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23 novembre 2016 3 23 /11 /novembre /2016 08:52

Article publié sur le site de l'AEC

Résumé : l'AEC présente pour moi le grand intérêt de se référer à et de s'appuyer sur la DSÉ (Doctrine Sociale de l'Église), que je trouve d'une grande richesse. Étudier celle-ci, bien la connaître et tâcher de s'y conformer (comme nous y invite et nous y aide l'AEC) permet, à mon avis d'analyser efficacement les problèmes qui se présentent dans la vie économique et sociale, quels que soient leur importance et leur niveau  : international, national, local ou même interpersonnel.

 

Je démarre la rédaction de cet article ce 3 novembre 2016, pendant que, dans la pièce voisine, le téléviseur diffuse le 2e débat dans le cadre de la primaire à droite. Je vais par intermittence y jeter un coup d’œil, notamment à la fin, pour les conclusions de chaque candidat, afin de vérifier que le constat que je fais depuis des années reste d'actualité : aucun des candidats ne s'appuie ouvertement sur la moindre doctrine, qui pourrait justifier et expliquer ses propositions, ses points de vue, son projet. Cette absence de doctrine explique aussi, je crois, la multitude de candidatures au sein d'un même camp.

D'après le dictionnaire Larousse, une doctrine est un "ensemble de croyances et de principes (...) constituant un système d'enseignement religieux, philosophique, politique, etc., et s'accompagnant souvent de la formulation de règles de pensée ou de conduite", alors qu'un principe est une "règle générale théorique qui guide la conduite".

Dans le domaine économique et social, il existe au moins deux doctrines dont chaque adulte à entendu parler, même si la majorité des citoyens n'en connaît ni le contenu, ni la définition : il s'agit du socialisme et du libéralisme. Toujours d'après le Larousse, le socialisme "condamne la propriété privée des moyens de production et d'échange" (autrement dit, il prône l'application du principe de la propriété collective - via l'État - des moyens de production et d'échange). Le libéralisme prône (l'application du principe de) la non-intervention de l'État dans la vie économique et sociale, pour ne pas entraver le libre jeu de la concurrence.

Il existe une autre doctrine couvrant le champ économique et social, dont l'existence est beaucoup moins connue que les deux précitées : il s'agit de la DSE ou DSÉ (Doctrine Sociale de l'Église). J'estime, comme bien d'autres, qu'il s'agit d'un véritable trésor. Comme toute doctrine est censée le faire, elle facilite grandement l'analyse des problèmes et la prise de décision pour ceux qui s'en inspirent.

L'AEC se réfère explicitement et prioritairement à la DSE (également appelée " enseignement social chrétien ", notamment dans ses statuts (article 3 : « Peuvent adhérer à l'association les catholiques, exerçant la profession d'économiste (enseignants, chercheurs, professionnels, etc…), qui le souhaitent. Ces économistes se réfèrent et s'appuient sur les principes de l'enseignement de l’Église, par l'intermédiaire de son Magistère, en particulier dans le domaine de sa doctrine sociale. ») et son manifeste (" Les adhérents de l’AEC (...) entendent rester fidèles aux enseignements du Magistère de l’Église Catholique et du Pape en particulier, notamment dans le domaine de la Doctrine sociale de l’Église. ") C'est la raison essentielle pour laquelle j'adhère à l'AEC. Voici quelques précisions sur l'intérêt que je porte à la DSÉ et, par conséquent, à l'AEC.

Le principe fondamental de la DSÉ est le principe personnaliste. Il affirme la dignité (ce mot désigne le respect qui dû à une personne ou à soi-même) incomparable, intangible (inviolable, sacrée) et inaliénable (se dit d'un droit naturel auquel on ne peut renoncer) de toute personne humaine. Le Compendium (résumé, publié en 2005) de la DSÉ précise : " L'homme ne peut tendre au bien que dans la liberté que Dieu lui a donnée comme signe sublime de son image : « (...) La dignité de l'homme exige donc de lui qu'il agisse selon un choix conscient et libre, mû et déterminé par une conviction personnelle et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d'une contrainte extérieure »" (Comp., § 135, qui reprend la constitution pastorale " Gaudium et spes ", § 17). Il ajoute : " Le mouvement vers l'identification et la proclamation des droits de l'homme est un des efforts les plus importants pour répondre efficacement aux exigences irréductibles de la dignité humaine " (Comp., 152). 

Pourquoi j'adhère à l'AEC (Association des Économistes Catholiques)

Compte tenu de ce qui précède, la DSÉ est clairement incompatible avec le collectivisme (système fondé sur la propriété collective des moyens de production et d'échange) et donc avec le socialisme. C'est ce qu'énonce le manifeste de l'AEC :
" Ils (les adhérents de l'AEC) rappellent, avec Jean-Paul II, que “ l’erreur fondamentale du « socialisme » est de caractère anthropologique ” (Centesimus annus § 13) et que " l’échec du « socialisme réel » vient de la violation des droits humains à l’initiative, à la propriété et à la liberté dans le domaine économique (CA § 24). " En revanche, la DSÉ est assurément compatible avec le libéralisme, à mon avis, comme permet de le penser le Compendium (§ 103, à propos de l'encyclique " Centesimus annus " : " L'analyse articulée et approfondie des « res novae » et, en particulier, du grand tournant de 1989 avec l'effondrement du système soviétique, contient une appréciation de la démocratie et de l'économie libérale, dans le cadre d'une solidarité indispensable. ")

Je crois la DSÉ pleinement compatible avec la doctrine libérale, mais combien plus riche que celle-ci ! Pour plusieurs raisons, dont celles qui suivent.

  1. La DSÉ promeut le respect de la liberté "extérieure" (cf. la "contrainte extérieure" mentionnée plus haut, dans le paragraphe consacré au principe personnaliste), mais aussi (ce que ne fait pas le libéralisme) le respect de la liberté "intérieure" (cf. plus haut : "...non sous le seul effet de poussées instinctives..."). Ces poussées instinctives, ce sont celles qui nous conduisent, entre autres, à idolâtrer l'argent, le pouvoir, le sexe, la drogue, la soif de vengeance, à souhaiter ou faire du mal à nos adversaires, à mépriser et condamner ceux qui ne pensent pas comme nous, etc.. Le péché ne consiste-t-il pas, au fond, à céder à ces poussées instinctives, au lieu de faire confiance à Dieu, Créateur, Sauveur (c'est à dire Libérateur, Rédempteur) pour assurer notre bonheur ?
  2. Pour la doctrine libérale, les hommes tiennent leurs droits (dits "naturels") de la nature, alors que pour la DSÉ, ils les tiennent du Créateur de la nature, Dieu.
  3. La DSÉ défend la dignité de toute personne humaine, de la conception à la mort naturelle, bornes que ne précise pas la doctrine libérale. Ceci explique pourquoi certains libéraux pensent combattre en faveur de la liberté lorsqu'ils soutiennent le droit à l'avortement ou à l'euthanasie.
  4. Nulle institution ne joue dans la vie de chaque personne humaine un rôle aussi important, primordial, que la famille, et ce, dès la conception. Ce que la DSÉ (mais pas la doctrine libérale) nous dit sur la famille et les droits naturels qui lui sont attachés est d'une richesse remarquable.

Si le respect de la liberté extérieure est une condition nécessaire au bon fonctionnement de la vie en société, le respect de la liberté intérieure, négligé par la doctrine libérale, est tout aussi nécessaire. De plus, il est prioritaire. Voici pourquoi.

Je vous propose d'observer, d'abord, que, si le respect de notre liberté "extérieure" dépend d'autrui, sur lequel nous n'avons pas de pouvoir, le respect de notre liberté intérieure ne dépend que de nous-même. Il ne semble donc pas très cohérent de chercher à obtenir le premier sans avoir commencé par s'occuper du second !
Je vous invite, ensuite, à réfléchir aux questions suivantes, qui pourraient se résumer en une seule (" Lorsque nous ne respectons pas la liberté extérieure d'autrui et voulons exercer un pouvoir sur lui, n'est-ce pas parce que nous-mêmes avons une chaîne intérieure dont nous n'arrivons pas à nous défaire ? ") :

  • Si nos dirigeants politiques nous mentent, nous font de fausses promesses, ou utilisent toute autre forme de manipulation pour obtenir nos suffrages, puis, une fois élus, cherchent à nous asservir avec force impôts, taxes, lois et règlements, n'est-ce pas parce qu'eux-mêmes sont asservis à leur soif de pouvoir, de l'argent et du prestige qu'il confère ?
  • Lorsque un drogué commet un vol, n'est-ce pas, le plus souvent, pour avoir de quoi satisfaire son addiction ?
  • Si je viole une femme, n'est-ce pas parce que je suis incapable de réfréner mes pulsions sexuelles ?

