de Balaam (Nb 24, 17).
- Une relecture chrétienne postérieure a parfois appliqué cette vision à la Vierge Marie, mais ce n'est certainement pas l'intention de l'auteur. La liturgie chrétienne nous donne à lire cette vision pour la fête de l'Assomption de la Vierge parce que celle-ci peut être considérée comme la première bénéficiaire du triomphe du Christ.
- On peut évidemment rapprocher le combat du dragon contre la femme du récit de la Genèse : « Je mettrai l'hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance. Celle-ci te meurtrira à la tête et toi tu la meurtriras au talon. » (Gn 3, 15).
- Ce texte nous propose une très belle définition du salut = la puissance et la royauté de notre Dieu (Ap 12, 10).
PSAUME 44 ( 45 ), 11-16
oublie ton peuple et la maison de ton père :
12 le roi sera séduit par ta beauté.
Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
13 Alors, fille de Tyr, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.
14 Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d'étoffes d'or ;
15 on la conduit, toute parée, vers le roi.
des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
16 on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.
La seconde partie du psaume, celle que nous chantons ce dimanche, pour la fête de l'Assomption, s'adresse à la jeune princesse qui va devenir l'épouse du roi. A un premier niveau, ce psaume semble donc décrire des noces royales : le roi d'Israël s'unit à une princesse étrangère pour sceller l'alliance entre deux peuples. Et, bien sûr, en Israël comme ailleurs, c'était un cas de figure classique. Tout au long de l'histoire des hommes, on a pu voir des alliances entre états scellées par des mariages.
Mais, la religion d'Israël étant l'Alliance exclusive avec le Dieu unique, toute jeune fille étrangère devenant reine de Jérusalem devait accepter une contrainte particulière, celle d'épouser également la religion du roi. Concrètement, dans ce psaume, la princesse qui vient de Tyr, nous dit-on, et est introduite à la cour du roi d'Israël, devra renoncer à ses pratiques idolâtriques pour être digne de son nouveau peuple et de son roi : « Ecoute, ma fille, regarde et tends l'oreille ; oublie ton peuple et la maison de ton père. » On sait bien, par exemple, que ce fut un problème crucial à l'époque du roi Salomon qui avait épousé des étrangères, donc des païennes ; puis plus tard, au temps du roi Achab et de la reine Jézabel : on se souvient du grand combat engagé par le prophète Elie contre les nombreux prêtres et prophètes de Baal que la reine Jézabel avaient amenés avec elle à la cour de Samarie..
Bien sûr, pour qui sait lire entre les lignes, ces conseils donnés à la princesse de Tyr s'adressent en réalité à Israël ; l'époux royal décrit dans ce psaume n'est autre que Dieu lui-même et cette « fille de roi, conduite toute parée vers son époux », c'est le peuple d'Israël admis dans l'intimité de son Dieu.
Une fois de plus, on est impressionné de l'audace des auteurs de l'Ancien Testament pour décrire la relation entre Dieu et son peuple, et, à travers lui, toute l'humanité. C'est le prophète Osée qui, le premier, a comparé le peuple d'Israël à une épouse : « Je vais la séduire, je la conduirai au désert et je parlerai à son coeur... Elle répondra comme au temps de sa jeunesse, au jour où elle monta du pays d'Egypte. Et il adviendra en ces jours-là - oracle du Seigneur - que tu m'appelleras mon mari. » (Os 2, 16... 18). A sa suite Jérémie, Ezéchiel, le deuxième et le troisième Isaïe ont développé ce thème des noces entre Dieu et son peuple ; et on retrouve chez eux tout le vocabulaire des fiançailles et des noces : les noms tendres, la robe nuptiale, la couronne de mariée, la fidélité ; par exemple « Ainsi parle le Seigneur : je te rappelle ton attachement du temps de ta jeunesse, ton amour de jeune mariée ; tu me suivais au désert. » (Jr 2, 2). « De l'enthousiasme du fiancé pour sa promise, ton Dieu sera enthousiasmé pour toi. » (Is 62, 5).
