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Blog de Thierry Jallas
Chrétien, donc libéral : "Rien par force, tout par amour"
(devise de saint François de
Sales) |
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381 La prière pour les gouvernants, recommandée par saint Paul durant les persécutions, indique explicitement ce que l'autorité
politique doit garantir: une vie calme et tranquille, à passer en toute piété et dignité (cf. 1 Tm 2, 1-2).
383 Le comportement de Dieu dans le gouvernement du monde, qui témoigne de si grands égards pour la liberté humaine, devrait inspirer la sagesse de ceux
qui gouvernent les communautés humaines. Ils ont à se comporter en ministres de la providence divine ».
Le message biblique inspire sans cesse la pensée
chrétienne sur le pouvoir politique, en rappelant qu'il jaillit de Dieu et qu'il fait partie intégrante de l'ordre qu'il a créé. Cet ordre est perçu par les consciences et se réalise, dans la
vie sociale, à travers la vérité, la justice, la liberté et la solidarité qui procurent la paix.
384 La personne humaine est le fondement et la fin de la communauté politique. Dotée de rationalité, elle est responsable
de ses choix et capable de poursuivre des projets qui donnent un sens à sa vie, au niveau individuel et social. L'ouverture à la Transcendance et aux autres est le trait qui la
caractérise et la distingue: ce n'est qu'en rapport à la Transcendance et aux autres que la personne humaine atteint sa réalisation pleine et intégrale. Pour l'homme, créature naturellement
sociale et politique, « la vie sociale n'est donc pas (...) quelque chose de surajouté », mais plutôt une dimension essentielle qui ne peut être éliminée.
La communauté politique découle de la nature des personnes, dont la conscience « leur révèle et leur enjoint de respecter » l'ordre inscrit par Dieu dans toutes ses
créatures, « un ordre moral et religieux qui, plus que toute valeur matérielle, influe sur les orientations et les solutions à donner aux problèmes de la vie individuelle et sociale, à
l'intérieur des communautés nationales et dans leurs rapports mutuels ». Cet ordre doit être progressivement découvert et développé par l'humanité. La communauté politique, réalité connaturelle
aux hommes, existe pour obtenir une fin impossible à atteindre autrement: la pleine croissance de chacun de ses membres, appelés à collaborer de façon stable pour réaliser le bien commun, poussés par leur tension naturelle vers le vrai et vers le bien.
388 Considérer la personne humaine comme le fondement et la fin de la communauté politique signifie se prodiguer avant tout pour la reconnaissance et
le respect de sa dignité en protégeant et en promouvant les droits fondamentaux et inaliénables de l'homme: « Pour la pensée contemporaine, le bien commun réside surtout dans la
sauvegarde des droits et des devoirs de la personne humaine ». Dans les droits de l'homme sont condensées les principales exigences morales et juridiques qui doivent présider à la construction
de la communauté politique. Ils constituent une norme objective qui fonde le droit positif et qui ne peut être ignorée par la communauté politique, car la personne
lui est antérieure sur le plan de l'être et des finalités: le droit positif doit garantir la satisfaction des exigences humaines fondamentales.
397 L'autorité doit reconnaître, respecter et promouvoir les valeurs humaines et morales essentielles. Elles
sont innées, « découlent de la vérité même de l'être humain et (...) expriment et protègent la dignité de la personne: ce sont donc des valeurs qu'aucune personne,
aucune majorité ni aucun État ne pourront jamais créer, modifier ou abolir ». Elles ne sont pas basées sur des « majorités » d'opinion provisoires ou changeantes, mais elles doivent être
simplement reconnues, respectées et promues comme éléments d'une loi morale objective, loi naturelle inscrite dans le cœur de l'homme (cf. Rm 2, 15), et comme point de référence
normatif de la loi civile elle-même. Si, à cause d'un obscurcissement tragique de la conscience collective, le scepticisme venait à mettre en doute jusqu'aux principes fondamentaux de la loi
morale, l'ordonnancement étatique lui- même serait bouleversé dans ses fondements, se réduisant à un pur mécanisme de régulation pragmatique d'intérêts différents et opposés.
