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18 juin 2008 3 18 /06 /juin /2008 22:43
Mes lecteurs réguliers connaissent un de mes dadas : mettre en évidence la compatibilité entre la foi chrétienne et la pensée libérale. Je découvre régulièrement des textes bibliques qui apportent de l'eau à mon moulin. Ce fut le cas dimanche dernier. Voici le texte de la première lecture, suivi du commentaire qu'en fait Marie-Noëlle Thabut.

PREMIERE LECTURE - Exode 19, 2 - 6a

Dans le troisième mois qui suivit la sortie d'Egypte,
2 les fils d'Israël, partis de Rephidim, arrivèrent dans le désert du Sinaï
et ils y établirent leur camp
juste en face de la montagne.
3 Moïse monta vers Dieu.
Le Seigneur l'appela du haut de la montagne :
« Tu diras à la maison de Jacob,
tu annonceras aux fils d'Israël :
4 Vous avez vu ce que j'ai fait à l'Egypte,
comment je vous ai portés sur les ailes d'un aigle
pour vous amener jusqu'à moi.
5 Et maintenant, si vous entendez ma voix et gardez mon alliance,
vous serez mon domaine particulier
parmi tous les peuples,
- car toute la terre m'appartient -
6 et vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte. »

 
COMMENTAIRE

Ceci se passe au Sinaï, au moment où Dieu va conclure l'Alliance avec son peuple : l'Alliance qui engagera à tout jamais le Seigneur de l'univers et le tout petit peuple d'Israël. On peut dire qu'il s'agit du traité de paix le plus grave de toute l'histoire de l'humanité ! Et ce que nous lisons ce dimanche, c'est le prologue de l'Alliance, le discours d'ouverture prononcé par Dieu ; il commence par ces paroles : « Vous avez vu ce que j'ai fait à l'Egypte, comment je vous ai portés comme sur les ailes d'un aigle pour vous amener jusqu'à moi ».
Le livre de l'Exode n'en dit pas plus ; mais l'image était certainement parlante pour ceux qui traversaient le désert. Car il paraît que les observateurs des oiseaux dans le Sinaï ont relevé que les aigles ont une manière toute particulière d'apprendre à leurs petits à voler. Lorsque les petits sont prêts à se lancer pour la première fois, les parents aigles sortent en portant les aiglons posés sur leurs ailes. Lorsque les petits se lancent, les parents continuent à planer en dessinant de larges cercles ; lorsque les aiglons sont fatigués, ils peuvent se re-poser (et se reposer) sur les ailes des parents ; ils recommenceront la tentative autant de fois qu'il faudra, jusqu'à ce qu'ils soient capables de « voler de leurs propres ailes », comme on dit. Le génie d'un auteur biblique a été d'appliquer cette image à Dieu : manière de dire que si Dieu porte son peuple, ce n'est pas pour en faire son esclave, c'est pour lui apprendre à voler de ses propres ailes... Dieu est vraiment le Dieu qui libère et qui éduque à la liberté.
Voici ce que rapporte le livre du Deutéronome : « Le SEIGNEUR rencontre son peuple au pays du désert, dans les solitudes remplies de hurlements sauvages ; il l'entoure, il l'instruit, il veille sur lui comme sur la prunelle de son oeil. Il est comme l'aigle qui encourage sa nichée ; il plane au-dessus de ses petits, il déploie toute son envergure, il les prend et les porte sur ses ailes. » (Dt 32, 10-11). Au passage, vous aurez noté l'expression : « Le SEIGNEUR veille sur son peuple comme sur la prunelle de son oeil. » !
C'est à partir de cette expérience de la sollicitude d'un Dieu qui veut l'homme libre que le peuple a pu s'engager dans l'Alliance et promettre fidélité aux commandements. Une relation d'Alliance ne peut se bâtir que sur la confiance et la confiance naît de l'expérience : Dieu « a fait ses preuves », en quelque sorte. Dans toute l'histoire d'Israël, le rappel de l'oeuvre libératrice de Dieu précède toujours les commandements ; nous sommes ici dans le livre de l'Exode au chapitre 19, juste avant le don des commandements puisque le Décalogue est dicté au chapitre 20.




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18 juin 2008 3 18 /06 /juin /2008 07:43



L'excellente association Liberté Chérie, dont je m'honore d'être membre (et Président du comité local de la Brie) vous propose désormais de découvrir votre salaire complet. Il vous suffit de fournir quelques informations, extraites de votre bulletin de paie, à la machine sophistiquée qui apparaîtra.

Faites ensuite connaître autour de vous cette très salubre initiative !

Si vous n'êtes pas encore abonné à la liste de diffusion de Liberté Chérie, je vous invite à remédier d'urgence à cette grave lacune. Je vous indique la procédure à suivre :
- aller sur le site de Liberté Chérie (www.liberte-cherie.com),
- cliquer sur "Comités locaux" (bandeau bas),
- cliquer sur "Mon compte" (bandeau haut),
- saisir les informations requises et cliquer sur "Créer mon compte sur Liberté Chérie".

Une fois conquis, n'hésitez pas à adhérer à cette association très active, animée par des jeunes remarquables !

 

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12 mai 2008 1 12 /05 /mai /2008 07:58
Ayant été passer quelques jours dans le Poitou, j'ai assisté à la messe du dimanche de Pentecôte dans l'église Notre-Dame de Richelieu.
J'ai été frappé par le très jeune âge apparent du prêtre, qui tranchait avec l'âge moyen de notre clergé.
Deux chants rappelaient la vocation de l'homme à la liberté.
Comme il m'est arrivé par le passé, je vous livre ci-après quelques extraits du commentaire, fait par Marie-Noëlle Thabut, des lectures du jour, notamment ceux qui rejoignent particulièrement la pensée libérale. Parmi ceux-ci, figurent ceux qui font l'éloge de la diversité. En effet, pour les libéraux (voir par exemple Philippe Nemo, dans l'introduction de "Histoire des idées politiques aux temps modernes et contemporains"), l'ordre social le plus efficace, le plus satisfaisant, est un ordre "polycentrique", pluraliste, qui suppose la protection acharnée de la liberté individuelle.