Quant au Cantique des Cantiques, long dialogue amoureux, composé de sept poèmes, nulle part il n'identifie les deux amoureux qui s'y expriment ; mais les Juifs l'ont toujours lu comme le dialogue entre Dieu et son peuple ; la preuve, c'est qu'ils le lisent tout spécialement pendant la célébration de la Pâque, la grande fête de l'Alliance de Dieu avec Israël. Pour être précis, ils le lisent au cours du sabbat qui a lieu pendant la semaine de la célébration de leur Pâque qui dure une semaine.
Malheureusement, cette épouse, trop humaine, fut souvent infidèle, traduisez idolâtre, et ces mêmes prophètes traiteront d'adultères les infidélités du peuple, c'est-à-dire ses retombées dans l'idolâtrie. Le vocabulaire alors parle de jalousie, adultère, et aussi de retrouvailles et de pardon, car Dieu est toujours fidèle. Isaïe, par exemple, parle des errements d'Israël en termes de déception amoureuse. C'est le fameux chant de la vigne : « Je chanterai pour mon ami le chant du bien-aimé à sa vigne. Mon ami avait une vigne sur un coteau plantureux. Il en attendait de beaux raisins, mais elle en donna de mauvais... La vigne du Seigneur, c'est la maison d'Israël, le plant qu'il chérissait, ce sont les hommes de Juda. Il en attendait le droit, et voici l'iniquité... » (Is 5, 1... 7). Et le prophète Osée, visant les cultes idolâtriques, traite Israël de prostituée.
Mais sans cesse, Dieu promet la réconciliation : « Ne crains pas car tu n'éprouveras plus de honte... Quand les montagnes feraient un écart et que les collines seraient branlantes, mon amour loin de toi jamais ne s'écartera et mon alliance de paix jamais ne s'ébranlera, dit celui qui te manifeste sa tendresse, le Seigneur. » (Is 54, 4... 10).
On peut se demander pourquoi l'idolâtrie tient tant de place dans les discours des prophètes ? Parce qu'il ne s'agit pas de noces humaines, justement, et que l'enjeu est très grave : comme toujours, Israël sait bien que son élection n'est pas exclusive ; ce n'est que par sa fidélité à Dieu que le peuple élu pourra remplir sa vocation de témoin pour toutes les nations. Car, en définitive, la Bible ose penser que c'est l'humanité tout entière que Dieu a demandée en mariage. Mais comment l'humanité le saura-t-elle si personne ne le lui dit ?
Lorsque l'Eglise chrétienne célèbre l'Assomption de Marie, et son introduction dans la gloire de Dieu, elle entrevoit déjà par avance l'entrée de l'humanité tout entière, à sa suite dans l'intimité de son Dieu.
DEUXIEME LECTURE - 1 Corinthiens 15, 20 - 27a
Frères,20 Le Christ est ressuscité d'entre les morts,
pour être parmi les morts le premier ressuscité.
21 Car, la mort étant venue par un homme,
c'est par un homme aussi que vient la résurrection.
22 En effet, c'est en Adam que meurent tous les hommes ;
c'est dans le Christ que tous revivront,
23 mais chacun à son rang :
en premier, le Christ ;
et ensuite, ceux qui seront au Christ quand il reviendra.
24 Alors, tout sera achevé,
quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père,
après avoir détruit toutes les puissances du mal.
25 C'est lui en effet qui doit régner
jusqu'au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis.
26 Et le dernier ennemi qu'il détruira, c'est la mort,
27 car il a tout mis sous ses pieds.
Justement, l'évangile de la Visitation (que nous lisons également aujourd'hui) nous fait contempler en Marie la croyante : « Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur », lui dit Elisabeth. Elle a cru, c'est-à-dire elle a accepté d'entrer dans le projet de Dieu sur elle, sans tout comprendre. Sa réponse à l'Ange est le modèle des croyants : « Qu'il me soit fait selon ta Parole. » (Lc 1, 38). Et pourtant, plus d'une fois, « un glaive a transpercé son âme », comme le lui avait prédit Syméon ; (Lc 2, 35). Ce qui résume le mieux son attitude, c'est peut-être sa phrase : « Je suis la servante du Seigneur ». Elle accepte tout simplement de mettre sa vie au service de l'oeuvre de Dieu. Et dans le chant du Magnificat, elle nous dit bien quelles sont ses préoccupations profondes : puisque, spontanément, elle relit sa propre vie à la lumière du grand projet de Dieu sur son peuple, « de la promesse faite à nos pères, en faveur d'Abraham et de sa race à jamais. »
Depuis toujours, dans la Bible, on avait compris que c'est la seule chose qui nous soit demandée, être prêt à dire « me voici ». Abraham, Moïse, Samuel sollicités par Dieu avaient su répondre ainsi. Et grâce à eux, l'oeuvre de Dieu a pu chaque fois franchir une étape.
