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11 juin 2012 1 11 /06 /juin /2012 07:20

Les résultats définitifs ont été publiés ici par le ministère de l'intérieur. Je les reproduis ci-dessous.

Je renouvelle mes remerciements à ceux qui ont apporté leur soutien aux propositions que je défendais, par leur vote, leurs encouragements ou leur aide. Je ferai part au plus vite de ma position pour le deuxième tour.

 

   Résultats* 1er tour



  Nombre % Inscrits % Votants
Inscrits 82 686    
Abstentions 38 157 46,15  
Votants 44 529 53,85  
Blancs ou nuls 540 0,65  1,21
Exprimés 43 989 53,20  98,79

"Nul ne peut être candidat au 2e tour s'il ne s'est pas présenté au 1er tour et s'il n'a obtenu un nombre de suffrages au moins égal à 12,5 % du nombre des électeurs inscrits. Si un seul candidat remplit ces conditions, le candidat ayant obtenu après celui-ci le plus grand nombre de suffrages au 1er tour peut se maintenir. Dans le cas où aucun candidat ne remplit ces conditions, les deux candidats ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages au 1er tour peuvent se maintenir."



Liste des candidats Voix % Inscrits % Exprimés Elu(e)
M. Jean CALVET (RDG) 804 0,97 1,83  
Mme Chantal BRUNEL (UMP) 13 989 16,91 31,80  
M. Eduardo RIHAN CYPEL (SOC) 16 432 19,87 37,35  
Mme Marie-Luce NEMO (FG) 2 343 2,83 5,33  
M. Eric QUESNE (AUT) 99 0,11 0,23  
Mme Julie NOUVION (VEC) 1 393 1,68 3,17  
M. Roger ROTH (ECO) 338 0,40 0,77  
Mme Chantal DELHAYE (FN) 5 704 6,89 12,97  
M. Thierry JALLAS (DVD) 158 0,19 0,36  
M. Frédéric RENAULT (EXG) 187 0,22 0,43  
M. Michel GERES (CEN) 2 039 2,46 4,64  
Mme Mélissandre COUVRECHEL (DVD) 503 0,60 1,14  

En raison des arrondis à la deuxième décimale, la somme des %exprimés peut ne pas être égale à 100,00% .

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10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 08:11

Voici les résultats officieux du 1er tour des élections législatives dans la 8e circonscription de Seine-et-Marne.

 

Je remercie du fond du coeur les électeurs qui ont voté pour moi. Je développerai mes commentaires après réception des résultats officiels et ferai part au plus vite de mon éventuel soutien à l'un des deux candidats restant en lice pour le second tour. Je les ai interrogés par courriel pour savoir lesquels de mes (1 +14) engagements de campagne ils étaient prêts à reprendre à leur compte. J'ai reçu une réponse et attend la seconde.

 

 

 

Nom Prénom Etiquette
1 Calvet Jean PRG 1,8%
2 Brunel Chantal UMP 31,8%
3 Rihan Cypel Eduardo PS 37,4%
4 Nemo Marie-Luce Front de Gauche 5,3%
5 Quesne Eric Solidarité & Progrès 0,2%
6 Nouvion Julie EELV 3,2%
7 Roth Roger La France en Action 0,8%
8 Delhaye Chantal FN 13,0%
9 Jallas Thierry PLD / PCD 0,4%
10 Renault Frédéric LO 0,4%
11 Gérès Michel MoDem ou Le Centre pour la France 4,6%
12 Couvrechel Mélissandre Debout La République 1,1%
100,0%

 

 

 

 

 

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7 juin 2012 4 07 /06 /juin /2012 23:00

"Rien par force, tout par amour"

 

J'ai pris la décision de présenter ma candidature aux élections législatives de juin 2012. Cette fois-ci, ce sera dans la 8e circonscription de Seine-et-Marne, celle où j'habite, et non plus la 7e de Seine-et-Marne, où j'avais été candidat en 2007.

Je me présente avec l'investiture du PCD (Parti Chrétien Démocrate, de Christine Boutin) et le soutien du PLD (Parti Libéral Démocrate), de l'Alliance Centriste de Jean Arthuis et de l'association Alternative Libérale (auparavant parti politique).

 

Je vous présenterai sur cette page de mon blog, au fur et à mesure de la campagne, les idées que je compte défendre, fondées sur mes convictions chrétiennes, mes convictions libérales et l'enseignement social chrétien (ou Doctrine Sociale de l'Eglise).

 

Celui-ci s'appuie sur la révélation biblique, d'une part, et sur la raison humaine, d'autre part, qui s'éclairent mutuellement. C'est sur ce roc que nous pouvons bâtir une société durable : sortie de crise, revitalisation de la famille, retour au plein emploi, résorption de l'endettement public, résolution des problèmes du logement, de la santé, des retraites et de l'enseignement, recul de la pauvreté, paix sociale, etc..Toute autre doctrine n'est que du sable où rien de durable ne peut être construit ...

 

Le principe fondamental de la Doctrine Sociale de l'Eglise est le "principe personnaliste" : il invite au respect de la très haute et inviolable dignité de chaque personne humaine (de la conception à la mort naturelle), de sa vie, de sa sécurité, de sa liberté et de sa propriété.

 

L'enseignement social chrétien ne contredit pas, bien au contraire, la philosophie libérale (dont il partage les sources : révélation biblique et raison humaine), selon laquelle tout homme dispose d'un droit naturel à préserver sa vie, sa sécurité, sa propriété et sa liberté.

 

Seule la force, parfois soutenue par le mensonge, menace la vie, la sécurité, la propriété et la liberté. C'est la raison pour laquelle je fais mienne, à l'occasion de cette campagne électorale, une devise de Saint François de Sales :

 

"Rien par force, tout par amour"

 

Ozoir-la-Ferrière, le 10 mai 2012

 

Madame, Mademoiselle, Monsieur,

D’après un sondage publié le 23 mars 2012, les priorités des Français sont la lutte contre le chômage (pour 73% d’entre eux), l’éducation (56%), la santé (55%), le relèvement des salaires et du pouvoir d’achat (54%), la réduction de la dette publique (53%), la lutte contre la précarité (52%), la lutte contre la délinquance (43%). J’ai 3 questions à vous poser :

1)     Êtes-vous à peu près d’accord avec cette liste de priorités ? Pour ma part, oui, mais je trouve qu’il manque des sujets importants : retraites, logement, justice, éclatement des familles, régression des valeurs judéo-chrétiennes,…

2)     Sur tous ces problèmes, êtes-vous convaincu(e) par les solutions proposées alternativement par la droite et la gauche depuis plus de 30 ans ? Leurs résultats sont-ils à la hauteur de vos espérances ?

3)     Savez-vous qu’il existe à ces problèmes une solution simple et efficace, que nos politiciens nous cachent depuis la Libération ? Qu’elle a fait la preuve de son efficacité dans les pays l’ayant adoptée ? Qu’elle est conforme aux valeurs judéo-chrétiennes et à la raison ?

C’est cette solution que je souhaite vous faire connaître et aimer, alors qu’elle est souvent présentée de façon mensongère, qu’elle est discréditée par ceux qui veulent conserver le pouvoir à tout prix, parfois même accusée d’être responsable de tous nos maux alors qu’elle n’est pas appliquée ! Cette solution, c’est une nouvelle Libération, non plus d’une armée étrangère, mais de nos modernes idoles, la première d’entre elles étant l’État. 3 exemples :

·         Alors que celui-ci est censé protéger notre propriété, il nous pressure (prélèvements obligatoires, sous menace de prison : 44% de la richesse annuelle créée par les Français) et nous endette (27 000 euros par Français, bébés compris) !

·         Alors qu’il est censé garantir notre liberté, il ne cesse de nous imposer ceci ou de nous interdire cela, de nous ensevelir sous les lois, les règlements, les directives et autres décrets !

·         Alors qu’il est censé protéger notre vie et notre sécurité, il ne respecte pas le droit à la vie de nombreux enfants à naître (200 000 / an), et envisage de légaliser aussi le meurtre de personnes en fin de vie !

De nombreux économistes, confortés par la Doctrine Sociale de l’Église Catholique, enseignent que seul un marché libre fonctionne harmonieusement et répond efficacement aux besoins des citoyens. Au contraire, toute règlementation étatique d’un marché dérégule (c'est-à-dire dérègle) celui-ci. Exigeons la libération de tous les marchés (emploi, éducation, santé, transports, assurances sociales, etc.) et nos problèmes disparaîtront ! Pour plus d’explications, consultez mon blog : www.thierry-jallas.fr.
Outre celui du Parti Libéral Démocrate, j’ai le soutien du Parti Chrétien Démocrate de Christine Boutin, de l’Alliance Centriste de Jean Arthuis et, enfin, d’Alternative Libérale.

La France retrouvera son rang quand elle redeviendra le pays des droits de l’homme et de la liberté !

                                                                                                                                                Thierry Jallas

MES ENGAGEMENTS

 

 

Mon rôle étant prioritairement de participer à l’élaboration des lois, c’est sur des questions nationales que portent les engagements suivants. Bien sûr, je mènerai aussi des combats locaux, à votre service.

Je défendrai les droits naturels de chaque personne humaine, de sa conception à sa mort naturelle : la vie, la liberté, la propriété et la sécurité, ainsi que les droits spécifiques des enfants.

1)    Afin de revenir au plein emploi, j’entreprendrai toutes actions visant à obtenir que les candidats à l’emploi salarié puissent signer librement avec l’employeur de leur choix un contrat de travail qui convienne aux deux parties et qui exclue, s’ils en sont d’accord, toute disposition légale ou conventionnelle ne leur plaisant pas.

2)    Je ferai campagne pour l’abolition du collectivisme en France, et plus généralement pour que l’État français cesse toute ses interventions délétères dans la vie économique et sociale, notamment par le biais de monopoles comme la Sécurité Sociale, l’Éducation Nationale, la SNCF et la RATP, etc.. Ceci permettra des réductions massives des dépenses de l’État et des prélèvements obligatoires, et fera baisser l’endettement public.