398 L'autorité doit promulguer des lois justes, c'est-à-dire conformes à la dignité de la personne humaine et aux impératifs de la raison droite
400 Reconnaître que le droit naturel fonde et limite le droit positif signifie admettre qu'il est légitime de résister à l'autorité dans le cas où celle-ci viole
gravement et de façon répétée les principes du droit naturel. Saint Thomas d'Aquin écrit qu' « on n'est tenu d'obéir... que dans la mesure requise par un ordre fondé en justice ». Le
fondement du droit de résistance est donc le droit de nature.
405 L'Église voit comme un signe d'espérance « l'aversion toujours plus répandue de l'opinion publique envers la peine de mort
406 L'encyclique « Centesimus annus » renferme un jugement explicite et structuré
sur la démocratie: « L'Église apprécie le système démocratique, comme système qui assure la participation des citoyens aux choix politiques et garantit aux gouvernés la possibilité de
choisir et de contrôler leurs gouvernants, ou de les remplacer de manière pacifique lorsque cela s'avère opportun. Cependant, l'Église ne peut approuver la constitution de groupes dirigeants
restreints qui usurpent le pouvoir de l'État au profit de leurs intérêts particuliers ou à des fins idéologiques. Une démocratie authentique n'est possible que dans un État de droit et sur la
base d'une conception correcte de la personne humaine. Elle requiert la réalisation des conditions nécessaires pour la promotion des personnes, par l'éducation et la formation à un vrai idéal,
et aussi l'épanouissement de la “personnalité” de la société, par la création de structures de participation et de coresponsabilité ».
408 Le Magistère reconnaît la valeur du principe relatif à la division des pouvoirs au sein d'un État: « Il est préférable que tout pouvoir soit équilibré par d'autres
pouvoirs et par d'autres compétences qui le maintiennent dans de justes limites. C'est là le principe de l'“État de droit”, dans lequel la souveraineté appartient à la loi et non pas aux
volontés arbitraires des hommes ».
411 Parmi les déformations du système démocratique, la corruption politique est une des plus graves, car elle trahit à la fois les principes de la morale et les
normes de la justice sociale; elle compromet le fonctionnement correct de l'État, en influant négativement sur le rapport entre les gouvernants et les gouvernés; elle introduit une
méfiance croissante à l'égard des institutions publiques en causant une désaffection progressive des citoyens vis-à-vis de la politique et de ses représentants, ce qui entraîne
l'affaiblissement des institutions. La corruption déforme à la racine le rôle des institutions représentatives, car elle les utilise comme un terrain d'échange politique entre requêtes
clientélistes et prestations des gouvernants. De la sorte, les choix politiques favorisent les objectifs restreints de ceux qui possèdent les moyens de les influencer et empêchent la
réalisation du bien commun de tous les citoyens.
418 La communauté politique et la société civile, bien que réciproquement reliées et interdépendantes, ne sont pas égales dans la hiérarchie des fins. La communauté
politique est essentiellement au service de la société civile et, en dernière analyse, des personnes et des groupes qui la composent. La société civile ne peut donc pas être considérée comme un
appendice ou une variable de la communauté politique: au contraire, elle a la prééminence, car c'est dans la société civile même que l'existence de la communauté politique trouve sa
justification.
L'État doit fournir un cadre juridique adapté au libre exercice des activités des sujets sociaux et être prêt à intervenir, lorsque c'est nécessaire et
en respectant le principe de subsidiarité, pour orienter vers le bien commun la dialectique entre les libres associations actives dans la vie démocratique.
419 La communauté politique est tenue de régler ses rapports vis-à-vis de la société civile selon le principe de subsidiarité
421 Le Concile Vatican II a engagé l'Église catholique dans la promotion de la liberté religieuse. (...) Afin que cette liberté (...) puisse s'exercer, elle ne doit pas être entravée, étant donné que « la vérité ne s'impose que par la force de la vérité elle-même ». La
dignité de la personne et la nature même de la recherche de Dieu exigent pour tous les hommes l'immunité de toute coercition dans le domaine religieux. La société et
l'État ne doivent pas contraindre une personne à agir contre sa conscience, ni l'empêcher d'agir en conformité à celle-ci.
425 L'autonomie réciproque de l'Église et de la communauté politique ne comporte pas de séparation excluant leur
collaboration
Le présent article est exceptionnellement long. Il fait partie d'une série exposant les grandes lignes de la doctrine sociale de l'Eglise catholique
et montrant, notamment, la promotion que fait celle-ci de la liberté de chaque personne humaine. Cette série s'appuie sur le compendium de la doctrine sociale de l'Eglise, dont il cite différents passages.