Le Christ, à son tour, refait cet itinéraire du croyant et le Nouveau Testament ne cesse de nous le donner en exemple. Dans l'épisode des Tentations, il est celui qui répond à toutes les sollicitations du tentateur par les seules paroles de la foi. Et s'il nous enseigne à dire, dans le Notre Père « Que ta volonté soit faite », c'est bien parce que c'est son principal souci ; comme il le dit à ses apôtres dans l'épisode de la Samaritaine « ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son oeuvre » (Jn 4, 34). Au jardin de l'agonie, il ne se dément pas : « Mon Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Pourtant, non pas comme je veux, mais comme tu veux ! » (Mt 26, 39). Et quand l'auteur de la lettre aux Hébreux résume toute la vie de Jésus, il écrit : « En entrant dans le monde (c'est-à-dire dès son entrée dans le monde), le Christ dit : voici je suis venu pour faire ta volonté. » (He 10, 5... 10). Si, de tout temps et quoi qu'il arrive, Jésus se soumet à la volonté de son père, c'est parce qu'il fait confiance. De lui aussi, on pourrait dire « heureux celui qui a cru... ». Sa résurrection vient prouver que le chemin qu'il a choisi, celui de la foi, était bien le chemin de la vie, même si la mort corporelle en a fait partie.
Paul, que ce soit dans la lettre aux Romains, ou dans celle-ci aux Corinthiens, ne cesse d'opposer ce comportement du Christ à celui d'Adam : Adam est celui à qui tout est proposé, l'arbre de vie, comme aussi la maîtrise sur la création ; mais il se méfie, il ne croit pas à la bienveillance de Dieu. Il refuse de se soumettre au moindre commandement. Le propos de Paul n'est pas de nous dire ce qui se serait passé si un certain Adam n'avait pas péché ; son propos c'est de nous rappeler qu'il n'y a qu'un seul chemin qui mène à la vie, c'est-à-dire à l'entrée dans la joie de Dieu. A partir du jour où Adam se met à douter de Dieu, il tourne le dos à l'arbre de vie : et c'est bien au présent qu'il faut parler ; car, pour Paul, Adam n'est pas un homme du passé, il est un type d'homme ; comme disent les rabbins « Chacun est Adam pour soi ».
On comprend mieux du coup la phrase de Paul : « C'est en Adam que meurent tous les hommes » ; c'est en nous comportant comme Adam que nous nous éloignons de Dieu et nous coupons de la vie véritable qu'il veut nous donner en abondance. A l'inverse, choisir comme le Christ le chemin de la confiance, quoi qu'il arrive, c'est faire un pas sur le chemin de la vraie vie ; comme dit Jésus dans l'évangile de Jean : « la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. »(Jn 17, 3). Or connaître, en langage biblique, c'est croire, aimer, faire confiance. Comme le dit Paul, « c'est dans le Christ que tous revivront », c'est-à-dire en nous greffant sur lui, en adoptant le même comportement que lui.
Peut-être le mystère de l'Assomption de Marie peut-il nous aider à entrevoir un peu le projet de Dieu quand l'homme ne l'entrave pas. Marie est pleinement humaine, mais elle n'a jamais agi à la manière d'Adam ; elle connaît le destin que tout homme aurait dû connaître s'il n'y avait pas eu la chute ; or elle a connu, comme tout homme, toute femme, le vieillissement ; et un jour, elle a quitté la vie terrestre, elle a quitté ce monde, tel que nous le connaissons ; elle s'est endormie pour entrer dans un autre mode de vie auprès de Dieu. On parle de la « dormition » de la Vierge.