3)    Je m’opposerai à la poursuite des interventions étatistes dans le secteur du logement, afin que celui-ci soit enfin régulé et puisse offrir une habitation décente à chaque famille vivant sur le sol français.

4)    Je militerai pour libérer le secteur de l’éducation, passée sous la coupe des syndicats et de l’État : pourtant, ce ne sont pas eux, mais les parents qui devraient être seuls responsables de l’éducation de leurs enfants.

5)    Je m’emploierai à faire progressivement sortir l’État du secteur de la santé, où son intervention massive (numerus clausus à l’accès aux études et, parfois à l’installation, dans le domaine de la santé, monopole de la branche maladie de la Sécurité Sociale, gestion des hôpitaux et de la formation des professionnels,…) génère pénurie (de médecins, par ex.) ou gaspillages (ex. : épisode des vaccins contre la grippe H1N1).

6)    Je m’attaquerai à toutes les mesures liberticides entraînant pénurie ou autres gênes pour les consommateurs et surcharge de travail dans certaines professions (ex : taxis, examinateurs du permis de conduire, syndicats professionnels, etc.)

7)    J’inviterai les employeurs à mettre en place dans leur entreprise le bulletin de salaire complet, pour mettre en évidence le coût exorbitant des assurances sociales monopolistiques (Sécurité Sociale).

8)    Je ferai casser le monopole de la communiste et ruineuse Sécurité Sociale en matière de retraite de base. Les Français ont le droit de choisir, chacun, le régime d’assurance vieillesse (répartition, capitalisation, par points…) et la compagnie d’assurances qui leur convient le mieux.

9)    Je m’attacherai à faire évoluer la France vers une vraie démocratie, nécessairement libérale pour permettre à chaque citoyen de gouverner sa propre vie, dans le respect de la vie, de la sécurité, de la propriété et de la liberté d’autrui. Celles-ci doivent être protégées par une nouvelle Constitution, réduisant notablement les pouvoirs du Président de la République et du Parlement pour les restituer au peuple. En outre, la proportionnelle doit permettre de représenter tous les citoyens à l’Assemblée Nationale.

10) Je chercherai à obtenir un statut pour l’embryon et le fœtus, puis à faire reconnaître le droit à la vie des enfants à naître ; je m’élèverai contre le franchissement de limites bioéthiques (manipulations génétiques, expérimentations sur cellules souches ou congélation et destruction d’embryons, …).

11) Je m’engagerai pour que soit respecté le droit naturel des enfants à grandir dans une famille unie, fondée par un homme et une femme ; je lutterai donc contre la polygamie.

12) Je me battrai pour que les personnes en fin de vie ne fassent l’objet, ni d’euthanasie, ni d’acharnement thérapeutique.

13) Je tenterai de faire accélérer la lente ouverture du marché des transports publics de voyageurs, de marchandises et de courrier.

14) Je demanderai la baisse de certaines rémunérations d’élus (parlementaires, notamment) et refuserai, à titre personnel, de percevoir celle attribuée aux députés.

 

 

873 photo 2Legislatives-2012 0349 PascaleThierry Jallas, candidat : « Ozophoricien depuis 26 ans, marié, père de 4 enfants, catholique pratiquant, je suis membre de l’Association des Économistes Catholiques, de Contribuables Associés, de Droit de Naître et de Liberté Chérie. J’ai créé une organisation syndicale professionnelle défendant le droit des salariés à contracter librement avec les employeurs. Diplômé de l’ESCP, je suis spécialisé en réduction des coûts. Permettez-moi de m’attaquer à ceux de l’État ! »


Pascale Macé, suppléante : « Mariée, mère de deux enfants, médecin, je m’intéresse aux enfants, à leurs droits à un logement décent, à l'éducation, à la santé et au respect. »

 

Pour participer au financement de ma campagne, merci d'envoyer un chèque à l'ordre d'A.-L. Jallas, mandataire financier, au16, rue Jean-Baptiste-Clément 77330 OZOIR-LA-FERRIERE.

 

8e circonscription

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7 juin 2012 4 07 /06 /juin /2012 12:02

Voici quelques publications médiatiques relatives à ma candidature dans la 8e circonscription de Seine-et-Marne.

 

Le magazine de Canal Coquelicot, "Le 77 en campagne" du 23 mai 2012, présente, notamment, les candidats de la 8e circonscription de Seine-et-Marne, en terminant par le plus petit... Heureusement, les derniers seront les premiers !

 

 

 

 

Le magazine d'actualités de Canal Coquelicot, du 29 mai 2012. Un reportage s'intéresse aux "petits candidats" et à leurs motivations.

 

 

 

 

Interview écrite publiée par Liberté Politique le 31 mai 2012.

 

 

Interview réalisée le 16 mai 2012 et publiée le 3 juin 2012 dans "Ricochets". J'apprécie beaucoup ce journal local, bien que ses journalistes et ses lecteurs soient presque tous socialistes. Je suis pourtant souvent en désaccord avec les idées exprimées, mais je trouve qu'il abordede façon assez fouillée des sujets variés et intéressant. En outre, il confirme la supériorité du capitalisme sur le collectivisme : je trouve ce journal, réalisé par une association privée, beaucoup plus intéressant que celui édité par la municipalité d'Ozoir-la-Ferrière !

 

Ricochets 2012 06 03 législatives-copie-1

 

Interview vidéo réalisée le 30 mai 2012 par Antoine Besson, de Liberté Politique, et publiée le 7 juin 2012.
.
.
Interview téléphonique réalisée le 31 mai (?) 2012 par Vallée FM et diffusée ce même jour à 18h par cette radio (de Marne-la-Vallée).
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J'aime le clip officiel du PCD (Parti Chrétien Démocrate) de Christine BOUTIN pour les législatives 2012.
.
J'adore la vidéo de campagne de Frédéric  bastiat, trouvée sur Bastiat2012. :
.

 

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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 22:13

Voici une vidéo réalisée à grand peine (merci à Maxime pour son aide précieuse) et qui tente d'expliquer pourquoi un marché doit être libre pour fonctionner efficacement. Je projette de faire dans les prochains mois une nouvelle version, plus tonique, avec une meileure qualité d'image et de son. Toute suggestion à cet égard sera la bienvenue.

 

 

 

Je vous invite à visionner d'autres vidéos sur ce sujet, sur cette page du site de l'AECSPL.

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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 13:09

Voici une vidéo qui tente d'apporter des éclaircissements sur 10 mots que nous utilisons ou entendons souvent, sans en connaître le véritable sens.

 

 

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5 juin 2012 2 05 /06 /juin /2012 22:47

marie-nolle-thabut.jpgJe suis, chaque dimanche, impressionné par la qualité des commentaires de Marie-Noëlle Thabut sur les textes que nous propose la liturgie du jour.

 

Ces commentaires, trouvés sur le site "Eglise catholique en France", permettent à toute personne de bonne volonté, chrétienne ou non, de mieux comprendre la Bible, le livre le plus diffusé au monde. Notamment, en

  • donnant des explications historiques ;

  • décodant le langage imagé utilisé par l'auteur.

Je souhaite arriver à mettre ici, chaque dimanche, les commentaires de Marie-Noëlle Thabut. Ma seule contribution consiste à surligner les passages que je trouve les plus importants ou enrichissants et à écrire en rouge ceux qui parlent d'un thème qui m'est cher : la liberté (trois autres pages de mon blog sont consacrées à ces passages des Evangiles, du reste du Nouveau Testament ou de l'Ancien Testament qui parlent de la liberté, directement ou indirectement)

 

Version audio (le lien sera inopérant dans un premier temps), trouvée sur le site de Radio-Notre-Dame.

 

PREMIERE LECTURE - Exode 24, 3 - 8

En descendant du Sinaï,
3 Moïse vint rapporter au peuple
toutes les paroles du SEIGNEUR et tous ses commandements.
Le peuple répondit d'une seule voix :
« Toutes ces paroles que le SEIGNEUR a dites,
nous les mettrons en pratique. »
4 Moïse écrivit toutes les paroles du SEIGNEUR ;
le lendemain matin, il bâtit un autel au pied de la montagne,
et il dressa douze pierres pour les douze tribus d'Israël.
5 Puis il chargea quelques jeunes Israélites
d'offrir des holocaustes,
et d'immoler au SEIGNEUR de jeunes taureaux
en sacrifice de paix.
6 Moïse prit la moitié du sang et la mit dans des bassins ;
puis il aspergea l'autel avec le reste du sang.
7 Il prit le livre de l'Alliance et en fit la lecture au peuple.
Celui-ci répondit :
« Tout ce que le SEIGNEUR a dit,
nous le mettrons en pratique, nous y obéirons. »
8 Moïse prit le sang, en aspergea le peuple, et dit :
« Voici le sang de l'Alliance
que, sur la base de toutes ces paroles,
le SEIGNEUR a conclue avec vous. »


Il y en a des choses surprenantes dans ce texte ! Ces usages bien loin des nôtres, d'abord, et puis l'insistance sur le sang, avec une expression que nous connaissons très bien, évidemment, « le sang de l'Alliance ». Mais, si les usages qui sont rapportés ici nous surprennent, n'oublions pas que Moïse a vécu vers 1250 av. J.C. Ces coutumes sont donc vieilles de trois mille ans et même plus, car Moïse ne les a pas inventées ; elles étaient courantes dans beaucoup d'autres peuples à cette époque. Elles subsistent d'ailleurs encore aujourd'hui, au vingt-et-unième siècle, dans certains peuples dont l'histoire a évolué moins vite. Le texte biblique nous décrit ici le cérémonial habituellement utilisé pour un contrat d'Alliance entre deux peuples jusque-là ennemis. Mais, cette fois, les contractants sont Dieu lui-même... et un tout petit peuple.