Analysant volontiers la plupart des sujets d'actualité (dont ceux débattus lors de ladite primaire) à la lumière de la DSE, je suis étonné de voir combien cette lumière est éclairante, combien il devient facile de trouver une solution nouvelle aux problèmes de ce temps.
En ce dimanche 20 novembre 2016 où je termine la rédaction de cet article et où nous autres, catholiques, célébrons la fête du "Christ, Roi de l'univers", avait lieu le premier tour de la primaire de la droite, en vue de l'élection présidentielle de 2017. Je suis frappé de voir que nous n'imaginons pas pouvoir nous dispenser d'un chef d'État, alors que nous avons tant de mal à faire confiance au Christ pour gouverner notre vie. Pourtant, l'État n'est-il pas incompatible, par nature, avec le principe personnaliste et la DSÉ, dans la mesure où il s'attaque au droit de propriété (par l'impôt et les autres prélèvements obligatoires), au droit d'expression (par le mandat "donné" par les citoyens, plus souvent mal gré que bon gré, à leurs représentants parlementaires et syndicaux, de parler en leur nom), à la liberté (par la loi) ? L'État n'a-t-il pas, comme nous l'a enseigné Frédéric Bastiat (dans "L'État"), une main rude qui nous prend nécessairement davantage que ce que sa main douce nous restitue, alors que nul impôt n'a jamais été prélevé par Dieu, qui nous comble pourtant de ses largesses (la vie, un corps, des talents, une famille, des amis, les produits de la nature, ...) ? Visiblement, les leçons de la Bible (ex: 1er livre de Samuel, chapitre 8) n'ont pas été entendues !

J'invite tous les économistes (au sens large : enseignants, chercheurs, mais aussi "professionnels", c'est à dire personnes dont l'activité professionnelle les met en situation de réfléchir aux questions abordées par les sciences économiques et sociales) catholiques à rejoindre l'AEC.

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28 décembre 2015 1 28 /12 /décembre /2015 23:29

 Ces commentaires, trouvés sur le site "Église catholique en France", permettent à toute personne de bonne volonté, chrétienne ou non, de mieux comprendre la Bible, le livre le plus diffusé au monde, en

  • décodant le langage imagé utilisé par l'auteur.

Attention le texte écrit peut différer des versions audio (Radio-Notre-Dame) et vidéo (KTO TV) qui ont été modifiées par Marie-Noëlle Thabut, parfois pour les améliorer, parfois pour s'adapter aux formats imposés par ces chaînes de radio ou de télévision. Dans cette hypothèse, nous mettons en italiques les passages supprimés pour ces médias.

Je souhaite arriver à mettre ici, chaque dimanche, les commentaires de Marie-Noëlle Thabut. Ma seule contribution consiste à surligner les passages que je trouve les plus enrichissants et à écrire en rouge ceux qui parlent d'un thème qui m'est cher : la liberté (trois autres pages de mon blog sont consacrées à ces passages des Évangiles, du reste du Nouveau Testament ou de l'Ancien Testament qui parlent de la liberté). D'après Marie-Noëlle Thabut, "... si nous ne trouvons pas dans les textes une parole libérante,c'est que nous ne les avons pas compris."

 

Version audio, trouvée sur le site de Radio-Notre-Dame (disponible seulement à compter du 2 janvier 2016).

En bas de page, vous avez désormais les versions vidéo des commentaires, trouvées sur KTO TV.

PREMIÈRE LECTURE – Isaïe 60, 1 – 6


1 Debout, Jérusalem, resplendis !
Elle est venue, ta lumière,
et la gloire du SEIGNEUR s’est levée sur toi.
2 Voici que les ténèbres couvrent la terre,
et la nuée obscure couvre les peuples.
Mais sur toi se lève le SEIGNEUR,
Sur toi sa gloire apparaît.
3 Les nations marcheront vers ta lumière,
et les rois, vers la clarté de ton aurore.
4 Lève les yeux alentour, et regarde :
tous, ils se rassemblent, ils viennent vers toi ;
tes fils reviennent de loin,
et tes filles sont portées sur la hanche.
5 Alors tu verras, tu seras radieuse,
ton cœur frémira et se dilatera.
Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi,
vers toi viendront les richesses des nations.
6 En grand nombre, des chameaux t’envahiront,
de jeunes chameaux de Madiane et d’Epha.
Tous les gens de Saba viendront,
apportant l’or et l’encens ;
ils annonceront les exploits du SEIGNEUR.


Vous avez remarqué toutes les expressions de lumière, tout au long de ce passage : « Resplendis, elle est venue ta lumière… la gloire (le rayonnement) du SEIGNEUR s’est levée sur toi (comme le soleil se lève)… sur toi se lève le SEIGNEUR, sa gloire brille sur toi…ta lumière, la clarté de ton aurore…tu seras radieuse ».
On peut en déduire tout de suite que l’humeur générale était plutôt sombre ! Je ne dis pas que les prophètes cultivent le paradoxe ! Non ! Ils cultivent l’espérance.
Alors, pourquoi l’humeur générale était-elle sombre, pour commencer. Ensuite, quel argument le prophète avance-t-il pour inviter son peuple à l’espérance ?
Pour ce qui est de l’humeur, je vous rappelle le contexte : ce texte fait partie des derniers chapitres du livre d’Isaïe ; nous sommes dans les années 525-520 av. J.-C., c’est-à-dire une quinzaine ou une vingtaine d’années après le retour de l’exil à Babylone. Les déportés sont rentrés au pays, et on a cru que le bonheur allait s’installer. En réalité, ce fameux retour tant espéré n’a pas répondu à toutes les attentes.
D’abord, il y avait ceux qui étaient restés au pays et qui avaient vécu la période de guerre et d’occupation. Ensuite, il y avait ceux qui revenaient d’Exil et qui comptaient retrouver leur place et leurs biens. Or si l’Exil a duré cinquante ans, cela veut dire que ceux qui sont partis sont morts là-bas… et ceux qui revenaient étaient leurs enfants ou leurs petits-enfants … Cela ne devait pas simplifier les retrouvailles. D’autant plus que ceux qui rentraient ne pouvaient certainement pas prétendre récupérer l’héritage de leurs parents : les biens des absents, des exilés ont été occupés, c’est inévitable, puisque, encore une fois, l’Exil a duré cinquante ans !
Enfin, il y avait tous les étrangers qui s’étaient installés dans la ville de Jérusalem et dans tout le pays à la faveur de ce bouleversement et qui y avaient introduit d’autres coutumes, d’autres religions…