Désormais la loi de Dieu (qui est le seul moyen de vivre vraiment libres et heureux, il ne faut pas l’oublier) désormais cette loi de Dieu est écrite non plus sur des tables de pierre mais sur des tables de chair, sur le coeur de l’homme, pour reprendre une image d’Ezéchiel.
(...)
Troisièmement, l’épisode de Babel : vous vous souvenez de l’histoire de Babel : en la simplifiant beaucoup, on peut la raconter comme une pièce en deux actes : Acte 1, tous les hommes parlaient la même langue : ils avaient le même langage et les mêmes mots. Ils décident d’entreprendre une grande oeuvre qui mobilisera toutes leurs énergies : la construction d’une tour immense... Acte 2, Dieu intervient pour mettre le holà : il les disperse à la surface de la terre et brouille leurs langues. Désormais les hommes ne se comprendront plus... Nous nous demandons souvent ce qu’il faut en conclure ?... Si on veut bien ne pas faire de procès d’intention à Dieu, impossible d’imaginer qu’il ait agi pour autre chose que pour notre bonheur... Donc,
si Dieu intervient, c’est pour épargner à l’humanité une fausse piste : la piste de la pensée unique, du projet unique ; quelque chose comme « mes petits enfants, vous recherchez l’unité, c’est bien ; mais ne vous trompez pas de chemin : l’unité n’est pas dans l’uniformité ! La véritable unité de l’amour ne peut se trouver que dans la diversité ».
(...)
Et le premier message de Paul, aujourd’hui, c’est que l’Eglise du Christ a précisément pour vocation d’être ce lieu où l’on apprend à ne plus penser en termes de supériorité, de hiérarchie, d’avancement, d’honneur... Le lieu où une nomination n’est pas un avancement ou une rétrogradation... Le lieu où une ordination ne confère pas une supériorité... Car les vues de Dieu sont tout autres : « Vous le savez, disait Jésus à ses apôtres, les chefs des nations les tiennent sous leur pouvoir et les grands sous leur domination. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous » (Mt 20, 25-26).
(...)
Nous ne sommes pas tous pareils pour autant : l’âge et le curriculum vitae ont quand même leur importance... mais pas celle qu’on croit. Et voilà le deuxième message de Paul : nos diversités sont des cadeaux ; ce n’est pas un hasard si il emploie plusieurs fois le mot « don » ; « Les dons de la grâce sont variés »... « Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous ». Cela aussi, c’est un peu le monde à l’envers, parce que, bien souvent, ce sont nos diversités qui nous font souffrir ; on en sait quelque chose en liturgie ; Paul, au contraire, nous invite à nous en réjouir : nos diversités sont des richesses ! Et, paradoxalement, ce sont elles qui bâtiront notre unité. C’est l’un des grands messages de la Pentecôte, nous l’avons vu, en particulier, avec le récit des Actes des Apôtres où toutes les langues diverses s’unissent pour chanter le même chant, les merveilles de Dieu. L’Eglise est aussi ce lieu où l’on peut surmonter les différences de sensibilité et apprendre à vivre la réconciliation. Car l’Esprit qui nous est donné à la Pentecôte est l’Esprit d’amour, donc de pardon et de réconciliation. C’est même justement notre capacité de réconciliation et de respect mutuel qui est la marque de l’Esprit. Voilà le témoignage que le monde attend de nous. « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on vous reconnaîtra pour mes disciples » disait Jésus le dernier soir (Jn 13, 35).

Décidément, si nous avions à imaginer un dessin représentant l’Eglise, on pourrait dessiner une mosaïque : plus les pièces (ce qu’on appelle les tesselles) sont petites, variées, colorées, plus la mosaïque sera belle et nuancée !

L’unité dans la diversité, c’est un beau pari : mais nous ne pouvons le gagner que parce que l’Esprit nous est donné : l’Esprit d’Amour, l’Amour qui unit le Père et le Fils.
C’était déjà la leçon de Babel : l'unité n'est pas dans l'uniformité ! La véritable unité de l'amour ne peut se trouver que dans la diversité.

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5 avril 2008 6 05 /04 /avril /2008 20:25
Je reviens sur l'affaire Chantal Sébire à l'occasion d'un nouvel article de Pierre-Olivier Arduin (publié par Liberté Politique.com, le site de la Fondation de service politique), qui met en lumière certains mensonges proférés par la malade et une partie de son entourage. Cet article se termine par un plaidoyer pour le développement des soins palliatifs. J'y suis personnellement favorable mais je regrette que l'auteur en appelle à l'Etat pour assurer ce développement. C'est au nom du respect de la dignité de la personne humaine que ce catholique convaincu défend la vie des êtres humains dès la conception et jusqu'à la mort naturelle, c'est au nom du respect de cette même dignité (et du principe de subsidiarité, qui en découle) qu'il devrait, à mon avis, souhaiter que l'Etat se retire du champ de la santé pour laisser les particuliers, seuls ou en coopération avec d'autres (familles, asoociations, mutuelles, sociétés d'assurance, institutions privées,...) assumer les fonctions qu'ils sont en mesure de remplir eux-mêmes.

Voici cet article.

Après les mensonges de l’affaire Sébire, sortir la France du marasme palliatif
Pierre-Olivier Arduin*

La vérité sur l’affaire Sébire, qui a tenu en haleine la France entière jusqu’à l’épilogue dramatique du suicide aux barbituriques, émerge progressivement. Chaque jour, de nouvelles informations percent sur la maladie de Chantal Sébire, et la prise en charge thérapeutique dont elle aurait dû bénéficier. Après le battage hors normes entretenu subtilement par l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) et soutenu avantageusement par les médias audiovisuels, c’est une tout autre histoire qui se dessine aujourd’hui.

Le docteur Emmanuel Debost, médecin traitant de la défunte, n’avait-il pas déclaré dans les colonnes de La Croix que « tout ce que la médecine pouvait faire au niveau curatif a été fait » et que « toutes les solutions ont été étudiées » pour calmer sa douleur ? Sans accuser directement le généraliste, certainement dépassé par l’ampleur de l’affaire, et dont lui-même a pu être abusé par sa patiente ou les responsables de l’ADMD aux aguets, force est de constater que le mensonge, sur un plan strictement médical, est double.

Stupéfaction des spécialistes

La tumeur dont souffrait Chantal Sébire n’aurait pas dû entraîner la déformation majeure du visage dont l’image, à l’instar de Méduse, a pétrifié la pensée. Le chroniqueur médial du Monde, Jean-Yves Nau, était le premier à relater, dès le 19 mars, jour du décès de Chantal Sébire, la stupéfaction des spécialistes devant « l’absence, durant six ans, de prise en charge médicale adaptée de la malade [indiquant] que la maladie de Mme Sébire ne peut être qualifiée d’incurable, notamment si elle est traitée de façon précoce ». Le journaliste citait également les réponses déconcertantes de la malade suite au diagnostic de la tumeur des sinus posé en 2002 par un chirurgien ORL lyonnais : « Il m’a expliqué l’intervention prévue, mais n’a pas réuni l’équipe adéquate », Chantal Sébire ajoutant : « Je n’ai pas accepté les interventions qu’on me proposait car le risque vital était engagé ».