Et, surtout, ce qui est intéressant, c'est de voir comment Moïse a repris un rite habituel mais en lui donnant un sens tout-à-fait neuf ! Si on y regarde bien, les deux réalités, le rite ancien, d'une part, le nouveau sens donné par Moïse, d'autre part, sont imbriquées dans ce texte de manière extrêmement serrée : ce qui vient de la tradition ancienne, ce sont les usages des pierres dressées, de l'immolation des animaux, de l'aspersion du sang sur un autel qui représente la divinité et également de l'aspersion de sang sur le peuple. Ce qui est nouveau, en revanche, c'est la notion même d'Alliance proposée par Dieu, c'est le don de la Loi par Dieu, et enfin, l'engagement du peuple d'obéir à cette loi.

Il suffit de relire le texte dans l'ordre pour voir à quel point tous ces éléments sont imbriqués : « En descendant du Sinaï, Moïse vint rapporter au peuple toutes les paroles du SEIGNEUR et tous ses commandements. Le peuple répondit d'une seule voix : Toutes ces paroles que le SEIGNEUR a dites, nous les mettrons en pratique. Moïse écrivit toutes les paroles du SEIGNEUR... » Le récit commence donc par le plus important, la parole de Dieu. Quand les descendants de Moïse, des siècles plus tard, relisent ce passage, ils comprennent tout de suite le message : ce n'est pas le sacrifice en lui-même qui compte, le plus important c'est l'Alliance, la fidélité à la Parole de Dieu.
Puis le récit décrit les rites du sacrifice lui-même : l'autel au pied de la montagne, les douze pierres qui représentent les douze tribus d'Israël, c'est-à-dire l'ensemble du peuple. Le mot « peuple » revient d'ailleurs à plusieurs reprises dans le texte ; car c'est bien avec un peuple et non avec un individu ou même des individus que l'Alliance est conclue ! Les douze pierres dressées signifient que le peuple entier est concerné et que son unité se fera autour de cette Alliance. Là encore, il y a un message pour les futurs lecteurs : il a peut-être été bien utile, parfois, de rappeler aux douze tribus ce qui les unissait et depuis si longtemps, puisque cela remonte au tout début de la sortie d'Egypte.

Quelques jeunes gens sacrifient les taureaux : soit dit en passant, cette fonction n'est donc pas encore réservée au prêtres. Puis c'est le rite du sang : d'abord, Moïse asperge l'autel qui représente Dieu, et aussitôt il reprend le livre de l'Alliance et il lit au peuple les paroles de Dieu et le peuple s'engage à obéir : « Tout ce que le SEIGNEUR a dit, nous le mettrons en pratique, nous y obéirons. »

Enfin, Moïse asperge le peuple : ce rite du sang signifie que l'Alliance devient « vitale » pour les contractants ; manière de dire que désormais, le nouveau lien ainsi créé entre Dieu et le peuple l'est « à la vie à la mort ». Et aussitôt, Moïse rappelle que ceci n'a de sens que référé à l'Alliance que Dieu vient de sceller avec son peuple : « Voici le sang de l'Alliance que, sur la base de toutes ces paroles, le SEIGNEUR a conclue avec vous. » Ce qui est premier, donc, ce n'est pas le sacrifice pour le sacrifice, c'est l'Alliance, formulée dans cette Parole de Dieu. Pour le dire autrement, le sacrifice n'est jamais un but en soi : il ne vaut que par l'engagement d'amour et de fidélité qu'il instaure et couronne entre Dieu et son peuple. Avec Moïse, une étape essentielle est franchie : le sacrifice n'est plus un rite magique, il est tissé de la parole d'un engagement réciproque, il devient mystère de foi.

Mais la confiance ne naît pas toute seule : l'amour filial ne peut naître qu'en réponse à un amour paternel ; Moïse précise bien que c'est Dieu qui a pris l'initiative : il dit « L'Alliance que le SEIGNEUR a conclue avec vous » ; ce n'est pas Israël qui a essayé d'atteindre ce Dieu dont il n'avait même pas idée, c'est Dieu lui-même qui est venu le chercher, lui proposer l'Alliance et se révéler peu à peu comme le Dieu qui libère et qui fait vivre. Une des grandes particularités de la foi du peuple juif est d'avoir compris que toute l'initiative vient de Dieu ; tout ce que fait l'homme, prière, sacrifice, offrande ne vient qu'en réponse à l'amour de Dieu qui est premier.
Alors le peuple peut s'engager sur la voie de l'obéissance (« Tout ce que Dieu a dit, nous y obéirons ») parce qu'il a fait l'expérience très concrète de l'oeuvre de Dieu en sa faveur. Le don de la loi se situe par hypothèse après la sortie d'Egypte, donc après la libération de l'esclavage. Le peuple est devenu un peuple libre grâce à l'initiative de Dieu ; il peut donc désormais croire que l'obéissance qui lui est demandée maintenant s'inscrit en droite ligne de cette oeuvre de libération. C'est ce que Saint-Paul appelle « l'obéissance de la foi », c'est-à-dire la confiance tout simplement.

*********
Complément
« Tout ce que le SEIGNEUR a dit, nous le mettrons en pratique, nous y obéirons. » (verset 7). Ne nous y trompons pas, ce n'est pas à Dieu que notre obéissance profite. Si Dieu nous donne des commandements, c'est parce que nous ne pouvons pas trouver notre bonheur hors d'un certain mode de vie. Quand nous désobéissons aux commandements, c'est à nous que nous faisons du mal, c'est notre propre malheur que nous construisons. Notre faute à l'égard de Dieu, c'est de ne pas lui faire confiance pour diriger notre vie. Quand l'enfant se brûle au feu que nous lui avions interdit d'approcher, c'est lui qui est brûlé. A notre égard, sa seule faute est de n'avoir pas écouté, par orgueil ou manque de confiance en nous.

PSAUME 115 (116), 12-13. 15-16. 17-18

12 Comment rendrai-je au SEIGNEUR
tout le bien qu'il m'a fait ?
13 J'élèverai la coupe du salut,
j'invoquerai le nom du SEIGNEUR.

15 Il en coûte au SEIGNEUR
de voir mourir les siens !
16 Ne suis-je pas, SEIGNEUR, ton serviteur,
moi, dont tu brisas les chaînes ?

17
Je t'offrirai le sacrifice d'action de grâce,
j'invoquerai le nom du SEIGNEUR.
18 Je tiendrai mes promesses au SEIGNEUR,
oui, devant tout son peuple.
Nous retrouvons dans ce psaume tous les éléments importants de la première lecture de cette fête du Corps et du Sang du Christ : en tout premier, l'oeuvre libératrice de Dieu, puis la reconnaissance par les croyants de cette initiative de Dieu, et enfin l'engagement d'obéissance. « Moi dont tu brisas les chaînes », voilà l'oeuvre de Dieu ; et on sait bien à quelles chaînes le psalmiste pense : il s'agit d'abord de la libération d'Egypte ; chaque année, spécialement au moment de la Pâque, les descendants de ceux qui furent esclaves en Egypte revivent les grandes étapes de leur libération : la vocation de Moïse, ses multiples tentatives pour obtenir de Pharaon la permission de partir, sans avoir toute l'armée à leurs trousses, l'obstination du roi... et les interventions répétées de Dieu pour encourager Moïse à persévérer malgré tout dans son entreprise. Pour finir, le peuple a pu s'enfuir et survivre miraculeusement alors que l'endurcissement du Pharaon a causé sa perte.

Quand on chante ce psaume, des siècles plus tard, au Temple de Jérusalem, cette étape de la sortie d'Egypte est franchie depuis longtemps, mais elle n'est qu'une étape justement ; on sait bien qu'il ne suffit pas d'avoir quitté l'Egypte pour être vraiment un peuple libre ; que d'esclavages individuels ou collectifs sévissent encore à la surface de la terre ! Esclavage de la pauvreté, voire de la misère sous tant de formes ; esclavage de la maladie et de la déchéance physique ; esclavage de l'idéologie, du racisme, de la domination sous toutes ses formes... L'Egypte de la Bible a pris au long des siècles et prend encore quantité de visages sous toutes les latitudes : mais on sait aussi que, inlassablement, Dieu soutient nos efforts pour briser nos chaînes.

Car l'histoire humaine qui nous donne, hélas, mille exemples d'esclavages, nous montre aussi (et c'est magnifique) la soif de liberté qui est inscrite au plus profond du coeur de l'homme, et qui résiste à toutes les tentatives pour l'étouffer. Cette soif de liberté, les croyants savent bien qui l'a insufflée dans l'homme ; ils l'appellent l'Esprit. Notre psaume sait « qu'il en coûte au SEIGNEUR de voir mourir les siens ! »... et qu'il lui en coûte tellement qu'Il est à l'origine de tous les combats pour la vie et pour la liberté de tout homme, quel qu'il soit.

A ce Dieu qui a fait ses preuves, si l'on peut dire, on peut faire confiance. Ce n'est pas lui qui nous enchaînera, il est bien trop jaloux de notre liberté ! Et, alors, librement, on se met à sa suite, on l'écoute : « Ne suis-je pas, SEIGNEUR, ton serviteur, moi dont tu brisas les chaînes ? » ; le mot « serviteur » ici, peut s'entendre plutôt comme disciple. Dans la Bible, il ne s'agit pas de « servir » Dieu dans le sens où il aurait besoin de serviteurs... Cela est valable pour les idoles, les dieux que l'homme s'est inventés ; curieusement, quand nous imaginons des dieux, nous croyons qu'ils ont besoin de notre encens, de nos louanges, de nos compliments, de nos services. Au contraire, le Dieu d'Israël, le Dieu libérateur n'a nul besoin d'esclaves à ses pieds, il nous demande seulement d'être ses disciples parce que lui seul peut nous faire avancer sur le difficile chemin de la liberté. Et l'expérience d'Israël, comme la nôtre, montre que dès qu'on cesse de se laisser mener par ce Dieu-là et par sa parole, on retombe très vite dans quantité de pièges, de déviations, de fausses pistes.