Le lien entre la position de l'Eglise catholique sur la famille, d'une part, et le libéralisme, d'autre part, fera l'objet d'un prochain article.
245 La situation d'une grande partie des enfants dans le monde est loin d'être satisfaisante, car les conditions qui favorisent leur développement intégral font défaut, (…). Il s'agit de conditions liées au manque de services de santé, d'une alimentation appropriée, de possibilités de recevoir un minimum de formation scolaire et d'un logement. En outre, de très graves problèmes demeurent irrésolus: le trafic et le travail des enfants, le phénomène des « enfants des rues », l'emploi d'enfants dans des conflits armés, le mariage des petites filles, l'utilisation des enfants pour le commerce de matériel pornographique, à travers aussi les instruments de communication sociale les plus modernes et les plus sophistiqués. Il est indispensable de combattre, au niveau national et international, les violations de la dignité des enfants, garçons et filles, causées par l'exploitation sexuelle de la part des personnes qui s'adonnent à la pédophilie et par les violences de tout genre que subissent ces créatures humaines sans défense.
Le présent article fait partie d'une série exposant les grandes lignes de la doctrine sociale de l'Eglise catholique et montrant, notamment, la promotion que fait celle-ci de la liberté de chaque personne humaine. Cette série s'appuie sur le compendium de la doctrine sociale de l'Eglise, dont il cite différents passages.
Le mot "amour" est cité 207 fois dans le compendium de la doctrine sociale de l'Eglise, plus 42 fois sous sa forme verbale (aimer). Le mot "charité", qui est équivalent (Voir commentaires sur le mot grec "Agapè" ici ou là) y apparaît 79 fois. Il faut ajouter à cela les 14 occurrences du mot "miséricorde" (ou "miséricordieux"), qui a un sens très proche.
Pour les chrétiens, le mot "amour" désigne moins un sentiment, une compassion, que l'engagement actif, inconditionnel et irrévocable, à se comporter vis-à-vis de l'autre (le conjoint, tout particulièrement) comme on souhaiterait qu'il le fasse si l'on était à sa place et lui à la nôtre. L'Eglise, à la suite du Christ, invite tous les hommes à aimer son prochain comme soi-même, y compris ses ennemis.
A l'article 208 du compendium figure un passage qui me semble capital : "L'oeuvre de miséricorde grâce à laquelle on répond ici et maintenant à un besoin réel
et urgent du prochain est indéniablement un acte de charité, mais l'engagement tendant à organiser et à structurer la société de façon à ce que le prochain n'ait pas à se trouver dans la misère
est un acte de charité tout aussi indispensable,..." Autrement dit, la charité est d'autant plus charitable qu'elle est efficace et un engagement politique débouchant sur un recul de la
misère est préférable à n'importe quelle autre forme d'engagement permettant d'atténuer les effets de cette misère.
Dans Caritas in veritate, Benoit XVI a des paroles remarquables sur l’amour :
« Dépourvu de vérité, l’amour bascule dans le sentimentalisme. (…) Il est la proie des émotions et de l’opinion contingente des êtres humains ; il devient un terme galvaudé et déformé, jusqu’à signifier son contraire. La vérité libère l’amour des étroitesses de l’émotivité (…) » (article 3)
« Je ne peux pas donner à l’autre du mien, sans lui avoir donné tout d’abord ce qui lui revient selon la justice. Qui aime les autres avec charité est d’abord juste envers eux (…) la charité exige la justice : la reconnaissance et le respect des droits légitimes des individus et des peuples » (article 6)
« …celui qui est animé d’une vrai charité est ingénieux à découvrir les causes de la misère, à trouver les moyens de la combattre, à la vaincre résolument. » (article 30, repris de l’encyclique Populorum Progressio, de Paul VI).
Voici plusieurs autres extraits significatifs du compendium qui abordent le thème de l'amour. Pour ceux qui n'auront pas le courage de les lire, l'enseignement que j'en tire est que "Tout acte d'amour contribue à la libération de celui qui le pose et de ceux qui en bénéficient"
Article 4 : "En se découvrant aimé de Dieu, l'homme comprend sa dignité transcendante, il apprend à ne pas se contenter de soi et à rencontrer
l'autre dans un tissu de relations toujours plus authentiquement humaines."