On peut donc affirmer deux choses : Premièrement, notre corps n'a jamais été programmé pour durer tel quel éternellement sur cette terre, et nous pouvons en avoir une idée en regardant Marie ; elle, la toute pure, pleine de grâce, s'est endormie. Deuxièmement, Adam a contrecarré le projet de Dieu et la transformation corporelle que nous aurions dû connaître, la « dormition » est devenue mort, avec son cortège de souffrance et de laideur. La mort, telle que nous la connaissons, si douloureusement, est entrée dans le monde par le fait de l'humanité elle-même.
Mais là où nous avons introduit les forces de mort, Dieu peut redonner la vie ; Jésus a été tué par la haine des hommes, mais Dieu l'a ressuscité ; lui, le premier ressuscité, il nous fait entrer dans la vraie vie, celle où règne l'amour.
De Marie, Elisabeth disait : « heureuse celle qui a cru... » ; Jésus applique cette béatitude à tous ceux qui croient : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique. » (Lc 8, 21).
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Complément
Le Ressuscité est apparu un jour à Saül de Tarse en route vers Damas ; ce jour-là, la royauté du Christ s'est imposée à lui comme une évidence ! Désormais, cette certitude habitera toutes ses paroles, toutes ses pensées. Car, pour lui, il n'y avait plus de doute possible : Jésus-Christ, vainqueur de la mort, l'est également de toutes les forces du mal. Il est donc, sans hésitation possible, le Messie attendu depuis des siècles. C'est pourquoi, au fil des lettres de Paul, on reconnaît toutes les expressions de l'attente messianique de l'époque : « Tout sera achevé quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal » ; ou encore « Il doit régner jusqu'au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis » comme l'avait annoncé le psaume 110 (109).
EVANGILE Luc 1, 39 - 56
1, 39 En ces jours-là, Marie se mit en route rapidementvers une ville de la montagne de Judée.
40 Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth.
41 Or, quand Elisabeth entendit la salutation de Marie,
l'enfant tressaillit en elle.
Alors Elisabeth fut remplie de l'Esprit Saint,
42 et s'écria d'une voix forte :
« Tu es bénie entre toutes les femmes,
et le fruit de tes entrailles est béni.
43 Comment ai-je ce bonheur
que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi ?
44 Car, lorsque j'ai entendu tes paroles de salutation,
l'enfant a tressailli d'allégresse au-dedans de moi.
45 Heureuse celle qui a cru
à l'accomplissement des paroles
qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
46 Marie dit alors :
« Mon âme exalte le Seigneur,
47 mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur.
48 Il s'est penché sur son humble servante ;
désormais tous les âges me diront bienheureuse.
49 Le Puissant fit pour moi des merveilles ;
Saint est son Nom !
50 Son amour s'étend d'âge en âge
sur ceux qui le craignent.
51 Déployant la force de son bras,
il disperse les superbes.
52 Il renverse les puissants de leur trône,
il élève les humbles.
53 Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les mains vides.
54 Il relève Israël son serviteur,
il se souvient de son amour,
55 de la promesse faite à nos pères,
en faveur d'Abraham et de sa race à jamais. »
56 Marie demeura avec Elisabeth environ trois mois,
puis elle retourna chez elle.
Nous sommes encore au tout début de l'évangile de Luc ; il y a eu, d'abord, les deux récits d'Annonciation : à Zacharie pour la naissance de Jean-Baptiste, puis à Marie pour la naissance de Jésus
; et voici ce récit que nous appelons couramment la « Visitation ». Tout ceci a plutôt les apparences d'un récit de famille, mais il ne faut pas s'y tromper : en fait, Luc écrit une oeuvre
éminemment théologique ; il faut sûrement donner tout son poids à la phrase centrale de ce texte : « Elisabeth fut remplie de l'Esprit Saint, et s'écria d'une voix forte » ; cela veut dire que
c'est l'Esprit Saint en personne qui parle pour annoncer dès le début de
l'Evangile ce qui sera la grande nouvelle de l'évangile de Luc tout
entier : celui qui vient d'être conçu est le « Seigneur ».