C'est pour cela que le psaume affirme si fort : « J'invoquerai le nom du SEIGNEUR » : résolution affirmée deux fois en quelques versets ; c'est une véritable résolution, effectivement, celle de ne pas invoquer d'autres dieux, donc de tourner le dos définitivement à l'idolâtrie. « J'invoquerai le nom du SEIGNEUR », cela revient à dire « je m'engage à ne pas en invoquer d'autre ! » Et on sait que les prophètes ont dû lutter pendant de nombreux siècles contre l'idolâtrie.

Il faut dire que la fidélité à cette résolution exigeait une grande confiance en Dieu, mais aussi bien souvent un immense courage face au polythéisme des peuples voisins. Pendant la domination grecque sur la Palestine, par exemple, et ceci se passe très tardivement dans la Bible, peu avant la venue du Christ, les Juifs ont dû affronter l'effroyable persécution d'Antiochus IV Epiphane : rester fidèle à la promesse contenue dans cette phrase « J'invoquerai le nom du SEIGNEUR » revenait à signer son propre arrêt de mort.

Cette résolution « J'invoquerai le nom du SEIGNEUR » est associée à des rites : « J'élèverai la coupe du salut »... « Je t'offrirai le sacrifice d'action de grâce. » Nous retrouvons ici, comme dans le livre de l'Exode que nous lisons en première lecture, la transformation radicale apportée par Moïse : désormais, les gestes du culte ne sont plus des rites magiques, ils sont l'expression de l'Alliance, reconnaissance de l'oeuvre de Dieu pour l'homme. La coupe s'appelle désormais « coupe du salut », le sacifice, désormais, est toujours sacrifice d'action de grâce parce que l'attitude croyante n'est que reconnaissance.

Ce psaume 115/116 fait partie d'un petit ensemble qu'on appelle les psaumes du Hallel, qui sont une sorte de grand Alleluia, et qui étaient chantés lors des trois grandes fêtes annuelles, la Pâque, la Pentecôte et la fête des Tentes.

Lors de sa dernière Pâque à Jérusalem, Jésus lui-même a chanté ces psaumes du Hallel et en particulier notre psaume d'aujourd'hui, le soir du Jeudi Saint, alors qu'avec ses disciples, il venait d'élever une dernière fois la coupe du salut, alors qu'il allait offrir sa propre vie en sacrifice d'action de grâce : du coup, pour nous, ce psaume devient encore plus parlant ; nous savons que c'est Jésus-Christ qui délivre définitivement l'humanité de ses chaînes. A sa suite, et même avec lui, nous pouvons chanter : « Comment rendrai-je au SEIGNEUR tout le bien qu'il m'a fait ? ».

DEUXIEME LECTURE - Hébreux 9, 11 - 15

Le Christ est le grand prêtre du bonheur qui vient.
Le temple de son corps
est plus grand et plus parfait que celui de l'ancienne Alliance ;
il n'a pas été construit par l'homme,
et n'appartient donc pas à ce monde.
12 C'est par ce temple qu'il est entré une fois pour toutes
dans le sanctuaire du ciel
en répandant, non pas le sang des animaux,
mais son propre sang :
il a obtenu ainsi une libération définitive.
13 S'il est vrai qu'une simple aspersion avec du sang d'animal,
ou avec de l'eau sacrée,
rendait à ceux qui s'étaient souillés
une pureté extérieure,
pour qu'ils puissent célébrer le culte,
14 le sang du Christ, lui, fait bien davantage :
poussé par l'Esprit éternel,
Jésus s'est offert lui-même à Dieu
comme une victime sans tache ;
et son sang purifiera notre conscience
des actes qui mènent à la mort
pour que nous puissions célébrer le culte du Dieu vivant.
15 Voilà pourquoi il est le médiateur d'une Alliance nouvelle :
puisqu'il est mort
pour le rachat des fautes commises sous l'ancienne Alliance,
ceux qui sont appelés
peuvent recevoir l'héritage éternel déjà promis.
La lettre aux Hébreux s'adresse à des Chrétiens qui connaissent parfaitement bien la religion juive et l'Ancien Testament ; c'est d'ailleurs ce qui la rend un peu difficile pour nous parce qu'elle parle abondamment de tous les rites juifs que nous ne connaissons pas toujours très bien ! Ici, par exemple, il est question de prêtre, de temple, de sacrifice, de victime, de sang versé : tous ces mots appartiennent à l'Ancien Testament : nous les connaissons, nous les utilisons, nous aussi, en Christianisme, mais nous serions parfois bien en peine de dire quelles réalités ils recouvrent, pour les Juifs, d'une part, pour les Chrétiens, de l'autre, et s'il s'agit bien de la même chose !

L'objectif clairement avoué de la lettre aux Hébreux est de nous dire : les mots sont ceux de l'Ancien Testament mais la réalité qu'ils recouvrent est totalement nouvelle : parce que, avant Jésus-Christ, on était dans le régime de la première Alliance, alors que, désormais, nous sommes dans le régime de la Nouvelle Alliance. Nous avons déjà eu souvent l'occasion de déchiffrer au long de l'histoire biblique un changement radical d'orientation, de compréhension, une conversion du sens de certains mots (la crainte de Dieu par exemple) ou de certains gestes : rappelons-nous l'évolution des sacrifices. Tout récemment, nous avons vu comment a évolué la foi au Dieu unique jusqu'à ce qu'on puisse enfin entendre la Révélation du Dieu-Trinité.

En lisant la lettre aux Hébreux, il est plus que jamais indispensable de se rappeler que Dieu a déployé auprès de son peuple une pédagogie très lente, très patiente ; au départ, quand Dieu a choisi les Hébreux pour en faire son peuple, ils avaient une religion semblable à celle de leurs voisins, inspirée par une certaine idée de Dieu : au fur et à mesure que Dieu se révélait à eux tel qu'il est et non tel qu'on se l'imaginait, inévitablement, l'attitude de l'homme changeait ; les gestes religieux étaient épurés, convertis, transformés.

Avec la venue du Christ, sa vie terrestre, sa Passion, sa mort et sa Résurrection, tout ce qui a précédé est considéré par les Chrétiens comme une étape nécessaire, mais révolue ; et donc, c'est volontairement que l'auteur de la lettre aux Hébreux accumule les références aux usages de l'Ancien Testament pour annoncer haut et fort qu'ils sont caducs.

Mais, pour comprendre le nouveau sens des mots, il faut refaire le chemin qu'ont fait les hommes de l'Ancien Testament, comprendre quelle logique animait tout le culte juif avant Jésus-Christ. Au départ, tout reposait sur l'idée d'un Dieu lointain, tout-puissant, qui tenait entre ses mains le sort de l'humanité. Tout-Autre que l'homme, il demeurait dans des horizons inaccessibles : aucun homme ne pouvait l'atteindre, ni même l'apercevoir : pour l'atteindre, il aurait presque fallu n'être plus un homme ; or il fallait bien l'atteindre pour qu'il entende les prières des hommes et qu'il répande sur eux tous les bienfaits dont lui seul avait le secret.

De là est née l'institution du sacerdoce : certains hommes étaient mis à part, séparés des autres, pour être réservés (on disait « consacrés ») au rôle d'intermédiaires entre Dieu et le reste du peuple. Pour accéder au domaine de Dieu, le domaine du « sacré », il leur fallait quitter définitivement le domaine des autres hommes, qu'on appelait le domaine profane. Concrètement, c'était la tribu des lévites qui avait été mise à part, de façon définitive, et, à l'intérieur de cette tribu, une famille précise était consacrée de manière particulière. Pris dans cette famille, le prêtre devait encore être consacré par des rites précis (bains rituels, onction, aspersion, sacrifices de consécration) ; il portait des vêtements spéciaux et il devait observer des règles de pureté très sévères pour être en permanence maintenu dans la sphère du sacré. Il y avait donc tout un système de séparations successives entre les hommes du sacré et le peuple.

Le prêtre ne pouvait pas non plus entrer en contact avec Dieu n'importe où, n'importe comment : d'où l'institution du Temple, et l'organisation extrêmement précise du culte. Le Temple étant le lieu du sacré, il ne pouvait être question d'y laisser pénétrer des profanes ; ce qui explique la série d'enceintes successives à l'intérieur du Temple de Jérusalem, qui reproduisait le même système de séparations que dans la société : seuls les prêtres pouvaient entrer dans le domaine de Dieu, et seul le grand prêtre pouvait accéder jusqu'au Saint des Saints, là où réside la Présence de Dieu. Toutes ces précautions prises, que faire pour être sûr d'entrer en contact avec Dieu, pour offrir à ce Maître de la Vie un présent digne de lui ? On n'a rien trouvé de mieux que de lui offrir un être vivant, dont le sang répandu est le symbole de la vie qui circulait en lui. Le Dieu d'Israël a fait savoir dès le début qu'il ne voulait à aucun prix de sacrifice humain, mais il n'a pas refusé tout de suite les sacrifices d'animaux : une pédagogie ne peut se faire que par étapes.

Jésus est venu faire franchir à l'humanité le pas décisif : parce que Dieu est tout proche de l'homme, tout l'ancien système de séparation des prêtres devient caduc ; Jésus n'est pas de la tribu de Lévi, ce n'est plus nécessaire ; plus besoin de temple non plus, puisque le lieu de rencontre entre Dieu et l'homme c'est le Dieu fait homme ; plus besoin de sacrifices sanglants : le Dieu de la Vie nous demande de consacrer notre vie à servir nos frères, ce que Jésus a fait et nous donne désormais la force de faire.