Jean-Yves Nau ne s’est pas arrêté en si bon chemin et s’est rendu sur le site Orphanet spécialisé dans les affections orphelines :
« L’esthésioneuroblastome ou neuroblastome olfactif est une tumeur très rare qui se développe aux dépens du nerf olfactif dans la cavité nasale. Moins de 1000 cas ont été publiés dans les vingt dernières années. Cette tumeur se développe lentement et surtout localement même si elle peut métastaser. L’intervalle entre le premier signe et le diagnostic est en général de 6 mois […]. Le traitement repose sur une chirurgie maximale suivie d’une radiothérapie […]. La plupart des séries récentes rapportent des survies à 5 ans de l’ordre de 60 à 70 %. Les récidives locales peuvent être rattrapées par un traitement de deuxième ligne. Dès la phase de diagnostic et de la chirurgie initiale, le traitement doit être confié à des équipes pluridisciplinaires » (Orphanet, Docteur J. Grill, février 2005.
Concernant l’analgésie dont on a déjà eu l’occasion de rappeler qu’elle ne s’improvise pas et requiert des compétences sanctionnées par des diplômes universitaires spécifiques, la tromperie passe toute mesure alors même qu’on nous parlait de souffrances insupportables, réfractaires ou encore d’allergie à la morphine. Le docteur Jean-Louis Béal, chef de l’unité des soins palliatifs du CHU de Dijon, livre un témoignage accablant dans Le Parisien dont le travail d’investigation mérite d’être salué : « Révélation surprenante, le médecin affirme que l’ex-enseignante “ne voulait à la fin qu’être soignée par homéopathie”. »
« Elle nous disait vouloir contrôler sa vie et n’accepter que les médecines douces. Je lui ai suggéré de rentrer dans mon unité de soins palliatifs, mais elle ne l’a pas souhaité. C’est son droit, mais que l’on ne vienne pas nous dire aujourd’hui que l’on n’a rien proposé ! […] On n’a jamais douté de l’intensité de sa douleur, mais elle a opposé un non catégorique à nos protocoles. Je lui ai proposé différents antidouleurs, y compris la morphine. Mais cela ne lui convenait pas, car elle l’assimilait à de la chimie, donc du poison » (Le Parisien, 26 mars).
Il évoque également la mise à l’écart de l’équipe laissant le champ libre selon lui à « l’Association pour le droit de mourir dans la dignité de s’emparer de ce cas emblématique pour faire avancer sa cause ». Quant au docteur Bernard Devalois, ancien président de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs et actuel directeur de l’unité de soins palliatifs à l’hôpital de Puteaux, fort de son expérience, il déclare sans ambages que « dans le cas du cancer, il n’y a pas de situations pour lesquelles nous ne puissions pas apporter de réponses. L’allergie à la morphine, cela n’existe pas. Il y a des effets secondaires, mais on peut les soigner. Et nous avons à notre disposition quatre ou cinq autres molécules efficaces » (La Vie, 22 mars).

La demande à corps perdu de suicide médicalement assisté de la part de Chantal Sébire, relayée habilement par l’ADMD et ses épigones, n’apparaît-elle pas aujourd’hui comme la requête désespérée d’une euthanasie de rattrapage, les ressources de la médecine ayant été obstinément repoussées ? Sachant cela, les médias, et en premier lieu la télévision, auraient-ils participé aussi complaisamment au montage de cette affaire pour relancer le débat sur l’euthanasie ? Le premier ministre se serait-il cru obligé de confier à Jean Léonetti une mission d’évaluation sur la loi qui porte son nom ?

Le rapport Hennezel

Il est encore possible de se ressaisir, au moins en partie, et de tourner à l’avantage du mouvement des soins palliatifs la précipitation de la décision de Matignon. Voilà en effet qu’on apprend l’existence d’un rapport remis par Marie de Hennezel, spécialiste reconnue de l’accompagnement des personnes en fin de vie, à Roselyne Bachelot fin 2007 concluant au manque criant de lits de soins palliatifs et à l’absence de formation sérieuse aux enjeux de la loi Léonetti. Intitulé La France palliative, il était ignoré de tous ou presque jusqu’à ce qu’il fût exhumé des tiroirs du ministère de la Santé par la polémique. Jean-Yves Nau, encore lui, nous apprend, après enquête minutieuse, qu’aucune suite ne lui fut donnée, pas même un accusé de réception, alors qu’il devait être un « message fort » en direction du chef de l’État, selon l’auteur du document (Le Monde, 25 mars). Comment expliquer la chape de plomb qui l’a recouvert quand on sait que font défaut en France au minimum 2400 lits de soins palliatifs et que le gouvernement s’était fixé le chiffre de 3000 avant le début de l’année 2008 ?

L’omission politique frôle la faute si l’on ajoute que la loi relative à la fin de vie elle-même avait présenté le renforcement de la médecine palliative comme une véritable alternative à l’euthanasie. La loi du 22 avril 2005 affirme en effet que « les professionnels de santé mettent en œuvre tous les moyens à leur disposition pour assurer à chacun une vie digne jusqu’à la mort » (article L. 1110-5 al. 5 CSP). Respect de la dignité qui passe par les soins palliatifs selon leur définition même inscrite dans le marbre de la loi : « Ce sont des soins actifs et continus pratiqués par une équipe pluridisciplinaire en institution ou à domicile. Ils visent à soulager la douleur, à apaiser la souffrance psychologique, à sauvegarder la dignité de la personne malade et à soutenir son entourage » (article L. 1110-10 du Code de la santé publique). Le législateur en a fait ni plus ni moins qu’un droit : « Toute personne malade dont l’état le requiert a le droit d’accéder à des soins palliatifs et à un accompagnement » (article L. 1110-9 CSP).

En corollaire de ce droit, qui sait que la loi Léonetti a fait de la mise en place d’une médecine palliative de qualité une obligation pour les établissements de santé ? Ceux-ci, dans le cadre des contrats pluriannuels conclus avec les agences régionales de l’hospitalisation (ARH), devaient identifier les services dispensant des soins palliatifs et faire connaître pour chacun d’eux le nombre de soignants référents qu’il convenait de former (article L. 6114-2 CSP). La loi Léonetti demandait dans le nouvel article L. 6143-2-2 du CSP que le projet médical d’établissement comprenne un volet « activité palliative des services ».