Et quelles sont ces paroles que l'Esprit inspire à Elisabeth ? « Tu es bénie... le fruit de tes entrailles est béni » : ce qui veut dire Dieu agit en toi et par toi et Dieu agit en ton fils et
par ton fils. Comme toujours l'Esprit Saint est celui qui nous permet de découvrir dans nos
vies et celle des autres, tous les autres, la trace de l'oeuvre de Dieu.
Luc n'ignore certainement pas non plus que la phrase d'Elisabeth « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni » reprend au moins partiellement une phrase de
l'Ancien Testament. C'est dans le livre de Judith ( Jdt 13,18-19) : quand Judith revient de l'expédition dans le camp ennemi, où elle a décapité le général Holopherne, elle est accueillie dans
son camp par Ozias qui lui dit : « tu es bénie entre toutes les femmes et béni est le Seigneur Dieu ». Marie est donc comparée à Judith : et le rapprochement entre ces deux phrases suggère deux
choses : la reprise de la formule « tu es bénie entre toutes les femmes » laisse entendre que Marie est la femme victorieuse qui assure à l'humanité la victoire définitive sur le mal ; quant à la
finale (pour Judith « béni est le Seigneur Dieu » et pour Marie « le fruit de tes entrailles est béni »), elle annonce que le fruit des entrailles de Marie est le Seigneur lui-même. Décidément,
ce récit de Luc n'est pas seulement anecdotique !
Au passage, on ne peut pas s'empêcher de comparer la force de parole d'Elisabeth au mutisme de Zacharie ! Parce qu'elle est remplie de l'Esprit Saint, Elisabeth a la force
de parler ; tandis que Zacharie, lui, ne savait plus parler après le passage de l'ange parce qu'il avait douté des paroles qui lui annonçaient la naissance de Jean-Baptiste.
Quant à Jean-Baptiste, lui aussi, il manifeste sa joie : Elisabeth nous dit qu'il « tressaille d'allégresse » dès qu'il entend la voix de Marie. Il faut dire que lui aussi est rempli de
l'Esprit Saint, comme l'avait annoncé l'ange à Zacharie : « Sois
sans crainte, Zacharie, car ta prière a été exaucée. Ta femme Elisabeth t'enfantera un fils et tu lui donneras le nom de Jean. Tu en auras joie et allégresse et beaucoup se réjouiront de sa
naissance... il sera rempli de l'Esprit Saint dès le sein de sa mère. »
Revenons aux paroles d'Elisabeth : « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi ? » ; elles aussi nous renvoient à un épisode de l'Ancien Testament : l'arrivée de
l'arche d'Alliance à Jérusalem ( 2 Sam 6, 2-11 ) ; lorsque David se fut installé comme roi à Jérusalem, lorsqu'il eut un palais digne du roi d'Israël, il envisagea de faire monter l'Arche
d'Alliance dans cette nouvelle capitale. Mais il était partagé entre la ferveur et la crainte ; il y eut donc une première étape dans la ferveur et la joie : « David réunit toute l'élite
d'Israël, trente mille hommes. David se mit en route et partit, lui et tout le peuple qui était avec lui... pour faire monter l'arche de Dieu sur laquelle a été prononcé un nom, le Nom du
Seigneur le tout-puissant, siégeant sur les chérubins. On chargea l'arche de Dieu sur un chariot neuf... David et toute la maison d'Israël s'ébattaient devant le Seigneur au son de tous les
instruments (de cyprès), des cithares, des harpes, des tambourins, des sistres et des cymbales... ». Mais là se produisit un incident qui rappela à David qu'on ne met pas impunément la main sur
Dieu : un homme qui avait mis la main sur l'arche sans y être habilité mourut aussitôt.