EVANGILE - Marc 14, 12-16. 22-26

Le premier jour de la fête des pains sans levain,
où l'on immolait l'agneau pascal,
les disciples de Jésus lui disent :
« Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs
pour ton repas pascal ? »
13 Il envoie deux disciples :
« Allez à la ville ;
vous y rencontrerez un homme portant une cruche d'eau.
Suivez-le.
14 Et là où il entrera,
dites au propriétaire :
Le maître te fait dire : Où est la salle
où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?
15 Il vous montrera à l'étage,
une grande pièce toute prête pour un repas.
Faites-y pour nous les préparatifs. »
16 Les disciples partirent, allèrent en ville ;
tout se passa comme Jésus le leur avait dit ;
et ils préparèrent la Pâque.
22 Pendant le repas,
Jésus prit du pain,
prononça la bénédiction, le rompit
et le leur donna, en disant :
« Prenez, ceci est mon Corps. »
23 Puis, prenant une coupe,
et rendant grâce, il la leur donna,
et ils en burent tous.
24 Et il leur dit :
« Ceci est mon Sang,
le sang de l'Alliance,
répandu pour la multitude.
25 Amen, je vous le dis :
je ne boirai plus du fruit de la vigne,
jusqu'à ce jour où je boirai un vin nouveau
dans le royaume de Dieu. »
26 Après le chant d'action de grâce,
ils partirent pour le mont des Oliviers.

On imagine bien dans quelle ambiance Jésus a célébré ce dernier repas : dans tout Jérusalem, on préparait la Pâque ; d'innombrables agneaux étaient égorgés au Temple pour être ensuite partagés en famille ; dans les maisons, c'était le premier jour de la fête des pains sans levain (on disait des « azymes »), les femmes débarrassaient méticuleusement la maison de toute trace du levain de l'année écoulée pour accueillir le levain nouveau, huit jours plus tard.

Depuis des siècles, ces deux rites commémoraient la libération d'Egypte, au temps de Moïse : ce jour-là, Dieu était « passé » parmi son peuple pour en faire un peuple libre ; puis, au Sinaï, il avait fait Alliance avec ce peuple et le peuple s'était engagé dans cette Alliance, « Tout ce que le SEIGNEUR a dit, nous y obéirons » (nous l'avons entendu dans la première lecture) parce qu'il faisait confiance à la Parole du Dieu libérateur ; et le psaume 115/116 répétait en écho « Je suis, SEIGNEUR, ton serviteur, moi dont tu brisas les chaînes ».

Désormais, pour toutes les générations suivantes, célébrer la Pâque, c'était entrer à son tour dans cette Alliance, vivre d'une manière nouvelle, débarrassée des vieux ferments, libérée de toute chaîne. Car faire mémoire, ce n'est pas seulement égrener des souvenirs, c'est vivre aujourd'hui de l'oeuvre inlassable de Dieu qui fait de nous des hommes libres.

Il est clair, dans cet évangile, que Jésus a choisi d'inscrire ses derniers instants dans cette perspective-là, perspective d'Alliance, perspective de vie libérée : « Ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, répandu pour la multitude. » Ce soir-là, il ne fait aucun doute pour personne qu'il parle de sa mort et de son sang qui va être répandu ; mais voilà qu'il donne à sa mort le sens d'un Sacrifice d'Alliance avec Dieu, dans la ligne de celui de Moïse au Sinaï. Le problème, c'est qu'il ne pouvait être question pour aucun Juif, même pas pour les disciples, d'envisager le moins du monde la Passion du Christ comme un sacrifice : Jésus n'est pas prêtre, il n'est pas de la tribu de Lévi, et surtout son exécution s'est déroulée hors du Temple, hors même des murs de Jérusalem ; or seul un prêtre pouvait offrir des sacrifices à Dieu et ce ne pouvait être que dans le Temple de Jérusalem. Enfin, et c'est beaucoup plus grave, il n'était pas possible en Israël d'envisager la mort d'un homme comme un sacrifice susceptible de plaire à Dieu : il y avait des siècles qu'on savait cela. Ceux qui ont exécuté Jésus n'ont jamais eu l'intention d'accomplir un sacrifice : ils ont cru se débarrasser purement et simplement d'un mauvais Juif qui, à leurs yeux, troublait la vie et la religion du peuple d'Israël.

Pourtant, c'est clair, Jésus, lui, donne à sa mort le sens d'un sacrifice, le sacrifice de l'Alliance nouvelle : mais en donnant désormais un tout autre sens au mot « sacrifice ». Là, il est dans la droite ligne du prophète Osée qui avait bien dit (mais on ne l'avait pas encore suffisamment compris) : « C'est la miséricorde que je veux et non les sacrifices, la connaissance de Dieu et non les holocaustes » (Os 6, 6). A bien comprendre Osée, le vrai sens du mot « sacrifier » (sacrum facere, en latin, faire sacré) c'est tout simplement connaître Dieu et lui ressembler en faisant oeuvre de miséricorde ; les deux vont ensemble, c'est clair. Jésus est venu nous montrer jusqu'où va cette miséricorde de Dieu : elle va jusqu'à pardonner à ceux qui tuent le maître de la Vie. Désormais, ceux qui veulent bien regarder vers le crucifié, et y reconnaître le vrai visage de Dieu, sont frères du Christ : ils connaissent, tel qu'il est vraiment, le Dieu de tendresse et de pitié, et, à leur tour, ils peuvent vivre, dans la tendresse et la pitié. Finalement, c'est cela, être des hommes libres. Parce que nos pires chaînes sont celles que nous dressons entre nous.

Voilà la vie nouvelle à laquelle nous sommes invités et qui est symbolisée par le pain sans levain, le pain azyme : c'est la raison pour laquelle notre Eglise est restée fermement attachée à la tradition des pains azymes pour fabriquer les hosties ; quand Jésus a dit « Ceci est mon Corps », il avait entre les mains un morceau de pain sans levain, une « matsah » : il annonçait ainsi une nouvelle manière d'être homme, pure, c'est-à-dire libre. Il nous invitait, comme dit la lettre aux Ephésiens, à « revêtir l'homme nouveau, créé selon Dieu, dans la justice et la sainteté qui viennent de la vérité. » (Ep 4, 24).
Dans ce sens-là, Jésus peut bien être comparé à l'agneau pascal : non pas qu'il serait une victime égorgée pour plaire à Dieu, mais parce que le sang de l'agneau pascal signait l'Alliance entre le Dieu libérateur et son peuple ; le nouvel agneau pascal, parce qu'il dévoile enfin aux yeux des hommes le Vrai Visage de Dieu libère les hommes de toutes leurs fausses images de Dieu et alors l'Alliance est possible. C'est parce qu'il est en lui-même l'incarnation de l'Alliance qu'il peut vivre tous ces événements en homme libre « Ma vie, on ne me la prend pas, c'est moi qui la donne. » L'acceptation libre, volontaire de sa mort, est bien le summum de la liberté ; il en a la force parce que, pas un instant, il ne doute de son Père. C'est sur ce chemin-là qu'il nous entraîne ; désormais, pour participer au « bonheur qui vient » (deuxième lecture), nous accomplissons ce que Jésus nous a dit de faire « en mémoire de lui ». Ce « bonheur qui vient », c'est l'humanité enfin rassemblée dans l'amour autour de lui au point de ne faire qu'un seul Corps ; pour être en union avec Dieu, il nous suffit désormais d'être en communion avec Jésus-Christ.

*****************
Compléments
Voici l'une des prières qui est dite pendant le repas pascal juif : « Béni sois-tu, Seigneur notre Dieu, roi du monde, qui fais sortir le pain de la terre. Béni sois-tu, Seigneur notre Dieu, roi du monde, qui nous as sanctifiés par tes ordonnances, et nous ordonnas de manger le pain azyme. »
Saint Paul : « Ne savez-vous pas qu'un peu de levain fait lever toute la pâte ? Purifiez-vous du vieux levain pour être une pâte nouvelle, puisque vous êtes sans levain. Car le Christ, notre Pâque, a été immolé. Célébrons donc la fête, non pas avec du vieux levain, ni avec du levain de méchanceté et de perversité, mais avec des pains sans levain : dans la pureté et dans la vérité. » ( 1 Co 5, 6 - 8 ).
L'intelligence des écritures

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31 mai 2012 4 31 /05 /mai /2012 22:34

Le vendredi 10 février 2012, à l'invitation et sous le parainage de l'Equipe d'Animation Pastorale d'Ozoir-la-Ferrière, une conférence était donnée dans la salle paroissiale par le Professeur Jean-Yves Naudet.

 

Jean-Yves Naudet est économiste, Professeur à la Faculté de droit de l’Université d’Aix-Marseille, Président de l’Association des Économistes Catholiques, Membre de l’Académie Catholique de France. Il est aussi Directeur du Centre de Recherches en Éthique Économique, Vice-président de l’Association Internationale pour l’Enseignement Social Chrétien et il enseigne l’Éthique économique et la Doctrine sociale de l’Église dans de nombreux établissements (dont des séminaires).


Voici, en 2 parties, la vidéo de cette conférence, dont la qualité fut louée par l'auditoire bien garni. Parmi celui-ci, figuraient, notamment, les Pères André Dumortier et Charles Kuzo, le Père Régis Martin ayant été retenu par une AG de l'aumônerie scolaire.

A l’issue de la conférence, Jean-Yves Naudet a répondu aux questions de l'assistance et dédicacé son dernier livre, "La doctrine sociale de l'Église, une éthique pour notre temps.

 

Un grand merci à l'EAP d'Ozoir-la-Ferrière pour avoir rendu possible cette manifestation !

 

  Partie 1

Première partie de la conférence du Professeur Jean-Yves Naudet, donnée le 10 février 2012 à Ozoir-la-Ferrière : "Une éthique économique pour temps de crise : Caritas in Veritate, de Benoît XVI"

Partie 2

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29 mai 2012 2 29 /05 /mai /2012 23:14

marie-nolle-thabut.jpgJe suis, chaque dimanche, impressionné par la qualité des commentaires de Marie-Noëlle Thabut sur les textes que nous propose la liturgie du jour.

 

Ces commentaires, trouvés sur le site "Eglise catholique en France", permettent à toute personne de bonne volonté, chrétienne ou non, de mieux comprendre la Bible, le livre le plus diffusé au monde. Notamment, en

  • donnant des explications historiques ;

  • décodant le langage imagé utilisé par l'auteur.