Diffuser une culture palliative

Autre aspect très novateur de la loi du 22 avril 2005 : sortir les soins palliatifs de structures spécialisées tout en renforçant ces dernières. L’idée promue par la législation votée à l’unanimité par le Parlement était que tout patient, quelque soit son lieu d’hospitalisation, devait bénéficier d’un accès à ces soins. Il y a la volonté de les organiser en dehors des modes classiques d’hospitalisation si bien que la loi du 22 avril 2005 stipule, en modifiant le Code de l’action sociale et des familles, que les services sociaux ou médico-sociaux doivent prévoir cette activité (articles L. 313-12). C’est en fait à un effort sans précédent en faveur de la diffusion d’une culture palliative sur tout le territoire et au sein de tous les établissements de santé que consentait la loi relative à la fin de vie, en prévoyant un redéploiement ambitieux de l’organisation de cette spécialité. Il n’a manqué en définitive qu’une chose : l’impulsion politique pourtant promise lors de la campagne présidentielle.

Le député Jean Léonetti doit « faire des propositions pour remédier à la méconnaissance ou à la mauvaise application des textes et éventuellement à l’insuffisance de la législation », selon l’ordre de mission de François Fillon. Oublions la dernière expression qui n’a aucun sens : un corpus législatif inconnu des Français et particulièrement des soignants auquel il s’adresse en priorité ne peut être qualifié d’insuffisant. Une loi qui n’est que peu ou pas appliquée ne peut être jugée comme défaillante.

Pour autant, la nouvelle mission sur l’accompagnement de la fin de vie dont est chargé le député-maire d’Antibes doit tirer d’un mal plusieurs biens.
  • En premier lieu formuler des propositions concrètes pour sortir la France du marasme palliatif. L’intelligence pratique ne manque pas dans ce domaine, il faut la mettre à l’honneur et écouter enfin ceux qui ont donné leur vie professionnelle à cet idéal. Le rapport Hennezel doit faire l’objet d’une lecture minutieuse et attentive.

  • Ensuite rappeler sans cesse l’impératif de formation des professionnels de la santé aux contenus éthiques, déontologiques et juridiques de la loi. Pour avoir personnellement dispensé cet enseignement à des cadres de santé au sein d’un module de deux journées de sept heures, la satisfaction des soignants qui ne demandent qu’à approfondir leur réflexion sur les problématiques de fin de vie est inestimable. Ils deviennent rapidement des personnes ressources dans leurs services en entraînant leurs collègues à suivre leur démarche. La diffusion résolue et capillaire de cours spécifiques pendant les cursus universitaires et lors de sessions de formation continue, toutes catégories soignantes confondues, alliant l’aspect magistral à des staffs d’éthique, ne pourra que favoriser une culture médicale faisant échec aux revendications d’un autre âge du lobby pro-euthanasie. C’est ce que les Français attendent. Ils comptent sur le gouvernement pour que les moyens suivent. Jean Léonetti, unanimement apprécié par ses pairs pour ses qualités morales et humaines, se doit de le lui rappeler.
*Pierre-Olivier Arduin est responsable de la commission bioéthique du diocèse de Fréjus-Toulon.


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30 mars 2008 7 30 /03 /mars /2008 17:01
Dans un article précédent, je vous faisais part de mon projet de créer un syndicat professionnnel faisant la promotion des idées libérales. Ce projet avance. Grâce à Liberté Chérie, j'ai pu diffuser un message qui m'a apporté environ 70 contacts. Plus de 40 d'entre eux ont déjà constitué un groupe de projet pour concevoir et lancer l'organisation syndicale appelée de nos voeux. Il n'est pas trop tard pour nous rejoindre.

Parmi les personnes ayant répondu avec enthousiasme à mon appel, figure Pascale. Cette jeune habitante de Metz s'occupe du remarquable blog d'Alternative Libérale / Moselle. Dans différents méls, elle m'a fait part de son expérience personnelle, qui illustre de façon remarquable les bienfaits que les Français peuvent attendre d'une libération du marché du travail :

"Je me suis renseignée à tout hasard pour savoir si un des syndicats luxembourgeois était assez proche du libéralisme, mais il n'y en a pas. Cependant, il n'y a pas de comparaison entre les relations sociales au Luxembourg et en France. A Luxembourg, quel que soit le domaine dans lequel vous travaillez, si votre chef ou votre patron vous énerve ou si vous jugez qu'il ne vous paye pas assez, vous pouvez trouver un nouvel emploi très rapidement.
 
J'ai même entendu parler d'entreprises (au sens large du terme, c'est-à-dire y compris des banques) dont la direction était particulièrement dure, et qui ont été obligées de mettre de l'eau dans leur vin tellement elles avaient de démissions ! Non seulement elles perdaient des employés formés et compétents, mais elles avaient du mal à en recruter d'autres valables, car Luxembourg est tout petit et le bouche à oreille marche très bien !
 
Certains de mes oncles dans les années 60 quittaient leur patron du jour au lendemain pour un simple mot de travers ! Nos compatriotes ont malheureusement oublié cette époque, mais les meilleurs défenseurs des salariés, ce sont la prospérité et le plein-emploi !

Ceux par exemple qui ont peur de toucher aux 35 heures ne se sont pas posé la question de savoir pourquoi près de 70.000 frontaliers français affrontent embouteillages et trains bondés pour aller travailler encore... 40 heures par semaine, mais pour un salaire autrement plus important !"


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29 mars 2008 6 29 /03 /mars /2008 13:49

C'est le titre d'un best-seller écrit par Allan et Barbara Pease. Leurs différents ouvrages, de la même veine, se sont vendus à plus de 14 millions d'exemplaires dans le monde.

Or, il se trouve qu'un des mes cousins (ce n'est pas pour me vanter, mais j'ai des cousins !), Daniel Tardy (ce n'est pas pour me vanter, mais un de mes cousins s'appelle effectivement Daniel Tardy !), a eu la bonne idée et le talent (ce n'est pas pour me vanter, mais mon cousin Daniel Tardy est bourré de talent !) d'adapter ce livre pour en faire une pièce de théatre, à deux acteurs (Niki Zischka et Lionel Buisson, excellents), qui rencontre un succès très mérité. Ce spectacle va reprendre, du 7 avril au 12 juillet 2008, au Complexe du rire, à Lyon. J'invite mes lecteurs à se précipiter pour réserver dès aujourd'hui leur billet d'avion, de train, de métro ou de bus leur permettant de ne pas manquer ce spectacle.