Alors, chez David la crainte l'emporta et il dit « comment l' Arche du Seigneur pourrait-elle venir chez moi ? » Du coup le voyage s'arrêta là : David crut plus prudent de renoncer à son projet
et remisa l'Arche dans la maison d'un certain Oved-Edom où elle resta trois mois, apportant le bonheur à cette maison. Voilà David rassuré. « On vint dire au roi David : le Seigneur a béni la
maison de Oved-Edom et tout ce qui lui appartient à cause de l'arche de Dieu. David partit alors et fit monter l'arche de Dieu de la maison de Oved-Edom à la Cité de David dans la joie... David
tournoyait de toutes ses forces devant le Seigneur... David et toute la maison d'Israël faisaient monter l'arche du Seigneur parmi les ovations et au son du cor. »
On peut penser que Luc a été heureux d'accumuler dans le récit de la Visitation les détails qui rappellent ce récit de la montée de l'arche à Jérusalem : les deux voyages, celui de l'Arche, celui
de Marie se déroulent dans la même région, les collines de Judée ; l'Arche entre dans la maison d'Oved-Edom et elle y apporte le bonheur (2 Sm 6,12), Marie entre dans la maison de Zacharie et
Elisabeth et y apporte le bonheur ; l'Arche reste 3 mois dans cette maison d'Oved-Edom, Marie restera 3 mois chez Elisabeth ; enfin David dansait devant l'Arche (le texte nous dit qu'il « sautait
et tournoyait « ) (2 Sm 6,16), et Luc note que Jean-Baptiste « bondit de joie » devant Marie qui porte l'enfant.
Tout ceci n'est pas fortuit, évidemment. Luc nous donne de contempler en Marie la nouvelle Arche d'Alliance. Or l'Arche d'Alliance était le lieu de la Présence de Dieu. Marie porte donc en elle
mystérieusement cette Présence de Dieu ; désormais Dieu habite notre humanité : « Le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous. » Tout ceci grâce à la foi de Marie : Elisabeth
lui dit « Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
En guise de réponse aux paroles d'Elisabeth, Marie entonne le Magnificat ; une chose assez surprenante à propos du Magnificat : dans nos Bibles à cette page de Saint Luc, on trouve
dans la marge des quantités de références à d'autres textes bibliques ; et l'on peut reconnaître des bribes de plusieurs psaumes dans presque toutes les phrases du Magnificat. Ce qui veut dire
que Marie n'a pas inventé les mots de sa prière. Pour exprimer son émerveillement devant l'action de Dieu, elle a tout simplement repris des phrases prononcées par ses ancêtres dans la foi.
Il y a là, déjà, une double leçon : d'humilité d'abord. Spontanément, pourtant mise devant une situation d'exception, Marie reprend tout simplement les expressions de la prière de son peuple. De
sens communautaire ensuite : on dirait aujourd'hui de sens de l'Eglise. Car aucune des citations bibliques reprises dans le Magnificat n'a un caractère individualiste ; elles concernent toujours
le peuple tout entier. C'est l'une des grandes caractéristiques de la prière juive et maintenant de la prière chrétienne : le croyant n'oublie jamais qu'il fait partie d'un peuple et que toute
vocation, loin de le mettre à l'écart, le met au service de ce peuple.
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Compléments sur les racines bibliques du Magnificat
On retrouve dans la prière de Marie les grands thèmes des prières bibliques : j'en retiens au moins quatre : Premièrement, la joie de la foi. Deuxièmement, la fidélité de Dieu à ses promesses et
à son Alliance.Troisièmement, l'action de grâce pour l'oeuvre de Dieu.Quatrièmement, la prédilection de Dieu
pour les pauvres et les petits.
Premièrement, la joie de la foi : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon sauveur » ; on trouve presque la réplique de cette phrase chez Isaïe : « Je tressaille de joie dans
le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu » (Is 61, 10 : c'est un texte du troisième Isaïe, donc vers 500 av.J.C). Et cent ans plus tôt, vers 600 av.J.C., Habacuq avait dit : « Je serai dans
l'allégresse à cause du Seigneur, j'exulterai à cause du Dieu qui me sauve » (Ha 3, 18). Dans les psaumes, aussi, on trouve des quantités d'expressions de cette joie
profonde des croyants. Par exemple, « J'exulte de tout mon coeur et je lui rends grâce en chantant : le Seigneur est la force de son peuple » (Ps
28). « Magnifiez avec moi le Seigneur, exaltons tous ensemble son nom... Rien ne manque à ceux qui cherchent le Seigneur » (Ps 34, 4. 11). « Je jubilerai à cause du Seigneur, j'exulterai, joyeux
d'être sauvé » (Ps 35, 9). Et Léa, l'épouse de Jacob, avait déjà dit à propos d'une naissance : « Quel bonheur pour moi ! Car les filles m'ont proclamée heureuse » (Gn 30, 13).