Je souhaite arriver à mettre ici, chaque dimanche, les commentaires de Marie-Noëlle Thabut. Ma seule contribution consiste à surligner les passages que je trouve les plus importants ou enrichissants et à écrire en rouge ceux qui parlent d'un thème qui m'est cher : la liberté (trois autres pages de mon blog sont consacrées à ces passages des Evangiles, du reste du Nouveau Testament ou de l'Ancien Testament qui parlent de la liberté, directement ou indirectement)

 

Version audio (le lien sera inopérant dans un premier temps), trouvée sur le site de Radio-Notre-Dame.

 

PREMIERE LECTURE - Deutéronome 4, 32-34. 39-40

Moïse disait au peuple d'Israël :
32 « Interroge les temps anciens qui t'ont précédé,
depuis le jour où Dieu créa l'homme sur la terre :
d'un bout du monde à l'autre,
est-il arrivé quelque chose d'aussi grand,
a-t-on jamais connu rien de pareil ?
33 Est-il un peuple qui ait entendu comme toi
la voix de Dieu parlant au milieu de la flamme,
et qui soit resté en vie ?
34 Est-il un dieu qui ait entrepris de se choisir une nation,
de venir la prendre au milieu d'une autre,
à travers des épreuves, des signes, des prodiges et des combats,
par la force de sa main et la vigueur de son bras,
et par des exploits terrifiants
comme tu as vu le SEIGNEUR ton Dieu,
le faire pour toi en Egypte ?
39 Sache donc aujourd'hui, et médite cela dans ton coeur :
le SEIGNEUR est Dieu,
là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre,
et il n'y en a pas d'autre.
40 Tu garderas tous les jours
les commandements et les ordres du SEIGNEUR
que je te donne aujourd'hui,
afin d'avoir, toi et tes fils, bonheur et longue vie
sur la terre que te donne le SEIGNEUR ton Dieu. »
Nous lisons ce texte pour la fête de la Trinité, mais s'il est bien question de Dieu, du Seigneur et de tout ce qu'il a fait pour son peuple, nous n'avons pas entendu le mot « Trinité » ; tout simplement parce que, lorsque le livre du Deutéronome a été écrit, la révélation n'en était pas encore là, si j'ose dire. La découverte du mystère de la Trinité sera la dernière étape de la révélation de Dieu à son peuple. A l'époque du Livre du Deutéronome et pendant tout l'Ancien Testament, il s'agissait d'abord de libérer le peuple du polythéisme. Parce que, tout au début de l'histoire d'Israël, quand Dieu a choisi le peuple élu pour se révéler aux hommes, les peuples du Moyen Orient étaient polythéistes ; dans ce contexte-là, il était impossible pour l'homme d'entendre le double message : Dieu est UN et il est en Trois Personnes. La première étape de la pédagogie de Dieu a donc été de se révéler d'abord comme le Dieu Unique (et c'est l'objet de l'Ancien Testament) ; la deuxième étape sera l'objet du Nouveau Testament : ce Dieu UN n'est pas solitaire, il est une communion d'amour entre trois Personnes.

Revenons à ce texte du Livre du Deutéronome. Nous avons là, en quelques lignes, tout le catéchisme du peuple d'Israël ; nous sommes donc dans la première étape de la pédagogie de Dieu ; l'auteur inspiré insiste : « Sache donc aujourd'hui, et médite cela dans ton coeur : le SEIGNEUR est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre, et il n'y en a pas d'autre. » Sous-entendu, il n'y a pas les dieux du ciel et ceux de la mer, et ceux des armées et ceux de la fécondité... Dieu seul est Dieu.

Curieusement, dans ce catéchisme, il n'y a pas de définition de Dieu, ni de description de Dieu ; en revanche, il y a la longue énumération émerveillée des oeuvres de Dieu pour l'humanité, puis pour son peuple élu. Dieu a créé l'humanité (« Interroge les temps anciens qui t'ont précédé, depuis le jour où Dieu créa l'homme sur la terre... »), Dieu a parlé à son peuple (« Est-il un peuple qui ait entendu comme toi la voix de Dieu parlant du milieu de la flamme ...? » Il s'agit du Sinaï), Dieu a choisi ce peuple et l'a libéré (« Est-il un dieu qui ait entrepris de se choisir une nation, de venir la prendre au milieu d'une autre ...? »), Dieu lui a donné les commandements comme recette du bonheur pour tous (« Tu garderas tous les jours les commandements et les ordres du SEIGNEUR que je te donne aujourd'hui, afin d'avoir, toi et tes fils, bonheur et longue vie... »), enfin Dieu a donné à son peuple sa terre.

J'ai parlé d'émerveillement : « Interroge les temps anciens... Est-il arrivé quelque chose d'aussi grand, a-t-on jamais rien connu de pareil ? » Il y a là la reconnaissance du peuple élu, conscient d'avoir été choisi sans aucun mérite de sa part ; il y a aussi et surtout la surprise, l'étonnement, devant cette révélation d'un Dieu tellement inattendu, tellement différent de tout ce qu'on aurait pu imaginer ! Un Dieu créateur, c'est facile à imaginer, mais un Dieu qui se révèle, un Dieu qui choisit une nation, qui vient la « prendre », la distinguer, qui s'intéresse à elle, qui intervient pour elle à de multiples reprises, qui lui donne une terre, qui lui dévoile les secrets du bonheur et de la vie...
On imaginait spontanément un Dieu de puissance, celui qu'on appelait « Elohim » ; mais on a découvert tellement plus merveilleux : ou plutôt, on n'a rien découvert, c'est Dieu qui s'est révélé... Dieu seul peut parler valablement de Dieu. Il nous fallait bien la Révélation ! Et Dieu s'est révélé non comme l'Elohim, le Dieu de la puissance mais comme le SEIGNEUR, le Dieu de la Présence. Le fameux nom de Dieu, révélé à Moïse, ce nom en quatre lettres « YHVH » qu'on ne prononce jamais, dit justement la Présence permanente de Dieu auprès de son peuple, hier, aujourd'hui et demain.

Cette présence permanente de Dieu auprès de son peuple, il restera à découvrir qu'elle n'est pas réservée à Israël, que Dieu est le Dieu de tous les hommes ; là encore, il faut déchiffrer la pédagogie de Dieu ; dans un contexte historique où chaque peuple, pour se faire sa place au soleil, croit avoir son ou ses dieux qui combattent avec lui, aucun peuple au monde, et pas non plus le peuple hébreu, n'aurait pu envisager un dieu qui aurait été pour lui sans prendre parti contre tous les autres.

Puis, peu à peu, le peuple élu découvrira qu'il a été élu, non au détriment des autres, mais au service de tous les autres. Comme le dit André Chouraqui : « Le peuple de l'Alliance est le futur instrument de l'Alliance des peuples ».

Le Livre du Deutéronome que nous lisons aujourd'hui est un livre déjà tardif de la Bible et il amorce bien cette étape de la Révélation : à la fois Israël est le peuple élu (« Est-il un peuple qui ait entendu comme toi la voix de Dieu ? ») et en même temps Dieu est le Dieu de tous les peuples, puisqu'il est le seul Dieu : « Sache donc aujourd'hui, et médite cela dans ton coeur : le SEIGNEUR est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre, et il n'y en a pas d'autre. »

PSAUME 32 (33), 4-5. 6. 9. 18. 20. 21-22

Elle est droite la parole du SEIGNEUR ;
il est fidèle en tout ce qu'il fait.
5 Il aime le bon droit et la justice ;
la terre est remplie de son amour.

6 Le SEIGNEUR a fait les cieux par sa parole,
l'univers, par le souffle de sa bouche.
9 Il parla, et ce qu'il dit exista ;
il commanda et ce qu'il dit survint.

18 Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour.
20 Nous attendons notre vie du SEIGNEUR :
il est pour nous un appui, un bouclier.

21 La joie de notre coeur vient de lui,
notre confiance est dans son nom très saint.
22 Que ton amour, SEIGNEUR, soit sur nous
comme notre espoir est en toi !
Pas un mot du mystère de la Trinité dans ce psaume, au moins apparemment. Evidemment, puisque ce Mystère du Dieu Unique en Trois Personnes n'a été découvert par les croyants qu'après la Pentecôte. Mais en revanche des mots très beaux dans ces quelques versets sur l'énorme découverte que les hommes de l'Ancien Testament avaient déjà faite.

Vous avez entendu par exemple « La terre est remplie de son amour » : c'est déjà une superbe profession de foi ! Il a fallu tout un long chemin de Révélation pour que l'humanité découvre cette réalité fondamentale que Dieu est Amour et que la terre (entendez la Création) est remplie de son amour. Et c'est bien la caractéristique des croyants, il me semble : ils traversent l'existence et ses réalités de joie ou même d'épreuves en affirmant, quoi qu'il arrive, que la terre est remplie de l'amour de Dieu. Ce qui ne veut pas dire que l'amour règne partout sur la terre ! Ni l'amour universel, ni le bonheur ne sont encore au rendez-vous. Pour l'instant, ce qui est sûr, c'est que Dieu regarde le cosmos et l'humanité avec amour. Pour le reste, ce n'est pas encore accompli, mais c'est la vocation de la Création tout entière d'être le lieu de l'amour, du droit et de la justice. Il faut lire le verset en entier : « Il aime le bon droit et la justice ; la terre est remplie de son amour ».

L'amour de Dieu pour l'humanité est donc vieux comme le monde, pourrait-on dire : c'est le sens du rappel de la Création que nous entendons ici : « Le SEIGNEUR a fait les cieux par sa parole, l'univers, par le souffle de sa bouche. Il parla, et ce qu'il dit exista ; il commanda et ce qu'il dit survint. »

Mais Dieu ne s'est pas contenté de créer le cosmos et l'humanité un beau jour pour les abandonner à leur sort ensuite ; depuis l'aube du monde, il veille sur nous à chaque instant : « Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour ». Cette certitude de la foi est assise sur une expérience : celle de la vigilance de Dieu au long des siècles. Depuis Abraham, Isaac et Jacob, depuis Moïse et le buisson ardent et la sortie d'Egypte, et l'entrée en terre promise... et je pourrais reprendre les uns après les autres les événements de l'histoire du peuple élu, à chaque étape on a su, expérimenté que Dieu veille et que la terre est remplie de son amour.