En attendant, il est possible de regarder la bande-annonce du spectacle et d'aller sur le site "BZT et Cie" pour lire certains commentaires de la presse ou de spectateurs ravis, ou faire un test.

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28 mars 2008 5 28 /03 /mars /2008 23:13
Je dispose, pour l'administration de mon blog, d'un module de statistiques. Overblog me fournit, tous les jours, des informations, portant sur la dernière journée écoulée, ou la dernière semaine, ou le dernier mois :
- nombre de visiteurs uniques,
- nombre de pages consultées,
- provenance des visiteurs (pages sur lesquelles figuraient un lien vers mon blog, ou mots-clés saisis sur un moteur de recherche,...),
- évolution du "BlogRank",
- etc ...

Les informations sur la provenance des visiteurs me donnent l'occasion de découvrir des blogs qui retiennent particulièrement mon attention, pour telle ou telle raison. Ainsi, suis-je tombé surle blogd'un certains Gilles Boucomont, qui semble être un prédicateur protestant. Je vous livre iciune de ses prédications, qui rejoint tout-à-fait mon point de vue sur la convergeance entre la foi chrétienne et la pensée libérale Voici le texte.

Dieu sauve
Nos contemporains sont sûrs que la question des origines est une préoccupation théologique première pour les Juifs et les chrétiens. Le texte de la Genèse est bien connu de tous, même au-delà du cercle des croyants. Pour autant, la question des origines n’a pas beaucoup préoccupé le peuple de Dieu à travers les siècles, mais bien plutôt la question de la survie, du salut : “Comment fait-on pour être sauvé ?”. Nos contemporains se demandent plutôt : “De quoi Dieu nous sauverait-il ?”.

Texte de référence : Premier testament, Esaïe 58:6-12
Prédication donnée l’été 2005 à l’Eglise Réformée du Marais

Prédication

Comment vous présentez-vous quand on s’adresse à vous à l’improviste et qu’on vous dit : « Bonjour, à qui ai-je l’honneur ? »
— Je suis la dame du troisième et j’espère que notre bébé ne vous dérange pas trop la nuit.
— Je suis Monsieur Dupont et je suis désolé, mais je n’ai pas pu venir hier.
— Je suis Fred, je suis un américain et je visite Paris.
Et vous ? Qui dites-vous que vous êtes ? Comment vous présentez-vous ?
Vous dites qui vous êtes, et vous vous sentez être plutôt, suivant les contextes, un prénom, ou plutôt une fonction, plutôt une expression qui vous situe. Et vous complétez souvent par une phrase, car dans ne société on ne peut pas être tout court, il faut faire quelque chose.
— Je suis untel, et voilà ce que je fais.
— Je suis le nouveau pasteur de l’Église là-bas et je déballe mes cartons.

Dieu, dans son souci d’être compréhensible et proche de nous — d’aucuns parleront d’incarnation ou d’anthropomorphisme, mais c’est une fuite de dire de façon compliquée des choses qui sont simples —, Dieu, disais-je, se présente exactement comme nous :
— Je suis… et je fais ça…
Quand vous vous adressez à lui, quand vous priez, en somme, cela se passe de la façon suivante : [c’est vous qui commencez]
— Bonjour, à qui ai-je l’honneur ? dites-vous.
— Je suis l’Éternel ton Dieu qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude, dit Dieu.

Les présentations sont faites, on peut commencer à bavarder.
L’être de Dieu se joue donc dans un « Je suis » qui n’est pas qu’un prénom (son prénom à lui : l’Éternel) ou une fonction (Dieu), mais tout cela à la fois et même un petit peu plus :
— Je suis l’Éternel ton Dieu.
— Et dans la vie, ça fait quoi un Dieu ?
— Eh bien ça libère son peuple du pays d’Égypte, de la maison de servitude.
— Et, vous faites ça souvent ? Une fois que le travail est fait, vous devez être tranquille ?
— Figurez-vous, répond Dieu, que le problème, c’est qu’il faut sans cesse sortir d’Égypte : Jacob a dû sortir d’Égypte, Joseph le patriarche a dû sortir d’Égypte, Moïse a dû sortir d’Égypte, Jésus même a dû sortir d’Égypte. Mon peuple a un éternel besoin de sortir d’Égypte.
N’est-ce pas étonnant ce schéma transversal, valable pour tous : sortir d’Égypte ! De nos jours et au premier abord, on pense que sortir d’Égypte est une prérogative réservée aux touristes en croisière sur le Nil. Mais comme vous le savez, Dieu ne se contente pas seulement de l’Égypte géographique, mais plutôt de ce que certains ont appelé l’Égypte intérieure. Il nous faut sortir de tous les esclavages, de toutes les servitudes. Il nous faut quitter l’emprise de tous les pharaons, de Ramsès à Napoléon, de Toutankamon à Hitler, d’Akhénathon à Georges… comment s’appelle-t-il déjà ? J’ai oublié. Peu importe. Il nous faut abandonner toutes les servitudes des panthéons de tous les temps. Il y a une urgence à être sauvé du polythéisme pratique. Et la trajectoire du Dieu d’Israël, c’est de nous libérer de toutes les pyramides, celles que l’on doit construire sous un soleil de plomb ou ces pyramides, futiles et subtiles, de nos sociétés hiérarchiques et hiératiques.
Le Dieu de Moïse, le Dieu d’Israël et le Dieu de Jésus Christ est bien le même Dieu, il n’est pas un quarteron de divinités naturelles, instrumentalisées par les pouvoirs humains pour que règnent les régnants, pour que triomphent les forts, pour que s’élèvent des Khéops et Kephren qui sont les tombeaux des idoles, les tombeaux des impérialismes, et les tombeaux de la liberté.

— Sortez d’Égypte ! crie Dieu depuis la création du peuple.
— Sortez d’Égypte ! de toutes vos Égyptes et de toutes vos servitudes.
— Sortez maintenant, ne pensez pas que la pâte ait le temps de lever et de cuire avant de partir, partez maintenant.
Désormais s’ouvre le temps du salut, le temps de la sortie, de la course devant tous les Ramsès de tous les temps. Et cette libération, c’est maintenant. C’est toujours maintenant. C’est maintenant depuis trois mille deux cents ans. Car Dieu ne supporte plus de voir son peuple esclave, esclave des petits tyrans locaux, esclaves des prêtres de toutes religions, esclaves des bonnes consciences de tous les temps, esclaves des projets pharaoniques d’hommes qui se mettent à la place de Dieu.
— Sortez d’Égypte ! C’est moi qui vous libère de l’esclavage.
Libérer les esclaves est désormais la tâche première des croyants. C’est une tâche hautement politique et franchement spirituelle. C’est une tâche extrêmement pratique et totalement urgente puisque c’est maintenant, maintenant, et toujours maintenant, depuis l’Exode.