Tout ce monde n’était pas fait pour vivre ensemble…
La pomme de discorde, ce fut la reconstruction du Temple : car, dès le retour de l’exil, autorisé en 538 par le roi Cyrus, les premiers rentrés au pays (nous les appellerons la communauté du retour) avaient rétabli l’ancien autel du Temple de Jérusalem, et avaient recommencé à célébrer le culte comme par le passé ; et en même temps, ils entreprirent la reconstruction du Temple lui-même.
Mais voilà que des gens qu’ils considéraient comme hérétiques ont voulu s’en mêler ; c’étaient ceux qui avaient habité Jérusalem pendant l’Exil : mélange de juifs restés au pays et de populations étrangères, donc païennes, installées là par l’occupant ; il y avait eu inévitablement des mélanges entre ces deux types de population, et même des mariages, et tout ce monde avait pris des habitudes jugées hérétiques par les Juifs qui rentraient de l’Exil.
Alors la communauté du retour s’est resserrée et a refusé cette aide dangereuse pour la foi : le Temple du Dieu unique ne peut pas être construit par des gens qui, ensuite, voudront y célébrer d’autres cultes ! Comme on peut s’en douter, ce refus a été très mal pris et désormais ceux qui avaient été éconduits firent obstruction par tous les moyens. Finis les travaux, finis aussi les rêves de rebâtir le Temple !
Les années ont passé et on s’est installés dans le découragement.
Mais la morosité, l’abattement ne sont pas dignes du peuple porteur des promesses de Dieu. Alors, Isaïe et un autre prophète, Aggée, décident de réveiller leurs compatriotes : sur le thème : fini de se lamenter, mettons-nous au travail pour reconstruire le Temple de Jérusalem. Et cela nous vaut le texte d’aujourd’hui :
Connaissant le contexte difficile, ce langage presque triomphant nous surprend peut-être ; mais c’est un langage assez habituel chez les prophètes ; et nous savons bien que s’ils promettent tant la lumière, c’est parce qu’elle est encore loin d’être aveuglante… et que, moralement, on est dans la nuit. C’est pendant la nuit qu’on guette les signes du lever du jour ; et justement le rôle du prophète est de redonner courage, de rappeler la venue du jour. Un tel langage ne traduit donc pas l’euphorie du peuple, mais au contraire une grande morosité : c’est pour cela qu’il parle tant de lumière !
Pour relever le moral des troupes, nos deux prophètes n’ont qu’un argument, mais il est de taille : Jérusalem est la Ville Sainte, la ville choisie par Dieu, pour y faire demeurer le signe de sa Présence ; c’est parce que Dieu lui-même s’est engagé envers le roi Salomon en décidant « Ici sera Mon Nom », que le prophète Isaïe, des siècles plus tard, peut oser dire à ses compatriotes « Debout, Jérusalem ! Resplendis… »
Le message d’Isaïe aujourd’hui, c’est donc : « vous avez l’impression d’être dans le tunnel, mais au bout, il y a la lumière. Rappelez-vous la Promesse : le JOUR vient où tout le monde reconnaîtra en Jérusalem la Ville Sainte. » Conclusion : ne vous laissez pas abattre, mettez-vous au travail, consacrez toutes vos forces à reconstruire le Temple comme vous l’avez promis.
J’ajouterai trois remarques pour terminer : premièrement, une fois de plus, le prophète nous donne l’exemple : quand on est croyants, la lucidité ne parvient jamais à étouffer l’espérance.
Deuxièmement, la promesse ne vise pas un triomphe politique… Le triomphe qui est entrevu ici est celui de Dieu et de l’humanité qui sera un jour enfin réunie dans une harmonie parfaite dans la Cité Sainte ; reprenons les premiers versets : si Jérusalem resplendit, c’est de la lumière et de la gloire du SEIGNEUR : « Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue ta lumière, et la gloire du SEIGNEUR s’est levée sur toi… sur toi se lève le SEIGNEUR, et sa gloire brille sur toi… »
Troisièmement, quand Isaïe parlait de Jérusalem, déjà à son époque, ce nom désignait plus le peuple que la ville elle-même ; et l’on savait déjà que le projet de Dieu déborde toute ville, si grande ou belle soit-elle, et tout peuple, il concerne toute l’humanité.


PSAUME – 71 (72)


1 Dieu, donne au roi tes pouvoirs,
à ce fils de roi ta justice.
2 Qu’il gouverne ton peuple avec justice,
qu’il fasse droit aux malheureux !

7 En ces jours-là, fleurira la justice,
grande paix jusqu’à la fin des lunes !
8 Qu’il domine de la mer à la mer,
et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !

10 Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents.
Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande.
11 Tous les rois se prosterneront devant lui,
tous les pays le serviront.

12 Il délivrera le pauvre qui appelle
et le malheureux sans recours.
13 Il aura souci du faible et du pauvre,
du pauvre dont il sauve la vie.


Imaginons que nous sommes en train d’assister au sacre d’un nouveau roi. Les prêtres expriment à son sujet des prières qui sont tous les souhaits, j’aurais envie de dire tous les rêves que le peuple formule au début de chaque nouveau règne : vœux de grandeur politique pour le roi, mais surtout vœux de paix, de justice pour tous. Les « lendemains qui chantent », en quelque sorte ! C’est un thème qui n’est pas d’aujourd’hui… On en rêve depuis toujours ! Richesse et prospérité pour tous… Justice et Paix… Et cela pour tous… d’un bout de la terre à l’autre… Or le peuple élu a cet immense avantage de savoir que ce rêve des hommes coïncide avec le projet de Dieu lui-même.
La dernière strophe de ce psaume, elle, change de ton (malheureusement, elle ne fait pas partie de la liturgie de cette fête) : il n’est plus question du roi terrestre, il n’est question que de Dieu : « Béni soit le SEIGNEUR, le Dieu d’Israël, lui seul fait des merveilles ! Béni soit à jamais son nom glorieux, toute la terre soit remplie de sa gloire ! Amen ! Amen ! » C’est cette dernière strophe qui nous donne la clé de ce psaume : en fait, il a été composé et chanté après l’Exil à Babylone, (donc entre 500 et 100 av. J.-C.) c’est-à-dire à une époque où il n’y avait déjà plus de roi en Israël ; ce qui veut dire que ces vœux, ces prières ne concernent pas un roi en chair et en os… ils concernent le roi qu’on attend, que Dieu a promis, le roi-messie. Et puisqu’il s’agit d’une promesse de Dieu, on peut être certain qu’elle se réalisera.
La Bible tout entière est traversée par cette espérance indestructible : l’histoire humaine a un but, un sens ; et le mot « sens » veut dire deux choses : à la fois « signification » et « direction ». Dieu a un projet. Ce projet inspire toutes les lignes de la Bible, Ancien Testament et Nouveau Testament : il porte des noms différents selon les auteurs. Par exemple, c’est le JOUR de Dieu pour les prophètes, le Royaume des cieux pour saint Matthieu, le dessein bienveillant pour Saint Paul, mais c’est toujours du même projet qu’il s’agit. Comme un amoureux répète inlassablement des mots d’amour, Dieu propose inlassablement son projet de bonheur à l’humanité. Ce projet sera réalisé par le messie et c’est ce messie que les croyants appellent de tous leurs vœux lorsqu’ils chantent les psaumes au Temple de Jérusalem .
Ce psaume 71, particulièrement, est vraiment la description du roi idéal, celui qu’Israël attend depuis des siècles : quand Jésus naît, il y a 1 000 ans à peu près que le prophète Natan est allé trouver le roi David de la part de Dieu et lui a fait cette promesse dont parle notre psaume. Je vous redis les paroles du prophète Natan à David : « Quand tes jours seront accomplis et que tu seras couché avec tes pères, je maintiendrai après toi le lignage issu de tes entrailles et j’affermirai sa royauté… Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils… Ta maison et ta royauté subsisteront à jamais devant moi, ton trône sera affermi à jamais » (2 S 7, 12 – 16).1
De siècle en siècle, cette promesse a été répétée, répercutée, précisée. La certitude de la fidélité de Dieu à ses promesses en a fait découvrir peu à peu toute la richesse et les conséquences ; si ce roi méritait vraiment le titre de fils de Dieu, alors il serait à l’image de Dieu, un roi de justice et de paix. À chaque sacre d’un nouveau roi, la promesse était redite sur lui et on se reprenait à rêver… Depuis David, on attendait, et le peuple juif attend toujours… et il faut bien reconnaître que le règne idéal n’a encore pas vu le jour sur notre terre. On finirait presque par croire que ce n’est qu’une utopie…
Mais les croyants savent qu’il ne s’agit pas d’une utopie : il s’agit d’une promesse de Dieu, donc d’une certitude. Et la Bible tout entière est traversée par cette certitude, cette espérance invincible : le projet de Dieu se réalisera, nous avançons lentement mais sûrement vers lui. C’est le miracle de la foi : devant cette promesse à chaque fois déçue, il y a deux attitudes possibles : le non-croyant dit « je vous l’avais bien dit, cela n’arrivera jamais » ; mais le croyant affirme tranquillement « patience, puisque Dieu l’a promis, il ne saurait se renier lui-même », comme dit saint Paul (1 Tm 2, 13).
Ce psaume dit bien quelques aspects de cette attente du roi idéal : par exemple « pouvoir » et « justice » seront enfin synonymes ; c’est déjà tout un programme : de nombreux pouvoirs humains tentent loyalement d’instaurer la justice et d’enrayer la misère mais n’y parviennent pas ; ailleurs, malheureusement, « pouvoir » rime parfois avec avantages de toute sorte et autres passe-droits ; parce que nous ne sommes que des hommes.
En Dieu seul le pouvoir n’est qu’amour : notre psaume le sait bien puisqu’il précise « Dieu, donne au roi tes pouvoirs, à ce fils de roi ta justice ».
Et alors puisque notre roi disposera de la puissance même de Dieu, une puissance qui n’est qu’amour et justice, il n’y aura plus de malheureux dans son royaume. « En ces jours-là fleurira la justice, grande paix jusqu’à la fin des lunes !… Il délivrera le pauvre qui appelle et le malheureux sans recours. »
Ce roi-là, on voudrait bien qu’il règne sur toute la planète ! C’est de bon cœur qu’on lui souhaite un royaume sans limite de temps ou d’espace ! « Qu’il règne jusqu’à la fin des lunes… » et « Qu’il domine de la mer à la mer et du Fleuve jusqu’aux extrémités de la terre ». Pour l’instant, quand on chante ce psaume, les extrémités du monde connu, ce sont l’Arabie et l’Égypte et c’est pourquoi on cite les rois de Saba et de Seba : Saba, c’est au Sud de l’Arabie, Seba, c’est au Sud de l’Égypte… Quant à Tarsis, c’est un pays mythique, qui veut dire « le bout du monde ».
Aujourd’hui, le peuple juif chante ce psaume dans l’attente du roi-Messie2 ; nous, chrétiens, l’appliquons à Jésus-Christ et il nous semble que les mages venus d’Orient ont commencé à réaliser la promesse « Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents, les rois de Saba et de Seba feront leur offrande… Tous les rois se prosterneront devant lui, tous les pays le serviront ».
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Notes
1 – Quand le chant « Il est né le divin enfant » nous fait dire « Depuis plus de 4 000 ans nous le promettaient les prophètes », le compte n’est pas tout à fait exact, peut-être le nombre 4 000 n’a-t-il été retenu que pour les nécessités de la mélodie.
2 – De nos jours, encore, dans certaines synagogues, nos frères juifs disent leur impatience de voir arriver le Messie en récitant la profession de foi de Maïmonide, médecin et rabbin à Tolède en Espagne, au douzième siècle : « Je crois d’une foi parfaite en la venue du Messie, et même s’il tarde à venir, en dépit de tout cela, je l’attendrai jusqu’au jour où il viendra. »