Je reviens sur ce verset étonnant : « Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour ». Je ferai deux remarques. Premièrement, nous avons là une définition du mot « crainte » : Traduisez : ceux qui craignent le Seigneur, ce sont justement ceux qui mettent leur espoir en son amour, qui lui font confiance en toutes circonstances. Deuxièmement, on peut être surpris de la formulation : « Dieu veille sur ceux qui le craignent » ; on a envie de demander : « et les autres ? Ceux qui ne sont pas croyants ? Est-ce que Dieu ne veille pas sur eux ? Bien sûr, Dieu veille sur tous ses enfants, mais seuls ceux qui le connaissent le savent et peuvent le dire pour l'instant !
Autre caractéristique de ce psaume, l'importance attachée à la Loi ! L'amour du peuple d'Israël pour la Loi nous étonne parfois ; mais pour eux, cela va de soi car ils y voient l'expression de la vigilance de Dieu pour ses enfants : sa Loi nous accompagne, tout comme un code de la route protège des accidents et des faux pas ; elle est donc considérée comme un cadeau d'amour de Dieu. Et ce n'est pas un hasard si ce psaume comporte exactement vingt-deux versets, (qui correspondent aux vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu), en hommage à la Parole de Dieu qui est le tout de notre vie, de A à Z.

Et désormais pour les croyants, la seule attitude valable, la seule manière de respecter Dieu c'est d'obéir aux commandements, parce qu'on sait qu'ils ne sont guidés que par l'amour. C'est exactement le sens de la profession de foi juive (Dt 6, 4) : « Tu aimeras le SEIGNEUR ton Dieu de tout ton coeur, de tout ton être, de toute ta force. » Traduisez « Tu l'aimeras, tu lui feras confiance et (parce que c'est inséparable) tu observeras ses commandements, sa parole » ; c'est le deuxième sens du mot « parole » ; le verset « Oui, elle est droite, la parole du SEIGNEUR » est un hommage à la Parole créatrice, mais aussi à la Loi donnée par Dieu.

Car il ne faut pas oublier que la création dont on s'émerveille le plus en Israël, ce n'est pas celle de la terre, c'est celle du peuple. A chaque époque de son histoire, la parole de Dieu l'appelle à la liberté, et lui donne la force de conquérir cette liberté ; liberté par rapport à toute idolâtrie, liberté par rapport à tout esclavage.

A première vue, dans ces versets, comme je le disais en commençant, nous ne trouvons pas trace de la Trinité. Il a fallu attendre la venue du Christ pour comprendre que la Parole de Dieu dont ce psaume a tant parlé est une Personne : « Au commencement était le Verbe... Tout fut par lui, et rien de ce qui fut ne fut sans lui », médite Saint Jean dans son prologue ; alors nous pouvons donner tout leur sens aux affirmations du psaume 32/33 : « Oui, elle est droite, la parole du SEIGNEUR ; il est fidèle en tout ce qu'il fait... Le SEIGNEUR a fait les cieux par sa Parole, l'univers, par le souffle de sa bouche... Il parla et ce qu'il dit exista ; il commanda et ce qu'il dit survint. »

DEUXIEME LECTURE - Romains 8, 14 - 17

Frères,
14 tous ceux qui se laissent conduire par l'Esprit de Dieu,
ceux-là sont fils de Dieu.
15 L'Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves,
des gens qui ont encore peur ;
c'est un Esprit qui fait de vous des fils ;
poussés par cet Esprit,
nous crions vers le Père
en l'appelant « Abba ! »
16 C'est donc l'Esprit Saint lui-même qui affirme à notre esprit
que nous sommes enfants de Dieu.
17 Puisque nous sommes ses enfants,
nous sommes aussi ses héritiers ;
héritiers de Dieu,
héritiers avec le Christ,
à condition de souffrir avec lui
pour être avec lui dans la gloire.
A l'époque de Paul, l'esclavage faisait partie de la réalité quotidienne et c'est cette réalité qui lui a inspiré la méditation que nous lisons ici. Lorsqu'un maître de maison a auprès de lui en même temps des fils et des esclaves, les uns et les autres n'ont évidemment pas avec lui le même type de relations. L'esclave a peur de son maître, il se sait à sa merci ; le fils, lui, vit dans la confiance, la sécurité. Quand il dit « Père » (« Abba »), il sait d'avance qu'il sera entendu, compris, aimé. Tous les deux (l'esclave et le fils) obéissent ; car le propre du maître de maison, du père, c'est de dire la loi ; un père qui ne donne pas de loi n'est pas un père, on le sait bien, et il ne fait grandir personne ; mais la grande différence entre l'esclave et le fils devant la loi du père, c'est que l'esclave obéit par peur du châtiment, tandis que le fils obéit par confiance dans la sagacité de son père.

Si, dans la lettre aux Romains, Paul s'intéresse tant à ce sujet, c'est qu'il y voit une image de notre relation à Dieu. Dieu est notre Père, il l'est depuis toujours, et donc, dès le début de la création, il veut nouer avec l'humanité un rapport de père à fils ; mais voilà, l'homme a bien du mal à se comporter en fils. Ne croyant pas que Dieu est Père, l'homme se comporte non pas en fils mais en esclave : il a peur de son maître et il lui prête toute sorte de mauvaises intentions : il imagine un maître jaloux, exigeant, vindicatif et injuste. Il est clair que dans tout le début de la lettre aux Romains, Paul a toujours devant les yeux le portrait d'Adam : Adam, c'est une manière d'être homme qui consiste justement à soupçonner Dieu ; Adam se méfie du commandement donné par Dieu, parce qu'il s'imagine que ce commandement est mal intentionné !... Et donc, Adam désobéit à la loi de Dieu, puis il se cache quand Dieu l'appelle, pensant que Dieu va certainement se venger de cette désobéissance...
De la même manière, plus tard, quand Dieu dira à Caïn « domine ta violence, pour ne pas te laisser dominer par elle », Caïn n'écoutera pas et tuera Abel... Et voilà, l'engrenage de la violence et du malheur est installé. Si Adam avait fait confiance, il aurait simplement obéi au commandement ; il n'aurait pas eu peur de Dieu qui le cherchait ; si Caïn avait fait confiance au conseil qui lui était donné, il se serait dominé. La racine de la désobéissance, au fond, c'est le manque de confiance.

Si l'on peut dire « Pour Paul, Adam, c'est une manière d'être homme », c'est parce que Paul sait bien que Adam n'est pas un individu particulier qui serait le premier specimen de l'humanité ; les rabbins juifs ont même l'habitude de dire « chacun est Adam pour soi ». Manière de dire que chacun de nous est esclave de la fausse idée qu'il se fait de Dieu. Et cet esclavage-là est le pire de tous ; on l'appelle « originel » précisément parce qu'il est à la racine de nos comportements et qu'il engendre le malheur de l'humanité ; d'ailleurs, quand on parle de ce texte du livre de la Genèse, on l'appelle le « récit de la chute d'Adam » ; le mot « chute » dit bien qu'il s'agit d'un engrenage épouvantable ; comme on dit « mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose », on pourrait dire « soupçonnez, soupçonnez, il en restera toujours quelque chose ». Parce que, une fois le soupçon installé, il défigure tout ; c'est vraiment à la base que tout est faussé ; on pourrait reprendre les commandements l'un après l'autre ; le premier manquement était peut-être sans gravité, et croyait-on sans lendemain ; c'était une exception ; mais qui a volé volera, qui a trompé trompera, qui a menti mentira ; Saint Paul décrit cet engrenage dans les premiers chapitres de cette lettre aux Romains, et il brosse un tableau tellement triste qu'on a envie de dire « pauvre humanité ». Les nouvelles du monde, que nous entendons certains jours, ne sont pas plus réjouissantes !

Mais Paul ne reste pas sur ce triste bilan ! Car il sait, lui, que la face du monde est changée par la venue, la vie, la mort et la Résurrection du Christ. A l'opposé du chemin d'Adam, l'autre chemin, l'autre voie, c'est celle du Christ : lui, dont Jean dit qu'il est celui qui est en permanence « tourné vers le Père » dans l'attitude du dialogue sans ombre ; même en plein coeur de l'épreuve, de l'angoisse devant la torture et la mort violente, « Il disait : « Abba, Père, à toi tout est possible, écarte de moi cette coupe. Pourtant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » (Mc 14, 36). Parce que sa confiance en son Père était plus forte que toute autre voix. Déjà, le récit des tentations dans les évangiles nous le montrait résistant aux propositions les plus alléchantes de celui qu'on appelle le diviseur (c'est le sens du mot grec « diabolos » qui se traduit « diable »), celui qui voulait le séparer de son Père. Le secret de Jésus, l'évangile le précise bien, c'est qu'il est rempli de l'Esprit de Dieu, habité, conduit par cet Esprit. Quand Paul dit « à condition de souffrir avec lui », c'est de cela qu'il parle : il n'y a pas de souffrance exigée par Dieu, mais il y a une attitude à adopter : dans nos épreuves, être avec le Christ, nous comporter comme lui, nous laisser conduire, comme lui, par l'Esprit.