Deuxièmement, la fidélité de Dieu à ses promesses et à son Alliance : « Toi, Israël, mon serviteur, Jacob, toi que j'ai choisi, descendance d'Abraham, mon ami, toi que j'ai tenu depuis les
extrémités de la terre, toi que depuis ses limites j'ai appelé, toi à qui j'ai dit 'Tu es mon serviteur, je t'ai choisi... » (Is 41, 8 - 9). « Tu accorderas à Jacob ta fidélité et ton amitié à
Abraham. C'est ce que tu as juré à nos pères depuis les jours d'autrefois » (Mi 7, 20). « Seigneur, pense à la tendresse et à la fidélité que tu as montrées depuis toujours » (Ps 25, 6). « Je
danserai de joie pour ta fidélité, car tu as vu ma misère et connu ma détresse » (Ps 31, 8). « Il s'est rappelé sa fidélité, sa loyauté, en faveur de la maison d'Israël. Jusqu'au bout de la
terre, on a vu la victoire de notre Dieu » (Ps 98, 3). « Car le Seigneur est bon, sa fidélité est pour toujours, et sa loyauté s'étend d'âge en âge » (Ps 100, 5). « La fidélité du Seigneur,
depuis toujours et pour toujours, est sur ceux qui le craignent, et sa justice pour les fils de leurs fils, pour ceux qui gardent son alliance et pensent à exécuter ses ordres » (Ps 103, 17).
Troisièmement, l'action de grâce pour l'oeuvre de Dieu : c'est l'un des thèmes majeurs de la
Bible,
on le sait bien ; et quand on dit l'oeuvre de Dieu, il s'agit toujours de l'unique sujet de toute la Bible, c'est-à-dire son grand projet, son
oeuvre de libération de l'humanité. Par exemple le psaume 67 : « Que les peuples te rendent grâce, Dieu ! Que les peuples te rendent grâce tous ensemble ! Que
les nations chantent leur joie ! » Ou encore : « Il est ta louange, il est ton Dieu, lui qui a fait pour toi ces choses grandes et terribles que tu as vues de tes yeux » (Dt 10, 21). « Si haute
est ta justice, Dieu ! Toi qui as fait de grandes choses, Dieu, qui est comme toi ? » (Ps 71, 19). » A son peuple il a envoyé la délivrance, prescrit pour toujours son alliance. » (Ps 111,
9).
Quatrièmement, la prédilection de Dieu pour les pauvres et les petits : et toujours il intervient pour les rétablir dans leur dignité. « Il s'est penché sur son humble servante, désormais tous
les âges me diront bienheureuse ». « J'ai le coeur joyeux grâce au Seigneur, et le front haut grâce au Seigneur... Le
Seigneur appauvrit et enrichit, il abaisse, il élève aussi. Il relève le faible de la poussière et tire le pauvre du tas d'ordures pour les faire asseoir avec les princes et leur attribuer la
place d'honneur. » (C'est Anne, la maman de Samuel, qui parle ; 1 S 2, 1. 7. 8). « Il relève le faible de la poussière, il tire le pauvre du tas d'ordures, pour l'installer avec les princes, avec
les princes de son peuple » (Ps 113, 7). « Ainsi parle celui qui est haut et élevé, qui demeure en perpétuité et dont le nom est saint : Haut placé et saint je demeure, tout en étant avec celui
qui est broyé et qui en son esprit se sent rabaissé, pour rendre vie à l'esprit des gens rabaissés, pour rendre vie au coeur des gens broyés. » (Is 57,15). « Le Seigneur a culbuté les trônes des
orgueilleux, il a établi les humbles à leur place. » (Si 10, 14).
Comment ne pas dire avec Marie, et tout son peuple avant elle : « Mon âme exalte le Seigneur, j'exulte de joie en Dieu, mon sauveur. »