DEUXIÈME LECTURE – Éphésiens 3 , 2…6


Frères,
2 vous avez appris, je pense,
en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous :
3 par révélation, il m’a fait connaître le mystère.
Ce mystère n’avait pas été porté à la connaissance
des hommes des générations passées,
comme il a été révélé maintenant
à ses saints Apôtres et aux prophètes,
dans l’Esprit.
Ce mystère,
c’est que toutes les nations sont associées au même héritage,
au même corps,
au partage de la même promesse,
dans le Christ Jésus,
par l’annonce de l’Évangile.


Ce passage est extrait de la lettre aux Éphésiens au chapitre 3 ; or c’est dans le premier chapitre de cette même lettre que Paul a employé sa fameuse expression « le dessein bienveillant de Dieu » ; ici, nous sommes tout à fait dans la même ligne ; je vous rappelle quelques mots du chapitre 1 : « Dieu nous a fait connaître le mystère de sa volonté, le dessein bienveillant qu’il a d’avance arrêté en lui-même pour mener les temps à leur accomplissement, réunir l’univers entier sous un seul chef le Christ, ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre ».
Dans le texte d’aujourd’hui, nous retrouvons ce mot de « mystère ». Le « mystère », chez saint Paul, ce n’est pas un secret que Dieu garderait jalousement pour lui ; au contraire, c’est son intimité dans laquelle il nous fait pénétrer. Paul nous dit ici : « Par révélation, Dieu m’a fait connaître le mystère du Christ » : ce mystère, c’est-à-dire son dessein bienveillant, Dieu le révèle progressivement ; tout au long de l’histoire biblique, on découvre toute la longue, lente, patiente pédagogie que Dieu a déployée pour faire entrer son peuple élu dans son mystère ; nous avons cette expérience qu’on ne peut pas, d’un coup, tout apprendre à un enfant : on l’enseigne patiemment au jour le jour et selon les circonstances ; on ne fait pas d’avance à un enfant des leçons théoriques sur la vie, la mort, le mariage, la famille… pas plus que sur les saisons ou les fleurs… l’enfant découvre la famille en vivant les bons et les mauvais jours d’une famille bien réelle ; il découvre les fleurs une à une, il traverse avec nous les saisons… quand la famille célèbre un mariage ou une naissance, quand elle traverse un deuil, alors l’enfant vit avec nous ces événements et, peu à peu, nous l’accompagnons dans sa découverte de la vie.
Dieu a déployé la même pédagogie d’accompagnement avec son peuple et s’est révélé à lui progressivement ; pour saint Paul, il est clair que cette révélation a franchi une étape décisive avec le Christ : l’histoire de l’humanité se divise nettement en deux périodes : avant le Christ et depuis le Christ. « Ce mystère1, n’avait pas été porté à la connaissance des hommes des générations passées, comme il a été révélé maintenant à ses saints Apôtres et aux prophètes, dans l’Esprit. » À ce titre, on peut se réjouir que nos calendriers occidentaux décomptent les années en deux périodes, les années avant J.-C. et les années après J.-C.
Ce mystère, ici, Paul l’appelle simplement « le mystère du Christ », mais on sait ce qu’il entend par là : à savoir que le Christ est le centre du monde et de l’histoire, que l’univers entier sera un jour réuni en lui, comme les membres le sont à la tête ; d’ailleurs, dans la phrase « réunir l’univers entier sous un seul chef le Christ », le mot grec que nous traduisons « chef » veut dire tête.
Il s’agit bien de « l’univers entier » et ici Paul précise : « Toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse dans le Christ Jésus » ; on pourrait dire encore autrement : l’Héritage, c’est Jésus-Christ… la Promesse, c’est Jésus-Christ… le Corps, c’est Jésus-Christ… Le dessein bienveillant de Dieu, c’est que Jésus-Christ soit le centre du monde, que l’univers entier soit réuni en lui. Dans le Notre Père, quand nous disons « Que ta volonté soit faite », c’est de ce projet de Dieu que nous parlons et, peu à peu, à force de répéter cette phrase, nous nous imprégnons du désir de ce Jour où enfin ce projet sera totalement réalisé.
Donc le projet de Dieu concerne l’humanité tout entière, et non pas seulement les Juifs : c’est ce qu’on appelle l’universalisme du plan de Dieu. Cette dimension universelle du plan de Dieu fut l’objet d’une découverte progressive par les hommes de la Bible, mais à la fin de l’histoire biblique, c’était une conviction bien établie dans le peuple d’Israël, puisqu’on fait remonter à Abraham la promesse de la bénédiction de toute l’humanité : « En toi seront bénies toutes les familles de la terre » (Gn 12, 3). Et le passage d’Isaïe que nous lisons en première lecture de cette fête de l’Epiphanie est exactement dans cette ligne. Bien sûr, si un prophète comme Isaïe a cru bon d’y insister, c’est qu’on avait tendance à l’oublier.
De la même manière, au temps du Christ, si Paul précise : « Toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse dans le Christ Jésus », c’est que cela n’allait pas de soi. Et là, nous avons un petit effort d’imagination à faire : nous ne sommes pas du tout dans la même situation que les contemporains de Paul ; pour nous, au vingt-et-unième siècle, c’est une évidence : beaucoup d’entre nous ne sont pas juifs d’origine et trouvent normal d’avoir part au salut apporté par le Messie ; pour un peu, même, après deux mille ans de Christianisme, nous aurions peut-être tendance à oublier qu’Israël reste le peuple élu parce que, comme dit ailleurs saint Paul, « Dieu ne peut pas se renier lui-même ». Aujourd’hui, nous avons un peu tendance à croire que nous sommes les seuls témoins de Dieu dans le monde.
Mais au temps du Christ, c’était la situation inverse : c’est le peuple juif qui, le premier, a reçu la révélation du Messie. Jésus est né au sein du peuple juif : c’était la logique du plan de Dieu et de l’élection d’Israël ; les Juifs étaient le peuple élu, ils étaient choisis par Dieu pour être les apôtres, les témoins et l’instrument du salut de toute l’humanité ; et on sait que les Juifs devenus chrétiens ont eu parfois du mal à tolérer l’admission d’anciens païens dans leurs communautés. Saint Paul vient leur dire « Attention… les païens, désormais, peuvent aussi être des apôtres et des témoins du salut »… Au fait, je remarque que Matthieu, dans l’évangile de la visite des mages, qui est lu également pour l’Épiphanie, nous dit exactement la même chose.
Les derniers mots de ce texte résonnent comme un appel : « Toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse dans le Christ Jésus par l’annonce de l’évangile » : si je comprends bien, Dieu attend notre collaboration à son dessein bienveillant : les mages ont aperçu une étoile, pour laquelle ils se sont mis en route ; pour beaucoup de nos contemporains, il n’y aura pas d’étoile dans le ciel, mais il faudra des témoins de la Bonne Nouvelle.