Voilà le vrai culte, voilà ce qui plaît à Dieu :
— Détache les chaînes de la méchanceté,
Dénoue les liens de la servitude, renvoie libres les opprimés,
Et que l’on rompe toute espèce de joug, [et tant d’autres choses encore].
Le culte qui plaît à Dieu n’est pas de lui élever des pyramides ou de le nommer avec des superlatifs comme en attendent les pontifes. Le culte qui plaît à Dieu se trouve dans l’abaissement de ceux qui rejoignent les esclaves pour contribuer à rompre leurs chaînes. Parce qu’on ne peut pas les regarder de haut et les appeler à la liberté, puisque Dieu lui-même est descendu des hauteurs célestes où l’humanité voulait le confiner, afin de libérer ses enfants enchaînés.
En tant que chrétiens, nous avons reçus l’assurance d’être accueillis comme enfants de Dieu. « Voici mon Fils bien-aimé en qui je mets toute mon affection » (Matthieu 3:17). Vous êtes enfants d’un Dieu qui hurle chaque jour à son peuple : « Sortez d’Égypte ! maintenant ! Traversez ! ». Vous êtes les traversants, ceux qui viennent de l’autre côté, ceux qui passent sur l’autre rive : et en hébreu, ça se dit hibry, les hébreux, hibry, ceux qui vont passer leur temps à traverser de l’esclavage à la liberté, de la servitude au service. Vous êtes ceux qui ont leur esclavage derrière eux car ils ont changé de bord. Oui, nous tous, nous sommes les enfants de la libération, nous sommes le peuple qui a été expulsé de la matrice totalitaire qui veut tout régenter à toutes les époques. Nous sommes les enfants qui sont nés d’une expulsion hors du ventre confortable de l’Égypte, de cette Égypte où rien n’est à désirer, rien n’est à vouloir, puisqu’on décide de tout pour vous. Nous sommes les enfants du Dieu de Moïse, de ceux qui traversent miraculeusement pour naître à leur destinée, un peuple qui ose sortir quand la Mer(e) Rouge a perdu les eaux. Nous sommes enfin le peuple de ceux qui sont passés par les eaux vivifiantes du baptême qui nous a fait naître.
Le Dieu de Moïse, le Dieu de Jésus, votre Dieu, mon Dieu, est celui qui tient les clefs de toutes nos libertés, de toutes nos libérations. Et à des français, à ce peuple occidental qui a été le plus marqué par l’égyptomanie, celle de Louis XIV, celle de Napoléon ou des loges maçonniques, Dieu continue à dire :
— Sortez d’Égypte, même quand elle ne s’appelle plus Égypte !
A nous qui sommes sur l’axe de l’obélisque, de la pyramide transparente et des sarcophages sous la colonne de juillet, Dieu dit :
— Continuez à sortir d’Égypte, surtout si elle s’est donné un autre nom. Je suis l’Éternel ton Dieu qui t’ai fait sortir, qui t’ai libéré de la maison de la servitude.
Au peuple qui a pensé pouvoir sortir d’Égypte en coupant lui-même la tête de ses rois, Dieu dit : « Sortez d’Égypte, mais comme je l’ai voulu, selon mes façons de faire, mes procédés, dans le refus de la violence. C’est moi qui tiens la clef de votre libération et de votre liberté ».

En hébreu, Égypte se dit Mitzraïm, et ce mot veut aussi dire « les angoisses, la dépression ». Tiens, tiens… c’est au peuple qui consomme le plus d’antidépresseurs au monde que le Dieu de Moïse et de Jésus rappelle que c’est lui qui détient la posologie de notre libération : « Je suis l’Éternel ton Dieu qui te fais sortir du pays des angoisses, je suis l’Éternel ton Dieu qui te libère du pays de la dépression ; et c’est moi qui le fais ».

Oui, Dieu nous sauve de tous les esclavages, et c’est tellement dans son projet pour nous qu’il a même décidé de l’inscrire jusque dans le nom de son fils, afin que nul ne puisse oublier que son plaisir, sa délectation n’est pas dans nos pieux épanchements ou dans nos bâtons d’encens, mais dans notre capacité à nous inscrire dans son projet de libération. C’est pour cela que le Fils de Dieu s’appelle du beau nom de Jésus. Yéshouah, Dieu sauve, Dieu élargit. Dieu sauve et élargit comme on le fait pour un esclave qu’on sauve et qu’on élargit quand on le libère. Ce projet n’est pas pour un peuple lointain du nôtre dans le temps ou dans l’espace. Ce projet de Dieu est pour nous qui sommes ici maintenant. Alors sortons d’Égypte ! Maintenant !
Amen !

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21 mars 2008 5 21 /03 /mars /2008 22:50
 Voici une tribune, publiée par le Figaro du 21 mars et également disponible sur le site Internet de ce quotidien, qui m'a bien plu : elle traduit beaucoup mieux que je n'aurais su le faire le malaise que j'ai ressenti à l'occasion de la mort de Chantal Sébire et des quelques jours précédents. Le même type de malaise que celui éprouvé au sujet de Vincent Humbert.

Par Olivier Jonquet , réanimateur, professeur à la faculté de médecine de Montpellier, porte-parole de l'association Convergence soignants-soignés, Xavier Mirabel,cancérologue, président de l'Alliance pour les droits de la vie et Tugdual Derville, délégué général de l'Alliance pour les droits de la vie.  

Le décès de Chantal Sébire nous émeut profondément. Nous avons été touchés par le processus d'emballement qui s'est emparé de notre société autour de son cas douloureux et spectaculaire. Sa prise de parole courageuse méritait le respect. Mais sa souffrance et sa mort devraient-ils rendre cette parole indiscutable ? Le retentissement et les conséquences de ce deuil nous concernent tous. Engagés auprès de personnes éprouvées, dépendantes ou en fin de vie, nous ne pouvons taire aujourd'hui notre triple malaise.