Article 40 : "Au scribe qui lui demande: « Quel est le premier de tous les commandements? » (Mc 12, 28), Jésus répond: « Le premier, c'est: Écoute, Israël, le
Seigneur notre Dieu est l'unique Seigneur, et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Voici le second: Tu aimeras
ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas de commandement plus grand que ceux-là » (Mc 12, 29-31)"
Article 54 : "Jésus-Christ nous révèle que « Dieu est amour » (1 Jn 4, 8) et nous enseigne que « la loi fondamentale de la perfection humaine, et donc de la
transformation du monde, est le commandement nouveau de l'amour."
Article 60 : "L'Église, qui participe aux joies et aux
espoirs, aux angoisses et aux tristesses des hommes, est solidaire de tout homme et de toute femme, en tout lieu et en tout temps,
et leur apporte la joyeuse nouvelle du Royaume de Dieu qui, par Jésus-Christ, est venu et vient au milieu d'eux. Elle est, dans l'humanité et dans le monde, le sacrement de l'amour de Dieu et,
par conséquent, de l'espérance la plus grande, qui active et soutient tout authentique projet et engagement de libération et de promotion humaine."
Article 112 : "Le sommet du respect dû à l'inviolabilité et à l'intégrité de la vie physique réside dans le commandement positif: « Tu aimeras ton prochain comme toi-même »
(Lv 19, 18), par lequel Jésus oblige à prendre en charge son prochain (cf. Mt 22, 37-40; Mc 12, 29-31; Lc 10, 27-28)."
Article 221 : « L'amour amène l'homme à se réaliser par le don désintéressé de lui-même. Aimer signifie donner et recevoir ce qu'on ne peut ni
acquérir ni vendre, mais seulement accorder librement et mutuellement ».
Article 222 : "L'amour s'exprime aussi à travers une attention prévenante envers les personnes âgées qui vivent dans la famille: leur
présence peut revêtir une grande valeur."
Article 223 : "L'être humain est fait pour aimer et sans amour il ne peut pas vivre"
Article 391 : "La vie en société devient d'autant plus humaine qu'elle est caractérisée par l'effort pour parvenir à une conscience plus mûre de l'idéal vers lequel elle
doit tendre, qui est la « civilisation de l'amour"
Article 494 : "La paix est aussi le fruit de l'amour: « La paix véritable et authentique est plus de l'ordre de la charité que de la justice, cette dernière ayant
mission d'écarter les obstacles à la paix tels que les torts, les dommages, tandis que la paix est proprement et tout spécialement un acte de charité ».
Article 499 : « Il est permis d'espérer que les peuples, intensifiant entre eux les relations et les échanges, découvriront mieux les liens d'unité qui découlent de leur nature commune; ils
comprendront plus parfaitement que l'un des devoirs primordiaux issus de leur communauté de nature, c'est de fonder les relations des hommes et des peuples sur l'amour et non sur la crainte.
C'est en effet le propre de l'amour d'amener les hommes à une loyale collaboration, susceptible de formes multiples et porteuse d'innombrables bienfaits ».
Article 524 : « la véritable libération, c'est s'ouvrir à l'amour du Christ ».
d) Construire la « civilisation de l'amour »
580 La finalité immédiate de la doctrine sociale est de proposer les principes et les valeurs qui peuvent soutenir une société digne de l'homme. Parmi ces principes, celui de la solidarité comprend en une certaine mesure tous les autres: il constitue « l'un des principes fondamentaux de la conception chrétienne de l'organisation politique et sociale ».
Ce principe est illuminé par la primauté de la charité « qui est le signe distinctif des disciples du Christ (cf. Jn 13, 35) ». Jésus « nous enseigne en même temps que la loi fondamentale de la perfection humaine, et donc de la transformation du monde, est le commandement nouveau de l'amour » (cf. Mt 22, 40; Jn 15, 12; Col 3, 14; Jc 2, 8). Le comportement de la personne est pleinement humain quand il naît de l'amour, manifeste l'amour, et est ordonné à l'amour. Cette vérité est également valable dans le domaine social: il faut que les chrétiens en soient des témoins profondément convaincus et sachent montrer, par leur vie, que l'amour est la seule force (cf. 1 Co 12, 31-14, 1) qui peut conduire à la perfection personnelle et sociale et orienter l'histoire vers le bien.