ÉVANGILE – selon saint Matthieu 2, 1 – 12


1 Jésus était né à Bethléem en Judée,
au temps du roi Hérode le Grand.
Or, voici que des mages venus d’Orient
arrivèrent à Jérusalem
2 et demandèrent :
« Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?
Nous avons vu son étoile à l’orient
et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
3 En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé,
et tout Jérusalem avec lui.
4 Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple,
pour leur demander où devait naître le Christ.
Ils lui répondirent :
5 « À Bethléem en Judée,
car voici ce qui est écrit par le prophète :
6 Et toi, Bethléem, terre de Juda,
tu n’es certes pas le dernier
parmi les chefs-lieux de Juda,
car de toi sortira un chef,
qui sera le berger de mon peuple Israël. »
7 Alors Hérode convoqua les mages en secret
pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ;
8 Puis il les envoya à Bethléem, en leur disant :
« Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant.
Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer
pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
9 Après avoir entendu le roi, ils partirent.
Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient
les précédait,
jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit
où se trouvait l’enfant.
10 Quand ils virent l’étoile,
ils se réjouirent d’une très grande joie.
11 Ils entrèrent dans la maison,
ils virent l’enfant avec Marie sa mère ;
et, tombant à ses pieds,
ils se prosternèrent devant lui.
Ils ouvrirent leur coffrets,
et lui offrirent leurs présents :
de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
12 Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode,
ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.


On sait à quel point l’attente du Messie était vive au temps de Jésus. Tout le monde en parlait, tout le monde priait Dieu de hâter sa venue. La majorité des Juifs pensait que ce serait un roi : ce serait un descendant de David, il règnerait sur le trône de Jérusalem, il chasserait les Romains, et il établirait définitivement la paix, la justice et la fraternité en Israël ; et les plus optimistes allaient même jusqu’à dire que tout ce bonheur s’installerait dans le monde entier.
Dans ce sens, on citait plusieurs prophéties convergentes de l’Ancien Testament : d’abord celle de Balaam dans le Livre des Nombres. Je vous la rappelle : au moment où les tribus d’Israël s’approchaient de la terre promise sous la conduite de Moïse, et traversaient les plaines de Moab (aujourd’hui en Jordanie), le roi de Moab, Balaq, avait convoqué Balaam pour qu’il maudisse ces importuns ; mais, au lieu de maudire, Balaam, inspiré par Dieu avait prononcé des prophéties de bonheur et de gloire pour Israël ; et, en particulier, il avait osé dire : « Je le vois, je l’observe, de Jacob monte une étoile, d’Israël jaillit un sceptre … » (Nb 24, 17). Le roi de Moab avait été furieux, bien sûr, car, sur l’instant, il y avait entendu l’annonce de sa future défaite face à Israël ; mais en Israël, dans les siècles suivants, on se répétait soigneusement cette belle promesse ; et peu à peu on en était venu à penser que le règne du Messie serait signalé par l’apparition d’une étoile. C’est pour cela que le roi Hérode, consulté par les mages au sujet d’une étoile, prend l’affaire très au sérieux.
Autre prophétie concernant le Messie : celle de Michée : « Toi, Bethléem, trop petite pour compter parmi les clans de Juda, c’est de toi que sortira le Messie » ; prophétie tout à fait dans la ligne de la promesse faite par Dieu à David : que sa dynastie ne s’éteindrait pas et qu’elle apporterait au pays le bonheur attendu.
Les mages n’en savent peut-être pas tant : ce sont des astrologues ; ils se sont mis en marche tout simplement parce qu’une nouvelle étoile s’est levée ; et, spontanément, en arrivant à Jérusalem, ils vont se renseigner auprès des autorités. Et c’est là, peut-être, la première surprise de ce récit de Matthieu : il y a d’un côté, les mages qui n’ont pas d’idées préconçues ; il sont à la recherche du Messie et ils finiront par le trouver. De l’autre, il y a ceux qui savent, qui peuvent citer les Écritures sans faute, mais qui ne bougeront pas le petit doigt ; ils ne feront même pas le déplacement de Jérusalem à Bethléem. Évidemment, ils ne rencontreront pas l’enfant de la crèche.
Quant à Hérode, c’est une autre histoire. Mettons-nous à sa place : il est le roi des Juifs, reconnu comme roi par le pouvoir romain, et lui seul… Il est assez fier de son titre et férocement jaloux de tout ce qui peut lui faire de l’ombre … Il a fait assassiner plusieurs membres de sa famille, y compris ses propres fils, il ne faut pas l’oublier. Car dès que quelqu’un devient un petit peu populaire… Hérode le fait tuer par jalousie. Et voilà qu’on lui rapporte une rumeur qui court dans la ville : des astrologues étrangers ont fait un long voyage jusqu’ici et il paraît qu’ils disent : « Nous avons vu se lever une étoile tout à fait exceptionnelle, nous savons qu’elle annonce la naissance d’un enfant-roi… tout aussi exceptionnel… Le vrai roi des juifs vient sûrement de naître » ! … On imagine un peu la fureur, l’extrême angoisse d’Hérode !
Donc, quand Saint Matthieu nous dit : « Hérode fut bouleversé et tout Jérusalem avec lui », c’est certainement une manière bien douce de dire les choses ! Évidemment, Hérode ne va pas montrer sa rage, il faut savoir manœuvrer : il a tout avantage à extorquer quelques renseignements sur cet enfant, ce rival potentiel… Alors il se renseigne :
D’abord sur le lieu : Matthieu nous dit qu’il a convoqué les chefs des prêtres et les scribes et qu’il leur a demandé où devait naître le Messie ; et c’est là qu’intervient la prophétie de Michée : le Messie naîtra à Bethléem.
Ensuite, Hérode se renseigne sur l’âge de l’enfant car il a déjà son idée derrière la tête pour s’en débarrasser ; il convoque les mages pour leur demander à quelle date au juste l’étoile est apparue. On ne connaît pas la réponse mais la suite nous la fait deviner : puisque, en prenant une grande marge, Hérode fera supprimer tous les enfants de moins de deux ans.
Très probablement, dans le récit de la venue des mages, Matthieu nous donne déjà un résumé de toute la vie de Jésus : dès le début, à Bethléem, il a rencontré l’hostilité et la colère des autorités politiques et religieuses. Jamais, ils ne l’ont reconnu comme le Messie, ils l’ont traité d’imposteur… Ils l’ont même supprimé, éliminé. Et pourtant, il était bien le Messie : tous ceux qui le cherchent peuvent, comme les mages, entrer dans le salut de Dieu.
————————-
Complément
Au passage, on notera que c’est l’un des rares indices que nous ayons de la date de naissance exacte de Jésus ! On connaît avec certitude la date de la mort d’Hérode le Grand : 4 avant J.-C. (il a vécu de 73 à 4 avant J.-C.)… or il a fait tuer tous les enfants de moins de 2 ans : c’est-à-dire des enfants nés entre 6 et 4 (avant J.-C.) ; donc Jésus est probablement né entre 6 et 4 ! Probablement en 6 ou 5… C’est quand au sixième siècle on a voulu – à juste titre – compter les années à partir de la naissance de Jésus, (et non plus à partir de la fondation de Rome) qu’il y a eu tout simplement une erreur de comptage.

Commentaires de Marie-Noëlle Thabut, année liturgique C, Épiphanie du Seigneur (3 janvier 2016)

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3 décembre 2013 2 03 /12 /décembre /2013 08:51

Comme annoncé dans mon article du 23 juin, 2013, voici un article de Jean-Yves Naudet, paru, cette fois-ci, sur le site Internet Liberté Politique.

Jean-Yves NAUDET est professeur d’économie à la Faculté de droit de l’Université d’Aix-Marseille (« Aix-Marseille Université- AMU »). Il est par ailleurs spécialiste de la doctrine sociale de l’Église (qu’il enseigne dans deux séminaires français), probablement le meilleur en France. Il est fondateur et Président de l’Association des économistes catholiques (AEC) de France depuis 2000.