Premier malaise, sur l'impasse dans laquelle semble s'être enfermée Chantal Sébire. Nous entendions qu'elle ne soignait ses douleurs physiques qu'avec de l'aspirine. On nous a fait part d'une allergie à la morphine, mais, surtout, d'un refus des soins palliatifs dont la nécessité semblait évidente. Comme pour l'affaire Humbert, nous n'avions du dossier médical qu'un son de cloche qui laissait perplexe. Est-il indécent de s'interroger sur les conditions du parcours soignant qui a abouti à ce refus et à c e qui pourrait être un suicide , au moment même où le médecin traitant présentait à l'Élysée le dossier à un spécialiste ? Chantal Sébire disait agir en pleine possession de ses moyens. Mais l'idée qu'elle se faisait des soins palliatifs nous atterre. Quelle image lui en avait-on donnée ? Par ailleurs, quel fut véritablement le sens d'une demande qui récusait le suicide tout en réclamant qu'il soit médicalement administré ? On a enjoint la médecine non plus à soigner mais à tuer, comme si tuer pouvait vaincre la maladie.

Second malaise, sur le rôle des personnes qui se pressaient depuis quelques semaines autour de cette femme. Nul doute que le caractère spectaculaire de la tumeur dont elle souffrait en faisait, malgré elle, un symbole du combat pour l'euthanasie. Nous n'avons pas la naïveté de croire que cette image fut innocente. Le mouvement qui l'entourait ne fait pas mystère d'une revendication bien plus large que celle de traiter les exceptions.

Chantal Sébire ne fut-elle pas l'instrument d'un enjeu qui la dépassait ? Avait-elle les moyens de se libérer de ceux qui en ont fait leur porte-parole ? Ils savaient avoir trouvé un cas capable de faire « bouger les lignes ». Ils ont feint de croire que la justice pourrait permettre son euthanasie. L'émotion entretenue par ce suspense factice s'est faite totalitaire. Comment ne pas voir que celle qui s'est emparée des esprits leur a fait abdiquer la raison et le sens critique ? Interroger la réalité de la situation de Chantal Sébire risque d'apparaître comme une insulte à sa mémoire.

Troisième malaise, sur la façon dont l'opinion a vu traiter ce cas. Nous l'avons lu ici ou là dans les titres : « Chantal Sébire ne pourra pas mourir en France » ; « La justice refuse la mort douce à Chantal Sébire. » Comme si elle était condamnée à l'exil. Comme si l'euthanasie était douce. Des années d'explication sur le sens des soins palliatifs ont été pulvérisées par ces slogans mensongers. Déjà nous constatons la terreur que provoquent chez nos patients l'idée de la défiguration et celle des douleurs irrépressibles qui lui sont attachées. L'éventail des moyens analgésiques et d'accompagnement est méconnu. Déjà nous mesurons les effets néfastes d'un prétendu « droit au suicide » avancé ici ou là. Tous les efforts de la société pour sauver et consoler les désespérés et garantir leur place aux personnes dépendantes, sans les juger sur l'apparence, ont été contredits. Quel type de pitié poussait à croire qu'il valait mieux que Chantal Sébire meure vite ? N'a-t-elle pas témoigné jusqu'à ces derniers jours d'une vitalité admirable malgré la lourdeur de son handicap, sa peur et sa solitude ?

Nous le savons tous, la mort est une voleuse à laquelle on est obligé de consentir. Les moments qui la précèdent sont parmi les plus intimes, les plus intenses, les plus respectables aussi. Ils n'ont rien d'un spectacle. C'est un chemin personnel à parcourir. Ce qui explique que l'agonie soit réservée aux plus proches, tandis que les badauds en sont écartés par dégoût du voyeurisme et de l'obscénité. Cette chronique d'une mort annoncée nous attriste. Nous aurions aimé que Chantal Sébire en soit protégée.

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9 mars 2008 7 09 /03 /mars /2008 17:56
C'est le titre du chant d'entrée que nous avons repris ce matin à la messe, à Ozoir-la-Ferrière, et dont voici la première strophe :

Dieu, qui nous appelles à vivre
aux combats de la liberté (bis),
Pour briser nos chaînes,
fais en nous ce que tu dis !
Pour briser nos chaînes,
fais jaillir en nous l'Esprit !
 
Plus tard, nous avons acclamé l'Evangile : "Ta parole, Seigneur, nous libère, ..."

Ces chants rejoignent les commentaires de Marie-Noëlle Thabut, dont j'avais déjà parlé dans un précédent article

"Je reviens sur la phrase « Dieu nous a sauvés » : dans la Bible, le mot « sauver » veut toujours dire « libérer » ; il a fallu toute la découverte progressive de cette réalité par le peuple de l’Alliance : Dieu veut l’homme libre et il intervient sans cesse pour nous libérer de toute forme d’esclavage ; des esclavages, l’humanité en subit de toute sorte : esclavages politiques comme la servitude en Egypte, ou l’Exil à Babylone, par exemple, et chaque fois, Israël a reconnu dans sa libération l’oeuvre de Dieu ; esclavages sociaux et la loi comme les prophètes appellent sans cesse à la conversion des coeurs pour que tout homme ait les moyens de subsister dignement et librement ; esclavages religieux, plus pernicieux encore ; la phrase célèbre « Liberté, combien de crimes a-t-on commis en ton nom ! « pourrait se dire encore plus scandaleusement « Religion, combien de crimes a-t-on commis en ton nom ! » ... Et les prophètes sont terribles là-dessus, pour interdire et chasser toutes les formes d’idolâtrie : cela n’a pas d’autre but que de nous libérer.

Le dernier esclavage, enfin, le plus terrible, est celui de la mort. Vous connaissez le psaume 109 / 110 qui annonce le Messie comme un roi victorieux sur tous ses ennemis et Paul l’applique à Jésus en disant sa victoire sur la mort ; le psaume 109 dit : « Le Seigneur a dit à mon seigneur (c’est-à-dire au Messie) Siège à ma droite, que je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds » ; et Paul complète dans la première lettre aux Corinthiens « le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort » (1 Co 15, 25-26)."

"... si nous ne trouvons pas dans les textes une parole libérante, c’est que nous ne les avons pas compris".

Dans les commentaires que fait Marie-Noëlle Thabut des lectures de ce 5e dimanche de Carême, certains complètent, précisent les citations ci-dessus :

"Cette certitude que Dieu n’abandonne jamais l’homme n’est pas née d’un coup ; elle s’est développée au rythme des événements concrets de l’histoire du peuple élu. L’expérience historique de l’Alliance est ce qui nourrit la foi d’Israël. Or l’expérience d’Israël est celle d’un Dieu qui libère l’homme, qui veut l’homme libre de toute servitude, qui intervient sans cesse pour le libérer ; un Dieu fidèle qui ne se reprend jamais. C’est cette foi qui guide toutes les découvertes d’Israël ; elle en est le moteur.