581 L'amour doit être présent dans tous les rapports sociaux et les imprégner. En particulier, ceux qui ont le devoir de pourvoir au bien des peuples doivent s'appliquer « à nourrir en eux-mêmes et à faire naître dans les autres, depuis les plus élevés jusqu'aux plus humbles, la charité, reine et maîtresse de toutes les vertus. C'est, en effet, d'une abondante effusion de charité qu'il faut principalement attendre le salut. Nous parlons de la charité chrétienne, qui résume tout l'Évangile et qui, toujours prête à se dévouer au soulagement du prochain, est un remède très assuré contre l'arrogance du siècle et l'amour immodéré de soi-même ». Cet amour peut être appelé « charité sociale » ou « charité politique » et doit être étendu au genre humain tout entier. L'« amour social » se trouve aux antipodes de l'égoïsme et de l'individualisme.
Article 582 : "Pour rendre la société plus humaine, plus digne de la personne, il faut revaloriser l'amour dans la vie sociale — au niveau politique, économique, culturel —, en en faisant la norme constante et suprême de l'action. Si la justice « est de soi propre à “arbitrer” entre les hommes pour répartir entre eux de manière juste les biens matériels, l'amour au contraire, et seulement lui (et donc aussi cet amour bienveillant que nous appelons “miséricorde”), est capable de rendre l'homme à lui-même ». On ne peut pas régler les rapports humains par la seule mesure de la justice: « Le chrétien le sait: l'amour est la raison qui fait que Dieu entre en relation avec l'homme. Et c'est encore l'amour qu'Il attend comme réponse de l'homme. L'amour est de ce fait la forme la plus haute et la plus noble de relation des êtres humains entre eux aussi. L'amour devra donc animer tous les secteurs de la vie humaine et s'étendre également à l'ordre international. Seule une humanité dans laquelle règne la "civilisation de l'amour" pourra jouir d'une paix authentique et durable ». Dans cette perspective, le Magistère recommande vivement la solidarité, car elle est en mesure de garantir le bien commun, en aidant au développement intégral des personnes: la charité « fait voir dans le prochain un autre soi-même »"
Le présent article fait partie d'une série exposant les grandes lignes de la doctrine sociale de l'Eglise catholique et montrant, notamment, la promotion que fait celle-ci de la liberté de chaque personne humaine. Cette série s'appuie sur le compendium de la doctrine sociale de l'Eglise, dont il cite différents passages. Le présent article se termine par quelques commentaires personnels.
Le mouvement vers l'identification et la proclamation des droits de l'homme est un des efforts les plus importants pour répondre efficacement aux exigences irréductibles de la dignité humaine. L'Église saisit en ces droits une occasion extraordinaire qu'offre notre époque afin que, par leur affirmation, la dignité humaine soit plus efficacement reconnue et promue universellement comme caractéristique imprimée par le Dieu Créateur sur sa créature. Le Magistère de l'Église n'a pas manqué d'évaluer positivement la Déclaration universelle des droits de l'homme, proclamée par les Nations Unies le 10 décembre 1948, que Jean-Paul II a qualifiée de véritable « pierre milliaire placée sur la route longue et difficile du genre humain » (compendium, 152)
De fait, la racine des droits de l'homme doit être recherchée dans la dignité qui appartient à chaque être humain. Cette dignité, co-naturelle à la vie humaine et égale dans chaque personne, se perçoit et se comprend avant tout par la raison. (...)