Vous trouverez ici sa biographie plus complète. Dans cet article, qui porte sur l'exhortation apostolique Evangelii Gaudium, c'est en tant qu'expert de la DSE plutôt qu'en tant qu'économiste qu'il s'exprime.

 

Beaucoup attendaient avec impatience, espoir ou inquiétude les premières prises de position du Pape François en matière économique. Allait-il rompre avec ses prédécesseurs ? Condamner l’économie de marché que Jean-Paul II avait défendue ? Certes, chaque jour apportait son lot de petites phrases percutantes (« la mondialisation de l’indifférence »), mais sans constituer une prise de position doctrinale. Avec la parution de l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium (la joie de l’Évangile), on y voit plus clair. Le style change, le ton est plus pastoral, mais la doctrine reste la même.

EN ATTENDANT une encyclique sociale, qu’on annonce pour 2014, et après des prises de parole spontanées, fréquentes et les formules choc, voici déjà de quoi y voir plus clair : une exhortation apostolique.

« Ceci n’est pas un document social »

C’est un texte du pape, mais pas une encyclique et son objet principal porte sur « l’annonce de l’Évangile dans le monde d’aujourd’hui ». D’ailleurs elle est adressée aux chrétiens, mais pas, contrairement aux encycliques sociales, « aux hommes de bonne volonté ». Le Pape le dit clairement dès le premier paragraphe : « Je désire m’adresser aux fidèles chrétiens. » C’est donc le langage de la foi qui y est d’abord utilisé.

Cela n’enlève rien à l’intérêt du texte, mais le Pape François explique :

 

« Ce n’est pas le moment ici de développer toutes les graves questions sociales qui marquent le monde actuel [...]. Ceci n’est pas un document social et pour réfléchir sur ces thématiques différentes, nous disposons d’un instrument très adapté dans le Compendium de la Doctrine sociale de l’Église, dont je recommande vivement l’utilisation et l’étude » (n. 184).

 

Indication intéressante, car ce compendium résume toute la doctrine sociale de l’Église des différents papes et surtout de Jean-Paul II : François fait donc sienne la doctrine de ses prédécesseurs.

En outre, tout n’a pas une portée doctrinale : « Ni le pape, ni l’Église ne possèdent le monopole de l’interprétation de la réalité sociale et de la proposition de solutions aux problèmes contemporains. » Certes, il dit qu’il est important de donner des pistes concrètes, mais aussi que c’est à chaque communauté chrétienne « d’analyser avec objectivité la situation propre de leur pays ». Ce n’est pas un programme figé, uniforme, « clef en mains ».

 

Lire ici l'intégralité de l'article.

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30 juillet 2013 2 30 /07 /juillet /2013 14:14

Comme annoncé dans mon article du 23 juin, 2013, voici un article de Jean-Yves Naudet, paru dans la Nouvelle Lettre puis sur le site de l'ALEPS (Association pour la Liberté Économique et le Progrès Social) : www.libres.org.

Jean-Yves NAUDET est professeur d’économie à la Faculté de droit de l’Université d’Aix-Marseille (« Aix-Marseille Université- AMU »). Il est par ailleurs spécialiste de la doctrine sociale de l’Église (qu’il enseigne dans deux séminaires français), probablement le meilleur en France. Il est fondateur et Président de l’Association des économistes catholiques (AEC) de France depuis 2000.

Vous trouverez ici sa biographie plus complète.

Compte tenu de ce qui précède, mes lecteurs catholiques comprendront que, même si cela les surprend, les propos de l’auteur sont parfaitement conformes à l’enseignement social chrétien.

Si l’économie va mal, il y a un domaine qui va bien, c’est le protectionnisme. C’est d’autant plus désolant, que, comme nous l’avions montré il y a peu, les échanges internationaux sortent les pays de la pauvreté. La Nouvelle Lettre du 15 juin avait déjà tiré le signal d’alarme à propos de la guerre commerciale entre l’Union Européenne et la Chine, puis la France a contraint ses partenaires à mettre en avant l’exception culturelle dans les relations entre l’Europe et les États-Unis (Jacques Garello lui a consacré son éditorial du 22 juin). Au-delà de ces exemples, on voit fleurir partout les innovations protectionnistes. Ce n’est pas une bonne nouvelle : le nationalisme économique est un facteur de tension, voire de guerre.

Le libre-échange, porteur de concurrence et de paix

Il est habituel d’expliquer les bienfaits du libre échange par l’idée de Ricardo : la division internationale du travail. Le monde entier s’organiserait comme un vaste atelier au sein duquel chaque pays se spécialiserait dans l’activité pour laquelle il aurait « l’avantage comparatif » le plus élevé. Les parfums et la haute couture seraient l’apanage de la France, les voitures celui de l’Allemagne, les ordinateurs celui du Japon, les avions celui des États-Unis, etc. Ces exemples démontrent l’insanité de la thèse, les deux tiers des échanges extérieurs sont « croisés » (ou intra-sectoriels), pratiqués entre pays produisant les mêmes biens et services : voitures allemandes importés par des Français et réciproquement. Cette erreur d’analyse conduit malheureusement à des conclusions dangereuses : le libre échange condamnerait un pays à renoncer à des pans entiers de son activité (par exemple, l’agriculture française serait condamnée). Elle conduit aussi à penser que le commerce extérieur est une affaire d’État, alors qu’il est naturellement échange entre individus, agents économiques consommateurs et producteurs, sans considération de leur nationalité.

Le vrai sens du libre échange est d’élargir l’espace des échanges, le nombre et la diversité des échangistes, et de permettre ainsi une concurrence plus féconde. La concurrence est un puissant stimulant pour les entreprises en les poussant à s’adapter, à découvrir de nouveaux produits, de nouveaux marchés, de nouvelles techniques, etc. Mais aussi, comme l’expliquait Frédéric Bastiat, puisque l’économie doit toujours être regardée du point de vue des consommateurs, le libre-échange leur offre des produits plus diversifiés et moins coûteux : il accroît le pouvoir d’achat, ce qui explique que l’ouverture au libre échange a permis à des milliards d’individus de continents entiers d’ échapper à la misère.

Le « doux commerce », comme disait Montesquieu, est un facteur de paix : pour échanger, pas besoin d’être d’accord sur tout ; des peuples qui se sont durablement opposés, s’ils se mettent d’accord sur les règles du jeu, vont tisser des liens économiques qui rendront la guerre quasi-impossible. C’est ce qu’avait compris Napoléon III, lorsqu’il a signé sous l’influence de Cobden et de Michel Chevalier le traité de commerce avec l’Angleterre ; c’est ce qu’avaient compris les pères fondateurs de l’Europe, Gasperi, Schuman et Adenauer : c’est la liberté économique qui a ramené la paix sur notre continent et les liens culturels et amicaux sont venus après les échanges commerciaux. En sens inverse, le nationalisme économique a joué un rôle, aux côtés du nationalisme politique, dans l’enchaînement fatal qui a suivi la crise de 1929.

Protectionnisme monétaire

Si nous ne sommes pas en 1929, nous pouvons cependant être inquiets des signes de protectionnisme. Il y a le protectionnisme monétaire : nous sommes théoriquement en changes flottants, mais ce flottement est impur et les Banques Centrales ne se privent pas d’intervenir pour manipuler leurs monnaies, par les taux d’intérêt ou une intervention directe. Les Chinois, dont le Yuan n’est pas convertible, sous-estiment volontairement la valeur de leur monnaie, les Japonais font tout pour que le Yen perde de la valeur, les Américains font de même avec le dollar : chacun pousse aux « dévaluations compétitives », terme impropre, mais qui dit bien que l’on cherche à regagner par la manipulation des monnaies ce que l’on a perdu en compétitivité. Que de plaidoiries entendues sur les dégâts de l’« euro fort » qui, visiblement, n’a pas freiné les exportations allemandes !

Protectionnisme tarifaire

La forme habituelle du protectionnisme, en dehors des contingentements qui ont largement disparu, c’est d’enchérir artificiellement les prix des produits importés par des droits de douane. Les mercantilistes utilisaient le procédé, aux XVI° et XVII° siècles, et le protectionnisme de l’entre-deux guerres reposait largement sur ce principe. En 1947, les droits de douane étaient en moyenne supérieurs à 40% et c’est grâce aux négociations du Gatt puis de l’OMC qu’ils ont été réduits, tombant autour de 5%, mais pas supprimés, surtout dans certains secteurs. Le blocage du cycle de Doha est un signe des résistances qui existent dans ce domaine.