Quelques siècles plus tard (vers 165 av.J.C .), ces deux éléments conjugués, foi en un Dieu qui libère sans cesse l’homme, découverte de la valeur de toute personne humaine, ont abouti à la foi en la résurrection individuelle ; au terme de cette double évolution, il paraîtra évident que Dieu libèrera l’individu de l’esclavage le plus terrible, définitif de la mort. Cette découverte est si tardive dans le peuple juif qu’au temps du Christ, cette foi n’est pas encore partagée par tout le monde puisqu’on désigne les Sadducéens par cette précision « ceux qui ne croient pas à la résurrection »."


"« Près de toi est le pardon pour que l’homme te craigne » : cette formule très ramassée dit quelle doit être l’attitude du croyant face à ce Dieu qui n’est que don et pardon. Nous trouvons là encore une définition de la « crainte de Dieu » : ce n’est pas la crainte du châtiment ; toute la pédagogie de Dieu au long de l’histoire biblique cherche à nous libérer de toute peur ; car la peur n’est pas une attitude d’homme libre et Dieu veut nous libérer totalement ; la « crainte de Dieu » au sens biblique, c’est une adoration pleine d’émerveillement devant la Toute-Puissance de Dieu faite seulement d’amour. « Craindre » le Seigneur, c’est l’adorer et lui faire tellement confiance qu’on fera tout son possible pour obéir à sa loi dans la certitude que cette Loi n’est dictée que par son amour paternel.

Cette certitude du PAR-DON, du DON toujours acquis au-delà de toutes les fautes inspire à Israël une attitude d’espérance extraordinaire. Israël repentant attend son pardon « plus sûrement qu’un veilleur n’attend l’aurore ». « C’est Lui qui rachètera Israël de toutes ses fautes » : nous rencontrons régulièrement dans les textes bibliques des expressions similaires. Elles annoncent à Israël sa libération définitive, la libération de toutes les fautes de tous les temps."

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6 mars 2008 4 06 /03 /mars /2008 22:46

Je me fais souvent la réflexion qu'une partie non négligeable des articles de mon blog ne fait que reprendre des textes ou des enregistrements trouvés sur d'autres sites, blogs, parfois dans la presse écrite ou audiovisuelle.

C'est qu'on trouve de plus en plus de bonnes choses sur Internet, et il serait possible d'y passer des journées entières sans s'ennuyer. Les libéraux, en particulier, publient de nombreux articles de qualité et c'est le blog de l'un d'entre eux que je trouve particulièrement remarquable et vous invite à visiter aujourd'hui : "Objectif Liberté", de Vincent Bénard.

Ingénieur de formation, celui-ci est membre de l'Institut Turgot. Il a publié récemment un livre intitulé "Logement : crise publique, remèdes privés" qui a fait beaucoup parler de lui. Sur son blog, vous trouverez des articles traitant de sujets variés, pleins de bon sens, présentant des arguments très solides et souvent originaux, écrits dans un français tout à fait correct. Parmi ceux publiés au cours des deux dernières semaines :

- Permis de conduire: et si on supprimait l'examen ?

La semaine dernière a été marquée par une grève des inspecteurs du permis de conduire. En cause, une possible volonté du gouvernement de privatiser l'examen, ce dont les inspecteurs, fonctionnaires, ne veulent évidemment pas entendre parler. Naturellement, le gouvernement a reculé, mais ce n'est pas le sujet du jour. Cette grève a mis en exergue le véritable scandale du permis de conduire aujourd'hui: des coûts croissants de l'apprentissage hors de tout contrôle, des délais d'attente pour s'inscrire à l'examen tout à fait inacceptables, surtout après un premier échec... (lire la suite)

- Ingrid Bétancourt: l'ingérence française dans les affaires colombiennes doit cesser.

Les gesticulations du gouvernement français autour de l'hypothétique libération d'Ingrid Bétancourt, femme politique franco-colombienne sujette de toutes les attentions médiatiques, sont à la fois déplacées et potentiellement dangereuses pour tous les ressortissants français devant se déplacer dans des pays instables. (lire la suite)

- USA: John McCain, un bien meilleur candidat que H.Clinton ou B.Obama

Le Cato Institute a mis en ligne un comparateur des votes de tous les congressmen américains relatif à la question de la liberté du commerce international. L'institut a regardé qui s'était opposé aux subventions aux productions locales, ou aux barrières à l'importation de produits étrangers. (lire la suite)

- M6 lève le voile sur les profiteurs du logement social

M6M6 vient de nous offrir un excellent numéro de son émission vedette, "Capital",dont un des reportages était consacré à la fraude au logement social à Paris. Un grand moment de mise à nu du "modèle social français" et de ceux qui en tirent profit (lire la suite...)

 



- Faut-il laisser aux "riches" la possibilité de se soigner mieux ?ette histoire se passe en Grande Bretagne, j'ignore si elle aurait pu se dérouler aussi en France.

C'est l'histoire d'une dame anglaise (ne riez pas, ça commence comme une blague, la suite est moins drôle. Il n'y a que Desproges à pouvoir faire rire avec des trucs pareils), Mme Debbie Hirst, qui a un cancer du sein, lequel a commencé à Métastaser dans les poumons (lire la suite...) 

- Les délocalisations : une chance à saisir pour nos économies !

Il y a quelques jours, j'exposai le mécanisme vertueux selon lequel les délocalisations permettaient de dégager des marges financières qui à leur tour rendaient possible la création d'emplois à haute valeur ajoutée chez nous, dans un long article qui me valut quelques mels désobligeants, m'interpelant en substance ainsi :  "Comment osez vous dire que les délocalisations sont positives" ? L'idée selon laquelle la perte d'emplois de cols bleus est une blessure irréparable pour nos économies est solidement ancrée dans les esprits (lire la suite)  

- Réchauffement climatique : le GIEC, un organisme corrompu ?

Selon Vincent Grey, qui est un des membres du panel de relecteurs des travaux du GIEC (IPCC en anglais) depuis les débuts de cette institution, dont je rappelle qu'elle est à l'origine de toutes les décisions politiques prises "pour lutter contre le réchauffement climatique", le processus de sélection des données et des résultats de recherche qui alimentent les rapports du GIEC ne répondent pas aux normes de qualité d'un travail scientifique digne de ce nom, et le GIEC est une institution au fonctionnement, je cite, "corrompu" (lire la suite)

 

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