La source ultime des droits de l'homme ne se situe pas dans une simple volonté des êtres humains, dans la réalité de l'État, dans les pouvoirs publics, mais dans l'homme lui-même et en Dieu son Créateur. Ces droits sont « universels, inviolables, inaliénables ». Universels, parce qu'ils sont présents dans tous les êtres humains, sans aucune exception de temps, de lieu et de sujets. Inviolables, en tant qu'« inhérents à la personne humaine et à sa dignité » et parce qu' « il serait vain de proclamer des droits, si l'on ne mettait en même temps tout en œuvre pour assurer le devoir de les respecter, par tous, partout, et pour tous ». Inaliénables, dans la mesure où « personne ne peut légitimement priver de ces droits l'un de ses semblables, quel qu'il soit, car cela signifierait faire violence à sa nature » (compendium, 153)
Les droits de l'homme doivent être protégés non seulement singulièrement, mais dans leur ensemble: leur protection partielle se traduirait par une sorte de manque de reconnaissance. Ils correspondent aux exigences de la dignité humaine et impliquent, en premier lieu, la satisfaction des besoins essentiels de la personne, dans les domaines matériel et spirituel: « Ces droits concernent toutes les étapes de la vie et tout contexte politique, social, économique ou culturel. Ils forment un ensemble unitaire, qui tend clairement à promouvoir tout aspect du bien de la personne et de la société. (...) La promotion intégrale de toutes les catégories de droits humains est la vraie garantie du plein respect de chacun des droits ». Universalité et indivisibilité constituent les traits distinctifs des droits de l'homme: ce « sont deux principes de base qui exigent de toute manière d'intégrer les droits humains dans les différentes cultures, et aussi d'approfondir leur caractère juridique afin qu'ils soient pleinement respectés » (compendium, 154).
Les enseignements de Jean XXIII, du Concile Vatican II et de Paul VI ont fourni d'amples indications sur la conception des droits de l'homme définie par le Magistère. Jean-Paul II en a dressé une liste dans l'encyclique « Centesimus annus »: « Le droit à la vie dont fait partie intégrante le droit de grandir dans le sein de sa mère après la conception; puis le droit de vivre dans une famille unie et dans un climat moral favorable au développement de sa personnalité; le droit d'épanouir son intelligence et sa liberté par la recherche et la connaissance de la vérité; le droit de participer au travail de mise en valeur des biens de la terre et d'en tirer sa subsistance et celle de ses proches; le droit de fonder librement une famille, d'accueillir et d'élever des enfants, en exerçant de manière responsable sa sexualité. En un sens, la source et la synthèse de ces droits, c'est la liberté religieuse, entendue comme le droit de vivre dans la vérité de sa foi et conformément à la dignité transcendante de sa personne » (compendium, 155).
Je souligne un point important : les droits de l'homme préexistent à toute institution humaine. Ils ne peuvent donc pas être décrétés par lui, mais seulement découverts, très progressivement, sans certitude d'absence d'oubli ou d'erreur, et proclamés.
Pour creuser cette notion, j'invite à lire l'excellent "Le droit naturel - Ses amis et ses ennemis" de Me Patrick Simon, ainsi que le court et remarquable pamphlet "La loi", de Frédéric Bastiat. Dans le premier, l'auteur fait une distinction entre les droits de l'homme et le droit naturel. Cette seconde notion a visiblement sa préférence.
Enfin, je renvoie à l'article "La doctrine sociale de l'Eglise et les droits de l'homme" du Professeur Jean-Luc Chabot"
Le thème de la liberté est très présent dans la doctrine sociale de l'Eglise. Le mot est cité 282 fois dans le compendium, sous une forme ou sous une autre : libre(ment), liber(ali)té, libérer, libération, libérateur(trice). Voici quelques textes remarquables extraits du compendium (entre parenthèses, n° de l'article concerné).
La liberté est dans l'homme un signe très élevé de l'image divine et, en conséquence, un signe de la dignité sublime de chaque personne humaine: « La liberté s'exerce dans les rapports entre les êtres humains. Chaque personne humaine, créée à l'image de Dieu, a le droit naturel d'être reconnue comme un être libre et responsable. Tous doivent à chacun ce devoir du respect. Le droit à l'exercice de la liberté est une exigence inséparable de la dignité de la personne humaine » (199).
La valeur de la liberté, en tant qu'expression de la singularité de chaque personne humaine, est respectée quand il est permis à chaque membre de la société de réaliser sa vocation personnelle; de chercher la vérité et de professer ses idées religieuses, culturelles et politiques; d'exprimer ses opinions; de décider de son état de vie et, dans la mesure du possible, de son travail; de prendre des initiatives à caractère économique, social et politique. Ceci doit advenir au sein d'un « contexte juridique ferme », dans les limites du bien commun et de l'ordre public et, en tous les cas, à l'enseigne de la responsabilité (200).