Un autre signe est fourni par les « exceptions » : nous sommes pour le libre-échange, certes, mais pas partout. La France a convaincu ses partenaires de la nécessité d’une exception culturelle, qui n’aura pour effet que d’affaiblir encore plus ce secteur, déjà rendu fragile par les subventions. Chacun veut son exception. Les agriculteurs de la FNSEA défendent « l’exception agricole française ». Lors du salon « Vinexpo », le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, a expliqué que « le vin n’est pas un produit comme les autres ».

Le problème n’est pas spécifiquement français, et chacun est tenté de voir dans ses « spécialités » une exception qui doit échapper au libre-échange. D’exception en exception, on entre dans une logique mortifère de sanctions successives : on met un embargo contre les importations de panneaux solaires fabriqués en Chine, les Chinois ripostent à propos du vin français ou des voitures allemandes. On bloque l’acier américain, les Américains se vengent sur le fromage. Le protectionnisme est contagieux, il se répand comme un virus.

Les obstacles non-tarifaires

Mais il y a aussi la multiplication des normes, mises en place, officiellement pour des raisons sociales ou environnementales. Le but affiché est toujours « social » : protéger les enfants, la santé, les salariés, etc. La réalité est moins avouable : ces normes servent juste à écarter les produits étrangers, car elles correspondent, heureux hasard, aux habitudes nationales !

Le Monde consacrait récemment deux pages à ce « nouveau visage du protectionnisme ». On compte dans les pays membres de l’OMC 11 288 mesures sanitaires et phytosanitaires, concernant les produits alimentaires et les animaux et végétaux, (dont plus de 2 000 depuis le début de l’année !) et 15 560 obstacles techniques au commerce, concernant des règlements, normes et autres procédures de certification. Le Monde cite un bref florilège. On appréciera la pêche de crevettes uniquement par des moyens respectueux des tortues marines, la couleur imposée des fusées de détresse d’un yacht, les interdictions de maïs OGM, de viande de bœuf aux hormones ou de poulet lavé au chlore, les seuils de pollution des voitures ou les fleurs sans résidus de pesticide. Il n’est pas certain que tout cela soit uniquement justifié par des raisons de santé publique ! C’est l’un des rôles de l’OMC que de lutter contre ce type de protectionnisme galopant.

Faut-il être pessimiste devant cette renaissance du nationalisme économique? Certes la vigilance s’impose, les États montent les peuples les uns contre les autres. Mais la mondialisation a maintenant plus de vingt ans d’âge, depuis la chute du mur de Berlin, et il n’y a plus de « vrais » produits nationaux : produire français ne signifie plus grand-chose. Les pays émergents ont besoin du libre-échange pour soutenir leur développement. Beaucoup de membres de l’Union Européenne et le G8 lui-même s’inquiètent des risques protectionnistes. Mais le péril protectionniste disparaîtra quand on aura appris aux Français, comme aux autres, qu’ils peuvent bénéficier des bienfaits du libre-échange. Ce ne sera pas le plus facile.

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2 juillet 2013 2 02 /07 /juillet /2013 13:34

Parce que les citoyens ne font plus confiance aux politiciens, parce que ces politiciens n'écoutent plus les demandes de la population et qu'ils méprisent les citoyens, le député belge Laurent LOUIS, se basant sur les travaux d'Etienne Chouard, propose un changement de système: remplacer les élections par le tirage au sort de citoyens volontaires. Découvrez la vidéo de son intervention devant le parlement belge

 

 


 

 

puis le texte complet de la proposition de Laurent LOUIS:

http://www.lachambre.be/FLWB/PDF/53/2860/53K2860001.pdf

 

 

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3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 08:30

osama-bin-laden-killed-0502Je suis frappé par les réjouissances qui font suite à la mort d'Oussama Ben Laden.

En d'autres temps, je me serais réjoui avec tout le monde, j'aurais acquiescé en lisant ou entendant que "justice est faite", que les victimes des attentats perpétrés par Al-Qaida "ont été vengées", etc.. Aujourd'hui, je crois que cette mort ne changera rien, qu'elle entretient l'illusion que la violence peut triompher de la violence.

 

Seul l'amour peut triompher de la violence et de la haine.

Il n'est pas question pour moi d'avoir une position angélique, de dire qu'il valait mieux laisser Ben Laden tranquille dans son coin. Je veux simplement signifier que sa mort ne change absolument rien au problème.

 

Moins de 10 jours après Pâques, je m'aperçois qu'un fausse bonne nouvelle a vite chassé la vraie Bonne Nouvelle. Le Christ, peu avant d'expirer, n'envisage pas une quelconque vengeance mais prie pour ses bourreaux : "Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font". Auparavant, il avait enseigné à ses disciples : "Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous font du tort et vous persécutent" (Mt 5,44). Seule la spirale de l'amour peut apporter la paix et la justice, en aucun cas la spirale de la violence. Je ne prétends en aucun cas donner de leçon à quiconque : comme la plupart d'entre-nous, j'en veux à ceux qui me font du mal et j'ai du mal à leur pardonner. Tout autant qu'un autre, j'ai besoin de me convertir.

 

Que pouvons nous faire pour contribuer, chacun à notre place, à la victoire du bien sur le mal, à l'avènement d'une société pacifique ? Il me semble que, par notre comportement, nous devons signifier notre respect de la dignité, et donc de la liberté, de chaque être humain, en particulier de ceux qui nous sont proches. Avoir le souci de ne rien imposer à autrui, par la force, la menace ou la tromperie. Combattre, pacifiquement, pour le respect, en particulier par ceux qui détiennent le monopole de la violence légale (les hommes de l'Etat), de la dignité et de la liberté précitées. Favoriser la prise de conscience que la violence des entraves au libre marché (en France : marché du travail, éducation, transport, assurances sociales, etc.) , du racket fiscal, de la peine de mort, de l'avortement ou de l'euthanasie porte en elle le germe de violences plus visibles et donc moins bien supportées, comme la guerre ou le terrorisme.

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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 01:07

Dans un article de fin novembre 2010, j'avais repris diverses publications relatives à "Un professeur de lycée suspendu, à Manosque, pour avoir montré des images d'avortement à ses élèves". J'y avais ajouté mes propres commentaires Hier, grâce à la Fondation de Service Politique, j'ai trouvé une vidéo fort intéressante, sur le site WEBTVCN.fr, où Philippe Isnard, le professeur suspendu, donne sa propre version des faits ainsi que ses commentaires. J'invite mes lecteurs à regarder cette vidéo.  

 

 

 

  Philippe Isnard invite celles et ceux qui veulent le soutenir à envoyer une lettre de protestation, demandant sa réintégration sans sanction et l'arrêt de la procédure disciplinaire à son encontre, à :

Rectorat d'Aix-Marseille

A l'attention de Mme Bourras

Place Lucien Paye

13621 AIX-EN-PROVENCE CEDEX 1

 

et à transmettre une copie de cette lettre, par courriel, à Philippe Isnard (alienor30@gmail.com).

 

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28 janvier 2010 4 28 /01 /janvier /2010 14:37
Depuis hier différents articles mettent en évidence le fait que le thème du chômage et celui du pouvoir d'achat pourraient bientôt disparaître des programmes scolaires de la classe de seconde SES.

Je vous renvoie à ceux publiés sur les sites de Nonfiction, Rue89, Le Point, Tatun Info ou Le Courrier Picard.

Je souhaite rassurer tous ceux qui s'émeuvent de cette disparition. Il existe désormais une organisation syndicale professionnelle, toute neuve, qui fait de ces problèmes, objets des principales préoccupations des Français, une analyse d'une logique implacable et leur apporte des solutions très simples, à la portée de tous les élèves de CM2. Je vous invite donc à consulter sans délai le site de cette organisation syndicale.

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29 novembre 2009 7 29 /11 /novembre /2009 23:49

Voici la suite du témoignage d'un candidat à la vaccination H1N1.