Toute l'histoire de l'humanité est celle d'un long apprentissage pour passer de l'attitude de l'esclave (celle d'Adam) à l'attitude de fils, celle de Jésus-Christ. Quand les rabbins juifs disent « chacun est Adam pour soi », ils ne veulent pas dire que nos vies se déroulent toutes et tout le temps sous le signe d'Adam. Nous avons nos heures selon Adam et nos heures selon le Christ. Les heures « selon le Christ », ce sont celles où nous nous laissons mener par l'Esprit qui nous habite depuis notre Baptême ; quand Paul dit « nous souffrons avec Jésus », il pense à tous ces moments de tentation qui sont autant d'épreuves à surmonter : allons-nous faire confiance au sein même de l'épreuve, garder le cap de notre vocation ou de nos engagements, obéir au commandement parce qu'il ne peut qu'être bon pour nous et pour les autres...? Si nous reprenons le même chemin que Jésus, si, résolument, nous refusons le soupçon d'Adam, si nous acceptons de faire confiance à Dieu au jour le jour, nous nous conduisons comme Jésus en fils de Dieu et nous vivons de la vie de Dieu ; c'est ce que Paul appelle « être avec lui dans la gloire ».

EVANGILE - Matthieu 28, 16 - 20

Au temps de Pâques,
16 Les onze disciples s'en allèrent en Galilée,
à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.
17 Quand ils le virent, ils se prosternèrent,
mais certains eurent des doutes.
18 Jésus s'approcha d'eux et leur adressa ces paroles :
« Tout pouvoir m'a été donné
au ciel et sur la terre.
19 Allez donc !
De toutes les nations faites des disciples,
baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit ;
20 et apprenez-leur
à garder tous les commandements que je vous ai donnés.
Et moi, je suis avec vous
tous les jours jusqu'à la fin du monde. »
Aussitôt après la Résurrection, voici le très bref discours d'adieu de Jésus. Cela se passe en Galilée qu'on appelait couramment le « carrefour des païens », la « Galilée des nations » ; car désormais la mission des Apôtres concerne « toutes les nations ». L'Evangile de Matthieu semble tourner court : mais, en fait, l'aventure commence ; tout se passe comme dans un film où le mot « FIN » s'inscrit sur une route qui ouvre vers l'infini. Car c'est bien vers l'infini que Jésus les envoie : l'immensité du monde et l'infini des siècles ; « Allez... De toutes les nations faites des disciples... Jusqu'à la fin du monde. »

Curieusement, ils n'ont l'air qu'à moitié préparés à cette mission ! Si Jésus était un chef d'entreprise, il ne pourrait pas prendre le risque de confier la suite de son affaire à des collaborateurs comme ceux-là : des collaborateurs qui semblent bien ne pas avoir assimilé toute la formation qu'il leur a assurée pendant trois ans. Ils font erreur sur l'objectif, sur les délais, sur la nature de l'entreprise. Ils vont même jusqu'à douter de la réalité qu'ils sont en train de vivre ; puisque Matthieu dit clairement « Certains eurent des doutes ». La mission qui leur est confiée et qui est pleine de risques est de promouvoir un message qui les surprend encore. Folie, diront les gens sages, Sagesse de Dieu répondrait Saint Paul. C'est que l'entreprise dont il s'agit n'est pas banale : elle dépasse tout ce que l'esprit humain peut imaginer ou concevoir. Il s'agit de la communication entre Dieu et les hommes. Celui qui est venu en allumer l'étincelle confie à ses disciples le soin d'en répandre le feu. « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit. »

« Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » : nous n'avons pas souvent l'occasion de nous arrêter sur cette formule extraordinaire de notre foi. Première formulation du mystère de la Trinité : l'expression « Au nom de », très habituelle dans la Bible, signifie qu'il s'agit bien d'un seul Dieu ; en même temps les trois Personnes sont nommées et bien distinctes : « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » Si l'on se souvient que le NOM, dans la Bible, c'est la personne, et que baptiser veut dire étymologiquement « plonger », cela veut dire que le Baptême nous plonge littéralement dans la Trinité. On comprend l'ordre express de Jésus à ses disciples « Allez donc », il y a urgence. Comment ne pas être pressés de voir toute l'humanité profiter de cette proposition ?

En même temps, il faut bien dire que cette formule, si habituelle pour nous aujourd'hui, était pour la génération du Christ une véritable révolution ! A preuve, quand les apôtres, Pierre et Jean, ont guéri le boiteux de la Belle Porte (Ac 3 et 4), les autorités leur ont aussitôt demandé « Au nom de qui avez-vous fait une chose pareille ? » : parce qu'il n'était pas permis d'invoquer un autre nom que celui de Dieu ; Jésus parle bien de Dieu, mais sa phrase cite trois personnes, or Dieu était unique, les prophètes l'avaient assez dit. L'incompréhension des Juifs pour les fidèles du Christ est inscrite ici, la persécution était inévitable. Jésus le sait, qui les a prévenus le dernier soir : « On vous exclura des synagogues. Bien plus, l'heure vient où celui qui vous fera périr croira présenter un sacrifice à Dieu, (c'est-à-dire croira défendre l'honneur de Dieu)... Et Jésus ajoutait : « Ils agiront ainsi pour n'avoir connu ni le Père ni moi. » (Jn 16, 2 - 3).
La mission confiée aux apôtres s'apparente bien à une folie ; mais ils ne sont pas seuls, et cela, il ne faut jamais l'oublier : dans la mesure où notre engagement n'est pas le nôtre, mais le sien, nous n'avons pas de raison de nous inquiéter des résultats : « Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc ! »... En d'autres termes, c'est nous qui allons, mais c'est lui qui a tout pouvoir...

Voici ce que l'on raconte de Jean XXIII : il paraît que peu de jours après son élection il reçoit la visite d'un ami qui lui dit « Très Saint Père, comme la charge doit être lourde ! » Jean XXIII répond « C'est vrai, le soir, quand je me couche, je pense Angelo, tu es le Pape et j'ai bien du mal à m'endormir ; mais, au bout de quelques minutes je me dis Angelo, que tu es bête, le responsable de l'Eglise, ce n'est pas toi, c'est le Saint-Esprit... Alors je me tourne de l'autre côté et je m'endors...! » Nous aussi, semble-t-il, nous pouvons dormir sur nos deux oreilles : l'évangélisation doit être notre travail, mais pas notre angoisse ! Jésus a bien précisé « Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. »

A elle toute seule, cette petite phrase est un résumé extraordinaire de la vie du Christ : ceci se passe sur une montagne, a dit Matthieu ; laquelle on ne sait pas, mais elle évoque, bien sûr, celle de la tentation et celle de la Transfiguration ; sur la montagne de la tentation, Jésus a refusé de recevoir d'un autre que son Père le pouvoir sur la Création : « Le diable l'emmène sur une très haute montagne ; il lui montre tous les royaumes du monde avec leur gloire et lui dit : Tout cela je te le donnerai, si tu te prosternes et m'adores. Alors Jésus lui dit : Retire-toi, Satan ! Car il est écrit Le Seigneur ton Dieu tu adoreras et c'est à lui seul que tu rendras un culte. » (Mt 4, 8). Ce pouvoir que Jésus n'a pas revendiqué, n'a pas acheté, lui est donné par son Père.

Et, désormais, ce pouvoir est entre nos mains ! A nous d'y croire... « Allez donc ! Et moi, ajoute Jésus, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde. » Le Dieu de la Présence révélé à Moïse au buisson ardent, l'Emmanuel (ce qui signifie « Dieu avec nous ») promis par Isaïe ne font qu'un dans l'Esprit d'amour qui les unit. A nous désormais de révéler au monde cette présence aimante du Dieu-Trinité.

*****
Compléments
Qui donc est Dieu ? C'est la question que l'humanité se pose depuis le premier jour. Il y a deux manières d'y répondre : trouver la réponse nous-mêmes, tout seuls comme des grands... Mais cela suppose que le mystère de Dieu soit à notre portée. Ou bien laisser Dieu nous souffler lui-même la réponse... Et je dis bien « souffler » : depuis des milliers d'années, le souffle de Dieu nous révèle peu à peu qui Il est.
La Trinité : l'aboutissement de la trajectoire
Il a fallu toute la durée de l'Ancien Testament pour se libérer du polythéisme et croire en un Dieu unique ; ce fut, comme on sait, une oeuvre de longue haleine des prophètes. Encore ne parvint-on pas d'une seule traite au monothéisme pur. Une étape intermédiaire fut celle de l'hénothéisme : on professait un seul Dieu d'Israël, mais on concevait que les autres peuples aient leurs dieux. C'est pendant l'Exil à Babylone, semble-t-il, que l'on découvrit que Dieu est le Dieu unique de tout l'univers. La profession de foi « Shema Israël, Ecoute Israël, notre Dieu est le SEIGNEUR UN » prenait alors toute sa valeur. Mais cette unicité de Dieu aurait alors paru totalement incompatible avec la reconnaissance de l'Esprit comme une personne ; il a fallu pour cela la Pentecôte et l'expérience des premières communautés chrétiennes. Quant au Fils de Dieu, ce titre habituellement donné à chaque roi le jour de son sacre, ne signifiait nullement un lien d'engendrement. C'est Jésus lui-même qui l'a révélé, mais ses paroles n'ont été comprises, elles aussi, qu'à la lumière de la Pentecôte.
L'intelligence des écritures

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26 mai 2012 6 26 /05 /mai /2012 13:46

Voici une vidéo que j'ai réalisée hier qui explique ce qu'est la croissance économique et les différents moyens de l'obtenir. Les principales idées sont que :

- la croissance est souhaitable;

- ce n'est pas la croissance (tombée du ciel ?) qui permettrait d'augmenter le taux d'emploi, mais c'est l'inverse : l'augmentation du taux d'emploi (sans diminution du temps de travail moyen) permettrait d'obtenir de la croissance;

- l'augmentation du temps de travail contribuerait, elle aussi, à doper la croissance;

- le libéralisme (donc la non-intervention de l'Etat dans la vie économique), contrairement à l'étatisme, permettrait aussi de doper la croissance :

  • en faisant disparaître les "enrayeurs", c'est à dire les entraves étatistes de toute sorte,
  • en rendant inutiles les déperdition d'énergie pour lutter contre les enrayeurs,
  • en favorisant le retour au plein emploi (objet d'une vidéo à venir).

 

 

 

 

 

Toute suggestion pour la rendre plus courte, plus tonique, plus percutante sera la bienvenue. Merci d'avance.

 

 

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