L'homme ne peut tendre au bien que dans la liberté que Dieu lui a donnée comme signe sublime de son image: « Dieu a voulu le laisser à son propre conseil (cf. Si 15, 14) pour qu'il puisse de lui-même chercher son Créateur et, en adhérant librement à Lui, s'achever ainsi dans une bienheureuse plénitude. La dignité de l'homme exige donc de lui qu'il agisse selon un choix conscient et libre, mû et déterminé par une conviction personnelle et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d'une contrainte extérieure ».
À juste titre, l'homme apprécie la liberté et la cherche passionnément: à juste titre, il veut et doit former et conduire, de sa libre initiative, sa vie personnelle et sociale, en en assumant personnellement la responsabilité. De fait, non seulement la liberté permet à l'homme de modifier convenablement l'état de choses qui lui est extérieur, mais elle détermine la croissance de son être en tant que personne, par des choix conformes au vrai bien: de la sorte, l'homme s'engendre lui-même, il est le père de son propre être, il construit l'ordre social.
Par ailleurs, la liberté doit aussi se manifester comme capacité de refus de ce qui est moralement négatif, sous quelque forme que ce soit, comme capacité de détachement effectif de tout ce qui peut entraver la croissance personnelle, familiale et sociale. La plénitude de la liberté consiste dans la capacité de disposer de soi en vue du bien authentique, dans la perspective du bien commun universel (135).
La doctrine sociale de l'Eglise catholique est constituée essentiellement par divers textes du "Magistère" : encycliques de divers papes, documents conciliaires, et
certains écrits d'évêques. Elle est élaborée à la lumière de la Révélation biblique, d'une part, et de la raison, d'autre part.
Pour l'étudier, je
vous invite à lire le "Compendium de la doctrine
sociale de l'Eglise" (compendium = abrégé).
La colonne vertébrale de la doctrine sociale de l'Eglise, ce sont des principes :
- le principe personnaliste, qui exprime la dignité de la personne humaine,
- le principe du bien commun,
- la destination universelle des biens,
- le principe de subsidiarité,
- la participation,
- le principe de solidarité,
et 4 valeurs : la vérité, la liberté, la justice et l'amour.
Le compendium montre ensuite, de façon détaillée, comment les principes et valeurs précités s'appliquent aux différents domaines que sont :
- la famille, cellule vitale de la société
- le travail humain
- la vie économique
- la communauté politique
- la communauté
internationale
- la sauvegarde de l'environnement
- la promotion de la paix
Le présent article fait partie d'une série exposant les grandes lignes de la doctrine sociale de l'Eglise catholique et montrant, notamment, la promotion que fait celle-ci de la liberté de chaque personne humaine. Cette série s'appuie sur le compendium de la doctrine sociale de l'Eglise, dont il cite différents passages.
"Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa" (Gn, 1,27).
L'Eglise voit dans l'homme, dans chaque homme, l'image vivante de Dieu lui-même (Comp., 105).
Toute la doctrine sociale se déroule à partir du principe qui affirme l'intangible dignité de la personne humaine (Comp., 107).
L'homme existe comme être
unique et inimitable, il existe en tant que "moi" capable de s'auto-comprendre, de s'auto-posséder, de s'auto-déterminer (Comp., 131)
Une société juste ne peut être réalisée que dans le respect de la dignité transcendante de la personne humaine. Celle-ci représente la fin dernière de la société, qui lui est ordonnée (Comp.,
132)
L'homme ne peut tendre au bien que dans la liberté que Dieu lui a donnée comme signe sublime de son image: « La dignité de l'homme exige donc de lui qu'il agisse selon un choix
conscient et libre, mû et déterminé par une conviction personnelle et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d'une contrainte extérieure ». (Comp., 135).
Dieu ne fait pas acception des personnes car tous les hommes ont la même dignité de créature à son image et à sa ressemblance (Comp., 144).
La personne est de par sa constitution un être social, car ainsi l'a voulue Dieu qui l'a créée. (Comp., 149)
Le mouvement vers l'identification et la proclamation des droits de l'homme est un des efforts les plus importants pour
répondre efficacement aux exigences irréductibles de la dignité humaine. (Comp., 152)
Les droits de l'homme doivent être protégés non seulement singulièrement, mais dans leur ensemble: leur protection partielle se traduirait par une sorte de manque de reconnaissance. (Comp.,
154)