 

J’ai été vacciné ce soir après mon 4e déplacement au centre de vaccination. Mais, pour ce faire, j’ai été dans l’obligation, au bout d’une heure, de poser un ultimatum à la Direction du centre : personne ne savait où étaient les dossiers médicaux remplis à la dernière séance par le médecin qui avait examiné les patients. Ni non plus leurs demandes de vaccination pour obtenir un bon (qui n’avait pas été envoyé, malgré nos priorités). Comme d’autres j’ai du recommencer ma page d’écriture. Les gens comme moi, qui avaient été renvoyés sans être vaccinés pour cause, je cite, « de non-réception des vaccins sans adjuvant », citation dite à moi personnellement, tant par le Directeur que par le médecin, ce jour là, ont appris par le même Directeur et le nouveau médecin qu’en fait les vaccins étaient bien là mais pas le protocole de vaccination les accompagnant normalement (l’administration n’avait donc pas dit la vérité pour ne pas perdre la face. Ainsi elle l’a perdue deux fois).

Des fonctionnaires présents avaient été réquisitionnés dans d’autres ministères. Celle qui, après mon ultimatum, a été chargée de m’accompagner  de bout en bout, venait de l’équipement.

A mes questions elle a répondu « Non, Monsieur, je n’ai reçu aucune information ni aucune formation. Je suis là uniquement aujourd’hui de 17h00 à 21h00 »

Ce matin  même la fonctionnaire à qui je me suis adressé à la Direction médicale du SDIS (c’est le SDIS qui est chargé de la conduite des opérations dans les centres de vaccination) à qui j’ai téléphoné « Je suis Monsieur S, j’habite rue de Bonnel, dans le 3earrondissement. Le centre de vaccination Rosset a-t-il reçu  les vaccins sans adjuvant ? Et pouvez-vous me confirmer les heures d’ouverture de ce centre ce jour ?» m’a répondu mot à mot « Monsieur, êtes vous une femme enceinte ? Il y a un seul centre aujourd’hui qui aura des vaccins sans adjuvant. Ces vaccins  sont réservés aux femmes enceintes. Je ne sais lequel. »

 Je passe sur toutes les autres âneries, entendues et vues, dont j’ai été  le témoin ce soir comme les 3 autres fois, ainsi qu’à l’assurance maladie (services normaux et cellule de crise) et à la préfecture (cellule de crise). Notre République est bien malade.


N.B : Naturellement, personne (Direction, médecin, infirmière, contrôle médical) ne sait s’il faudra ou non une 2e injection.

 

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23 novembre 2009 1 23 /11 /novembre /2009 23:56

Depuis la semaine dernière, on ne parle presque plus que de ça: la main de Thierry Henry ayant permis à l'équipe de France de football de se qualifier pour la prochaine coupe de monde au détriment de l'Irlande.

 Je reste stupéfait devant la plupart des réactions : pour beaucoup, l'attitude de Thierry Henry est scandaleuse, immorale, il devrait être exclu de l'équipe de France et le match contre l'Irlande aurait du être rejoué!

 Seule les réactions de Roger Federer (« Tout s'est passé en une seconde. On ne peut pas lui en vouloir pour avoir continué à jouer si l'arbitre n'a rien vu. C'est la faute du système et de l'arbitre. Ça arrive tellement souvent. Il y a tellement de buts qui ne sont pas des buts. C'est seulement un de plus » et, dans une moindre mesure, de Raymond Domenech ("Je ne comprends pas le procès fait à Thierry Henry, un joueur irréprochable. En France, on a une fâcheuse tendance à s'auto-flageller. Ce sont des accusations sur un joueur, alors que le vrai débat repose sur l'arbitrage." me semblent faire preuve d'un peu de bon sens.

 En effet, je crois que le problème posé est beaucoup plus celui de l'arbitrage et, plus généralement, de ce que Federer appelle « le système », que celui des tricheries de tel ou tel joueur. Il faut signaler que la deuxième main de Thierry Henry est précédée d'une première, probablement involontaire, elle même précédée d'une main d'un autre joueur français, elle même précédée d'une situation de hors-jeu de 2 Français, dont Thierry Henry !

 Depuis de nombreuses années, chaque match de football n'est qu'un enchaînement de tricheries, avec la bienveillance du corps arbitral, qui reçoit ses consignes des instances dirigeantes du football. Il ne se passe pas une minute, sans qu'il y ait, au minimum, un tirage de maillot, un accrochage par le bras, un appui sur l'épaule adverse, un coup de coude ou une simulation.

Amateur de football et partisan d’une société de liberté et de responsabilité, qui suppose :

  • le respect de contrats librement conclus,

  • que chaque individu supporte les conséquences de ses actes, au lieu de les faire supporter par les autres,

je m’insurge contre

  • le non-respect généralisé des règles du football, pourtant librement acceptées par les joueurs, dirigeants et arbitres,

  • l’injustice et l’irresponsabilité qui découlent de la non-réparation presque systématique, par leurs auteurs, des irrégularités commises, avec la bienveillance coupable des arbitres et des instances du football (voir Loi 12, punissant d’un avertissement tout comportement antisportif, presque jamais appliquée),

  • l'immorale incitation à la tricherie et à la dissimulation que constituent, aux yeux des spectateurs des matchs de football, enfants ou adultes, les constats précités.

Pour ne parler que de la finale de la coupe du monde 2006 (France-Italie), je n’ai pas apprécié de voir, entre autres :

  • Materazzi marquer le but italien en s’appuyant sur l’épaule de Vieira (la vidéo le montre sans ambiguïté, pourquoi refuser d’y avoir recours ?),

  • Malouda stoppé irrégulièrement en pleine surface de réparation (la vidéo est formelle), une fois par un croc-en-jambe, une autre par un tirage de maillot alors qu’il tentait de s’élever pour reprendre un centre de la tête, chaque fois sans réaction de l’arbitre,

  • Zidane blessé à l’épaule après une agression non sanctionnée (voyez le ralenti !),

  • Malouda stoppé par le sifflet de l’arbitre pour un hors-jeu imaginaire, alors qu’il se présentait seul devant le goal italien (la vidéo l’atteste),

  • Materazzi ceinturer Zidane et le retenir par le maillot, puis le provoquer verbalement, puis Zidane lui donner un coup de tête dans la poitrine, puis Materazzi simuler une blessure, sans que Materazzi n’écope de la moindre sanction.

A-t-on, à l'époque, fait à Materazzi des critiques similaires à celles adressées à Thierry Henry, au motif qu'il avait triché pour marquer son but? Pas un seul commentateur ne l'a évoqué! Lui a-t-on reproché d'avoir ceinturé Zidane? Pas le moins du monde! Lui a-t-on reproché d'avoir provoqué Zidane en insultant la mère et/ou la soeur de celui-ci? A peine! Lui a-t-on reproché d'avoir simulé une blessure pour attirer l'attention des arbitres? Même pas! Le seul pelé, le seul galeux, c'était Zidane hier, et c'est Thierry Henry aujourd'hui.

Certains grands esprits auraient voulu que Thierry Henry aille se confesser auprès de l'arbitre, après avoir accompli son forfait! Il n'est pas compliqué de comprendre que Thierry Henry ne jouerait plus au football s'il n'avait pas adhéré au « système » qui veut que tout le monde triche (hormis le gardien de but, pour lequel ce n'est pas indispensable). Tout le monde accepte sans broncher que les joueurs trichent, avec la bénédiction des arbitres, mais dans le cas de la main de Thierry Henry, on n'accepte pas qu'il ait triché et qu'en plus ça lui ait profité! Si les joueurs trichent c'est bien avec l'espoir que leur tricherie va bénéficier à leur équipe (en permettant de marquer un but, en évitant que l'adversaire en marque un, en provoquant l'expulsion d'un joueur adverse, ...), n'est-ce pas? Alors pourquoi imaginer qu'un joueur ayant triché va renoncer à l'avantage procuré par sa tricherie?

 

En conclusion, il me semble qu'il y a urgence, pour rétablir un peu de moralité dans le football professionnel, à :

  • modifier les règles pour que les fautes et les tricheries soient suivies de sanctions dissuasives, c'est à dire faisant plus que compenser l'avantage tiré de la faute par l'équipe du coupable (comme c'est le cas au rugby, où il peut même y avoir essai de pénalité);

  • faire appliquer les règles qui sont en vigueur (ce n'est pas le cas de la loi 12, actuellement);

  • utiliser la vidéo pour limiter les risques d'erreur d'arbitrage, pendant le match (avec x « challenges » possibles, comme au tennis?) et après le match (pour sanctionner les tricheries qui n'auraient pas été repérées par l'arbitre, comme c'est le cas au rugby).

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